Après l’annonce de la démission de l’administrateur délégué, le personnel encadrant et les travailleurs handicapés sont «soulagés».
Il est un peu plus de 19 h jeudi quand les conseils d’administration de la Fondation Kräizbierg et de la société coopérative «Ateliers Kräizbierg» (SIS) annoncent : «Afin de mettre un terme aux turbulences dont les deux entités juridiques du Kräizbierg ont été malencontreusement l’objet au cours des derniers mois et afin de prévenir une éventuelle pérennisation des conflits opposant la délégation du personnel à la direction du Kräizbierg, Jeannot Berg a offert, de sa propre initiative, de renoncer avec effet au 1er décembre 2020 à son mandat d’administrateur délégué du Kräizbierg.» Tout en précisant que «même si les reproches publics formulés à son égard ont porté atteinte à son honorabilité tant professionnelle que personnelle, son initiative vise exclusivement à assumer sa responsabilité dans le rétablissement de la sérénité dans les relations entre les collaborateurs eux-mêmes et avec la direction».
De la transparence demandée
Dans le même temps, le directeur Tom Wagner «a accepté la proposition du conseil d’administration de mettre à disposition son poste de directeur de la Fondation Kräizbierg». Et le conseil d’administration a décidé de renforcer la direction par Vito Savino qui jusqu’à cette date occupait le poste de chargé de la direction du service de formation du Kräizbierg. «Il y a une forme de soulagement au sein du personnel de la Fondation Kräizbierg et des ateliers», confie Pit Bach, le secrétaire central Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL. Joël Delvaux, le représentant du département des Travailleurs handicapés de l’OGBL, complète : «La présence de Jeannot Berg sur le site était pesante ces dernières semaines. Aujourd’hui, il part et la tyrannie est finie.»
Depuis plusieurs mois, le dialogue et la confiance sont rompus entre la direction et les représentants du personnel encadrant et des travailleurs handicapés. Depuis deux ans et l’arrivée de la nouvelle direction à la tête de la fondation et des Ateliers Kräizbierg, une partie du personnel encadrant et des travailleurs handicapés fustige le changement de philosophie, à savoir qu’aujourd’hui «la seule chose qui compte pour la direction, c’est la productivité des ateliers alors que l’objectif de la fondation est en théorie de favoriser l’autonomie des handicapés, nous confiait le samedi 13 septembre Joël Delvaux, le représentant du département des Travailleurs handicapés de l’OGBL. Et il y a des faits de traitements inhumains, de harcèlement moral, de dénigrement du salarié devant ses collègues, de pressions constantes… Plusieurs plaintes sont déjà passées au stade juridique et certains salariés ont pris le conseil d’un avocat.»
Dans notre édition du lundi 21 septembre, un travailleur handicapé des Ateliers Kräizbierg nous décrivait, sous couvert d’anonymat, «un climat pesant» et une institution devenue «un endroit d’angoisses». Une manifestation réunissant une centaine de personnes s’était déroulée sur le site de Dudelange de la Fondation Kräizbierg le 24 septembre. Les représentants du personnel et de l’OGBL ont également eu une entrevue avec le ministre du Travail, Dan Kersch, et la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, courant octobre.
Réunions «dans les semaines à venir»
Dans le communiqué publié jeudi soir, les conseils d’administration de la Fondation Kräizbierg et de la société coopérative «Ateliers Kräizbierg» (SIS) ne dévoilent pas les résultats complets de l’audit externe effectué dans le courant du mois d’octobre au sein des structures. Ils soulignent simplement que «tenant compte des contraintes inhérentes à la pandémie, des réunions d’information seront organisées avec les collaborateurs durant les semaines à venir portant sur la mission de Neurolead et les recommandations». «Il faut une vue sur cet audit pour rétablir la confiance et se tourner vers l’avenir plus sereinement, dit Joël Delvaux. Nous demandons de la transparence.»
Et l’OGBL rappelle également l’une des doléances du personnel : «Nous souhaitons un changement des statuts avec l’instauration d’une représentation des salariés au sein du conseil d’administration. D’être d’égal à égal, souligne Joël Delvaux. Notre volonté est aujourd’hui de tourner la page de ces derniers mois.» Et dans cette optique, les représentants du personnel et ceux de l’OGBL demandent à être reçus «prochainement» par le nouveau directeur Vito Savino. Joël Delvaux conclut en clamant que «notre seul souhait est d’écrire ensemble un nouveau chapitre de la Fondation Kräizbierg et des ateliers et qu’ils redeviennent des lieux dont l’objectif est de favoriser l’autonomie des handicapés».
Guillaume Chassaing
La Fondation Kräizbierg en bref
La Fondation Kräizbierg, ce sont des logements adaptés, des ateliers, un service de formation, un centre d’accueil de jour… à destination des handicapés à travers tout le pays. Comme il est indiqué sur son site internet, la philosophie de la Fondation Kräizbierg s’articule autour du «droit à l’épanouissement». «Une personne handicapée doit être pleinement intégrée dans la vie quotidienne et participer au fonctionnement de notre société au même titre que les personnes plus valides, est-il explicité. Il faut aider ces personnes à atteindre une certaine autonomie.»
La Fondation Kräizbierg «fournit à la personne handicapée les moyens de cette ambition. Pour cela, elle gère des structures complémentaires dont le rôle est d’abord de former, puis de donner un métier à des personnes handicapées. Par ailleurs, elle offre des structures d’hébergement adaptées».
Aujourd’hui, la Fondation Kräizbierg compte environ 370 salariés, dont une centaine de travailleurs handicapés au sein de la société coopérative des Ateliers Kräizbierg (SIS).