Vol de portable, de sac à main, de vélo, de bijou… Depuis le 27 juillet 2018, vous ne devez plus forcément courir au poste de police pour porter plainte dans certains cas de figure. Un certificat LuxTrust et quelques clics suffisent pour effectuer l’opération en ligne. C’est simple, les gérants de stations essence s’y sont mis, eux aussi. Du côté de la police, on est satisfait du premier bilan.
« En un an de service, nous avons récolté quelque 1 600 plaintes électroniques.» Depuis sa phase de lancement le 27 juillet 2018, le service de l’e-commissariat est régulièrement sollicité. Jusqu’à la fin de l’année 2018, quelque 1 187 déclarations étaient déjà passées entre les mains de la nouvelle unité de police censée décharger les traditionnels commissariats. À titre de comparaison, au total, 7 627 vols simples (tentatives et faits accomplis) ont été déclarés en 2018 à la police.
Mike Linster, chef du service, a fait le calcul : « Aujourd’hui, l’e-commissariat traite en moyenne 350 démarches (plaintes et autres services) par mois. » À côté de la possibilité de porter plainte pour les vols simples, le citoyen a en effet la possibilité de déclarer 24 h/24 des « objets trouvés », des « objets perdus », des « dégâts matériels » ou de demander un certificat après un accident avec un gibier. Près de 1 700 déclarations de ce genre ont été recensées au cours des douze derniers mois.
Il précise : « Depuis un an, environ 2 000 citoyens ont profité du service de l’e-commissariat de la police et 25 gérants de stations essence. » « En tête des dépôts de plaintes électroniques, se trouvent les gérants de stations-services : 1 318 plaintes pour vols de carburant à la pompe ont été déposées. Les autres 282 plaintes ont été déposées par des personnes privées. » C’est sur demande de la fédération des pompistes que les vols à la pompe avaient été intégrés dans le service lancé.
Une décharge pour les 50 commissariats
Avec ce nouveau moyen, plus besoin de se déplacer physiquement au commissariat. « Le plaignant verse directement les photos retraçant le vol à la station-service dans la plainte électronique », illustre Thierry Weber qui fait partie de la direction des opérations. « C’est comme s’il les déposait au commissariat. »
Pour faire ces démarches en ligne, il n’y a pas d’heure. « Je pense que la plainte la plus tardive, a été faite vers 2 h du matin, se souvient Mike Linster. Fort possible que le plaignant rentrait d’une sortie de nuit. » Tout ce dont l’internaute doit en effet disposer, c’est d’un certificat LuxTrust. Il s’agit du fameux Token, l’eID, le signing stick… que la plupart des citoyens utilisent notamment pour effectuer leurs opérations bancaires en ligne. « Si, par exemple, dans le train vous constatez qu’on vous a volé votre portefeuille, et que vous avez l’application LuxTrust sur votre portable, vous pouvez directement faire les démarches. »
En l’espace d’un an, au total 3 328 démarches en ligne ont été acceptées par la police. Autour de 150 ont été refusées ou se trouvent toujours en correction. « Exemple : si la déclaration de perte est complète, on l’accepte, on l’entre dans notre programme interne qui génère le certificat qui est signé électroniquement. Le tout est ensuite envoyé par un message sur MyGuichet.lu », illustre Mike Linster.
Du côté de la police, on se dit très satisfait du développement du service : « Nous évoluons avec le temps. Nous sommes là pour aider les citoyens. Les démarches en ligne leur permettent de gagner du temps. » Mais le nouveau système de commissariat virtuel constitue aussi une réelle décharge pour les 50 commissariats à travers tout le pays : « Chaque démarche prend un certain temps. Les agents ont désormais plus de temps pour se concentrer sur d’autres tâches. »
Il ne faut ni de blessés ni de violences
« Il y a toujours une interaction entre le plaignant et l’e-commissariat », rassure toutefois notre interlocuteur. Il arrive qu’on doive contacter des personnes parce qu’elles n’ont pas livré assez de détailsou parce que la démarche en ligne n’est pas possible. On informe alors la personne qu’elle doit se rendre à un poste de police pour une audition plus détaillée.»
Le dépôt d’une plainte en ligne est en effet uniquement possible pour des vols simples (portefeuille, bagage, sac à main, vélo, portable, bijou…) et sous trois conditions : quand l’auteur n’est pas connu, qu’il n’y a pas de blessé à déplorer et qu’il n’y a pas eu de recours à la violence. Et il ne faut pas non plus qu’il y ait des traces matérielles exploitables par la police technique.
Bien évidemment, la démarche en ligne ne peut être utilisée que pour des faits réels. Le fait que le plaignant soit obligé de s’authentifier et employer sa signature électronique LuxTrust rend les abus plus rares : « Difficile de se faire passer pour une personne tierce. »
Fabienne Armborst
Le 113 ne tombe pas aux oubliettes
L’introduction du service de la plainte électronique est censée simplifier les démarches du citoyen : le service est accessible 24 h/24 et 7 j/7. Et en quelques clics, le citoyen doté d’un certificat LuxTrust peut déposer plainte. Mais attention, le 113 ne tombe pas aux oubliettes. En cas d’urgence, il faut toujours prendre le téléphone, insiste le chef du service Mike Linster : «L’e-commissariat est un service complémentaire.»
Même s’il constitue une nouvelle option de contact, les services traditionnels de police au commissariat sont toujours garantis. Les démarches introduites en ligne sont d’ailleurs uniquement traitées du lundi au vendredi, essentiellement entre 7 h et 16 h. En cas d’urgence, c’est donc toujours le 113 qui est de vigueur. Le cas échéant, la police vous redirigera vers le bon service.
Retrouvez l’intégralité du dossier dans Le Quotidien de ce samedi 27 juillet 2019.