La cité abbatiale est encore abasourdie et sous le choc, à la suite des intempéries. Cela dit, les commerçants veulent «se relever» après cette nouvelle dure épreuve.
Echternach est certainement la ville du pays la plus touchée par les intempéries. Mais ses commerçants font preuve de résilience et entendent bien surmonter cette épreuve, après celle du covid. Courage à eux, malgré leur gueule de bois généralisée.
Dans la ville d’Echternach, la vie semble s’être arrêtée depuis les pluies diluviennes. Car les habitants souffrent de la gueule de bois. Non, ils n’ont pas abusé du nectar local, le «Buff», mais la migraine a atteint quasiment toute la population. Si une partie de la zone piétonne restait inondée vendredi, le reste des rues commerçantes étaient déjà prêtes à reprendre le business. Mais malgré le courage et le grand cœur des Epternaciens, deux cachets d’Alka Seltzer ne suffiront pas pour les faire décuver. À l’image de la responsable du restaurant rue de la Gare, dénommé brasserie-restaurant An-Haal, Sandra Prim, qui confirme voir plutôt les choses en noir : «Nous n’avons pas de courant électrique depuis un jour et la rue piétonne est encore bien inondée (vendredi, avant 12 h). Nous sommes donc fermés et n’avons pas de clients. Mon sentiment général ? Il est mauvais ! Après le covid, il fallait que cela se rajoute à nos soucis !»
Annulations à l’hôtel Eden au Lac
Sur les hauteurs du fameux lac d’Echternach, du côté de l’hôtel Eden au Lac, l’heure n’est non plus à la réjouissance, bien que l’établissement ait relativement été épargné, de par sa situation géographique, comme l’explique son responsable : «Le niveau d’eau du lac a un peu baissé, par rapport aux jours où les précipitations étaient importantes. Cela dit, nos clients, arrivés en soirée, le soir, du fait de la profondeur, nous les avons donc aidés à nous rejoindre (NDLR : la montée vers l’hôtel est faite de plusieurs virages dans les bois). Nous avons un petit ruisseau qui passe en bas et il a débordé sur le parking du lac. Nous n’avons pas été directement impactés par les inondations, nous le sommes par les annulations de nos réservations, de touristes belges et néerlandais. Ceci dit, nous louons aussi des locaux commerciaux dans la rue de la Gare qui sont, eux, inondés, dont l’agence d’assurances la Bâloise Varelas ou encore un magasin d’habillement.»
Le Steakhouse au bout du rouleau
François Scheitler dit «Fritz» et responsable du Steakhouse d’Echternach, de son côté, attend impatiemment ses clients. Après le covid, il doit en effet désormais composer avec la fermeture de son resto, très prisé à Echternach, à cause des inondations. «Tout mon restaurant avait été rénové, et maintenant tout est foutu! De la cuisine au reste, à savoir de la cave, au garage, en passant par le restaurant… L’électricité et la connexion internet ont disjoncté également, nous avons plus d’un mètre d’eau dans la rue piétonne jusqu’au café. J’ai jamais vu ça ! La nouvelle peinture, le carrelage, tout est anéanti ! Nous sommes une entreprise familiale et nous déplorons ces dégâts, car cela représente des mois de rénovation foutus en l’air. Et mon confrère restaurateur italien, qui se trouve en face, peut fermer la porte au moins jusqu’en janvier. Son local a également été très touché. Le resto Au Petit Palais est tout aussi détruit, c’est déplorable. On m’a conseillé de faire jouer l’assurance, mais combien de temps cela prendra-t-il pour ma machine à laver, ma machine à café, etc.? Je suis dans la m…, tout est dans la poubelle !», témoigne François Scheitler.
Claude Damiani
Des centaines de personnes évacuées, le CGDIS sur place
Le Corps grand-ducal d’incendie et de secours est sur le front, comme le confirme vendredi le membre de la direction générale du CGDIS, Cédric Gantzer : «Plusieurs centaines de personnes ont été évacuées jeudi. La décision, pour ce faire, a été prise jeudi en début d’après-midi, d’un commun accord entre le CGDIS et le bourgmestre d’Echternach Yves Wengler, de proposer une évacuation. Un certain nombre de rues sont bien impactées, à savoir inondées jusqu’à un mètre voire deux mètres parfois. La population a donc été mise en sécurité dans leurs habitations, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un premier temps. Ensuite, pour ceux qui ont été privés d’électricité, d’eau courante…, le CGDIS a œuvré de manière préventive jeudi, déjà. On a travaillé de manière systématique, en engageant plusieurs équipes, afin de couvrir intégralité du secteur et cela le plus rapidement possible. Notre groupe de sauvetage aquatique était sur le qui-vive, donc des hommes-grenouilles et cela avec des bateaux. Ils ont proposé une évacuation aux citoyens, adresse par adresse. La plupart des habitants ont accepté d’être pris en charge et jeudi, en fin de journée, on était largement au-dessus des 200 personnes évacuées. Ces personnes ont été rassemblées au Trifolion et celles qui n’avaient pas de moyen de relogement ont été prises en charge par la commune. Cela dit, des gens changent d’avis (vendredi) et veulent également être finalement évacués. La décrue est amorcée, mais de manière lente. Vendredi, le CGDIS était toujours sur place avec un poste de commandement avancé, également pour entamer des travaux de pompage, outre notre assistance aux autorités locales et à la population», dixit Cédric Gantzer.