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E-commerce : Letzshop transforme l’essai


Philippe Herremans a récemment succédé à Jerry Klein au poste de coordinateur de la plateforme. (photo Fabrizio Pizzolante)

Après une année 2020 record, la marketplace luxembourgeoise compte bien atteindre de nouveaux sommets, grâce à une équipe renforcée et un nouveau pilote, que nous avons rencontré.

Si, depuis son lancement en 2018, le site de commerce en ligne du GIE Luxembourg for Shopping peinait à trouver son public, la crise sanitaire a changé la donne : propulsé d’un coup au devant de la scène, Letzshop a vu son trafic bondir de 252% et son chiffre d’affaires de 803% en 2020, poussant les quatre salariés de l’équipe à travailler jusqu’à sept jours sur sept au plus fort de l’activité.

Un «effet Covid» qui aurait pu retomber comme un soufflé mais, surprise, la tendance a perduré au premier trimestre 2021, comme l’explique Philippe Herremans, nouveau responsable de Letzshop : «On avait prévu un tassement qui ne s’est finalement pas produit. Au contraire, avec 200 transactions par jour en moyenne, nous sommes en pleine croissance. On a même recruté une personne supplémentaire en janvier.» Cet ex-consultant dans la finance s’est reconverti dans la vente en ligne en ouvrant son propre e-shop dédié au vélo il y a deux ans.

Une expérience sur laquelle il compte s’appuyer pour générer davantage de trafic sur le site, élément clé, selon lui, du développement futur de Letzshop : «Une marketplace fonctionne sur le principe d’un cercle vertueux. Plus il y a de trafic sur la plateforme, plus les commerçants prennent conscience qu’ils passent à côté d’une opportunité et adhèrent au service, ce qui gonfle le nombre de produits disponibles et attire de nouveaux internautes.» Pour ce faire, le nouveau responsable met le paquet sur le marketing digital, et notamment le référencement sur les moteurs de recherche, qui concentre la majeure partie des investissements prévus au budget.

Philippe Herremans y voit un levier stratégique pour convaincre de nouveaux commerçants de rejoindre l’aventure : «Seuls, il leur est quasiment impossible d’atteindre un tel niveau de visibilité, c’est là notre plus-value. Le package qu’on propose aux enseignes adhérentes comprend, en plus de la logistique, tout ce volet marketing online, indispensable aujourd’hui.»

Ainsi, les 536 commerces partenaires de Letzshop devraient rapidement être rejoints par d’autres, qui ajouteront leurs articles aux 387 000 références déjà disponibles. Sans compter que la suppression de la cotisation annuelle de 500 euros, décidée par le ministre des Classes moyennes dès 2020 et reconduite en 2021, pourrait bien achever de convaincre de nombreux indécis.

Car un réel changement est en train de s’opérer au Luxembourg. Avec 63% d’habitants qui ont désormais l’habitude de faire leur shopping en ligne (Eurostat, 2019), l’e-commerce n’est plus systématiquement vu d’un mauvais œil par les commerçants locaux. «Parmi ceux qui nous ont rejoint en 2020, soit plus de 200, beaucoup ont constaté que les clients qui achètent online ne sont pas les mêmes que ceux qui viennent en boutique», poursuit Philippe Herremans. «Les deux sont complémentaires.»

Pas de livraison gratuite à l’ordre du jour

Parmi les autres points d’amélioration, l’expérience utilisateur, qui vise à s’assurer que les internautes trouvent facilement et rapidement ce qu’ils sont venus chercher, donne bien du fil à retordre aux développeurs du site : en effet, les algorithmes ne sont pas habitués à jongler avec des requêtes en plusieurs langues. Celles qui reviennent le plus souvent concernent les livres et les produits high-tech, ces produits qui ont forgé le succès planétaire du géant Amazon.

Pour autant, la petite plateforme luxembourgeoise ne compte pas utiliser les mêmes ficelles : la livraison gratuite contre un abonnement annuel payant, comme le propose le leader mondial du e-commerce à ses clients, n’est pas à l’ordre du jour. «Concernant nos frais de livraison, qui s’élèvent à 2,99 euros, chaque enseigne est libre de les prendre à sa charge ou non. La mise en place d’un prix unique global n’est pas envisagée.» Un supplément qui ne freine pas les clients de Letzshop puisqu’en 2020, ils ont opté à 95% pour la livraison à domicile ignorant complètement le «click & collect».

Enfin, côté institutions, Philippe Herremans souhaite se rapprocher des communes – seules 18 font partie de Letzshop, en leur proposant notamment des opérations spéciales, sur le modèle des bons cadeaux lancés pour les fêtes en 2020, écoulés pour une valeur de 350 000 euros, à réinjecter directement dans l’économie locale. Un plan gagnant-gagnant qui devrait séduire pas mal de municipalités.

Christelle Brucker