La procession dansante a pris place hier à Echternach. Pèlerinage des plus sérieux pour les uns, curiosité pour les autres, l’événement n’a pas fini d’attirer les foules.
Pour Germaine Mathis et ses amies du diocèse de Metz, le réveil a été difficile. Départ à 4 h depuis Bouzonville pour arriver à Echternach à temps. Il faut dire qu’il fallait être à l’heure pour l’office du matin, à 8 h, en trois langues s’il vous plaît. Si cette participante vient pour la deuxième fois, ses camarades du groupe découvrent pour la première la procession dansante… Et n’ont pas très bien compris les règles du jeu. «Normalement, il faut s’inscrire pour participer et donc danser à la procession. Nous nous y sommes pris un peu tard», explique Jean-Louis Barthelmé, prêtre au diocèse de Metz. En réalité, ils s’apercevront un peu tard que certains groupes sont ouverts à tous les participants de dernière minute. En attendant, Germaine Mathis a pu danser sur le côté, sa manière à elle de participer à la fête.
Un peu plus loin dans la file d’attente du cortège, prêts à partir, Anne Weisgerber et son copain font également leur premier pèlerinage. Ils sont partis dimanche matin à pied de Rambrouch, à la frontière belge. Quelque 60 kilomètres parcourus avec le club Frénn vum Camino de Santiago de Compostela. Si, pour elle, c’est plus l’occasion de participer à un événement culturel, cette dernière s’est inscrite grâce à sa maman, Marianne. La distance depuis Rambrouch ne lui a pas fait peur puisqu’elle a passé trois mois, l’an dernier, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, depuis Luxembourg.
Les Guides et Scouts de Luxembourg (LGS) sont traditionnellement présents dans les rangs de la procession : «On ne sait jamais vraiment à l’avance qui va venir ou pas, c’est un peu la surprise. Ça dépend beaucoup de la météo à vrai dire. Côté fanfare, c’est également spontané, pas de répétition, on s’accorde sur place, juste avant de partir. Moi, je viens du nord du pays, je viens depuis que je suis petite», explique une encadrante.
Au rendez-vous depuis 1962
Un groupe de retraités belges flamands sont également prêts à partir. Leur commissaire, d’Echternach, ne peut plus sauter «depuis quatre ou cinq ans», à cause de problèmes de genou. Il est cependant au rendez-vous depuis 1962 et tente de canaliser sa petite troupe : «C’est toujours la même musique, et, évidemment, tout le monde veut se trouver sur la photo au début du cortège, confie-t-il. Tous les groupes ont tendance à se resserrer, il faut faire attention, et surtout leur dire de commencer la danse en partant vers la gauche sinon cela ne fonctionne pas.»
L’abbé Claude est venu quant à lui de la paroisse d’Irrel, juste derrière la frontière, en Allemagne. Originaire du Togo, il voit dans cet événement, avant tout spirituel mais également festif, un moment de retrouvailles. «C’est l’opportunité de rencontrer des gens d’autres paroisses, estime-t-il. En tant qu’Africain, je trouve que cette danse amène de la chaleur humaine.» Et il rappelle que la fréquentation de la procession est largement imputable à la météo.
Ernst Meyer est lui aussi venu d’Allemagne, de Prüm. Loin d’être un novice en matière de procession dansante, hier, c’était sa 45e édition. «Je viens invariablement chaque année à la procession depuis que j’ai 12 ans. Je ne raterais ce rendez-vous pour rien au monde, raconte-t-il. Je suis venu avec un groupe de 250 personnes, de 10 à 75 ans. Il y a quinze ans, on venait à 500 personnes, mais ce déclin s’apparente à celui de l’Église en général, même si l’affluence dépend beaucoup du temps qu’il fait. En tout cas, j’ai marché 70 kilomètres pour venir, et après toute cette danse, je commence un peu à fatiguer!»
Le long du parcours, les curieux et les fidèles se pressent. Les plus âgés et les plus malins déplient des petites chaises de camping, bien pratiques pour être aux premières loges, confortablement installés.
C’est le cas de ce couple de Belges germanophones. Partis, à 7 h 15 hier matin, ils ont leur petit truc pour s’installer avant tout le monde. «J’ai repéré une place, rue du Cimetière, ça marche tous les ans. Cela fait vingt ans que l’on vient, depuis que je suis pensionné. C’est toujours la même chose, mais c’est devenu une tradition. Celui d’un pèlerinage qui est finalement proche de chez nous.»
Audrey Somnard