La pluie n’a pas douché l’enthousiasme des amateurs de vin qui, ce lundi, se sont lancé dans une route des vins particulière dans le cadre de Wine, taste, enjoy au bord de la Moselle.
On a dégusté à la Moselle ce lundi. Du crémant, de l’auxerrois, du pinot gris et de l’eau. Beaucoup d’eau. Si l’on maîtrisait la manière de changer l’eau en vin, le breuvage aurait coulé à flots tant il a plu hier. Ces conditions météorologiques sont quelque peu venues gâcher le deuxième jour de la huitième édition de l’opération Wine, taste, enjoy. Organisée dimanche et lundi par Visit Moselle et le Fonds de solidarité viticole, elle regroupait 26 vignerons mosellans répartis le long de la route des vins. Au programme : des dégustations, des visites de caves, des repas et même des concerts. Alors que Wine, taste, enjoy avait bien commencé dimanche, la pluie et le froid sont venus jouer les trouble-fête et priver les vignerons de terrasses au pied des vignes et de jardins pour accueillir les amateurs de vin.
Il faisait meilleur dans les caves construites sous la roche au début du siècle dernier des caves Saint-Martin à Remich. 14 °C au lieu de 11 °C à l’extérieur. Georges Gales nous a fait visiter le kilomètre de galeries excavées à l’explosif et uniques dans la région. À l’intérieur : le calme et l’odeur caractéristique des caves renfermant des bons crus. Les fûts succèdent aux cuves et aux bouteilles de crémant parfaitement alignées tournées à la main. «Nous sommes heureux de pouvoir recommencer à accueillir du public après une année difficile pour nous comme pour le secteur du tourisme qui a beaucoup souffert de la pandémie», indique George Gales, nouvelle génération avec sa sœur Isabelle à la tête de l’entreprise familiale. «Nous ne pouvons cependant qu’organiser des visites et des dégustations pour dix personnes maximum. Pour Wine, taste, enjoy, nous avons organisé deux visites des caves le matin et cinq ou six l’après-midi. Elles ont toutes affiché complet.»
L’année dernière, l’opération avait été mise entre parenthèses en raison du Covid. Ces effets se font encore ressentir sur cette édition. Les visiteurs doivent porter un masque et se soumettre à un autotest avant de pouvoir participer à une dégustation. «Nous avons dû développer un concept différent des années précédentes. Nous avons installé des tables et des tonnelles à l’extérieur. Dommage que le temps ne soit pas de la partie aujourd’hui», regrette le jeune homme, «Nous proposons différentes formules accompagnées d’une visite des caves qui dure 40 minutes. Nous proposons du crémant et quatre vins luxembourgeois à la dégustation et, pour ceux qui le souhaitent, une planche de charcuterie et de fromage.» Des breuvages qui peuvent être achetés sur place ou commandés en ligne.
Dans l’élégant espace dégustation des Caves Saint-Martin, les huit personnes présentes ont l’air satisfaites. Croisés plus tard sur le parking face au fleuve après leur dégustation, ces amateurs de vin se disent satisfaits et indiquent faire la tournée des caves participantes à la recherche de nouvelles cuvées et de cépages différents. Partis de Grevenmacher, ils suivent le cours de la Moselle et font la route des vins.
Et ils ne sont pas les seuls. «Nous recevons beaucoup de Brésiliens, d’Américains et de Russes en visite au Luxembourg», poursuit Georges Gales. «J’ai dû refuser du monde en raison des restrictions sanitaires. Des groupes d’une vingtaine de personnes se sont manifestés.» Un succès après une année calme. «Cela amène un peu de vie dans notre région et cela nous permet de faire découvrir une partie de notre patrimoine national aux touristes et aux Luxembourgeois eux-mêmes», se réjouit-il.
Dégustations à l’aveugle
Un peu plus loin de là, au cœur de Remich, dans ces ruelles qui s’accrochent aux coteaux mosellans, se trouve le domaine Kox. Le rez-de-chaussée de la coquette maison familiale sert de salle de dégustation. «Cela fait du bien de revoir des gens», note Corinne, la fille des fondateurs Laurent et Rita Kox. «Nous sommes restés actifs durant le confinement, mais les rencontres étaient virtuelles.» À présent, ici, on organise des dégustations à l’aveugle. «Les gens connaissent les vins, mais cela leur permet de les redécouvrir d’une manière différente», indique la jeune femme. «Dimanche et aujourd’hui, nous avons reçu des clients habituels et des personnes qui, d’ordinaire, ne nous rendent pas visite.»
Les verres s’alignent, se remplissent, se dégustent… Un regain d’activité qui n’est pas pour déplaire à Corinne qui jongle avec les clients. «L’année a commencé doucement, après beaucoup d’activité. La réaction de notre secteur n’a pas été linéaire par rapport à la pandémie et aux différentes phases du confinement», analyse-t-elle. «Les gens ont peut-être consommé un peu plus l’année dernière et décidé de commencer l’année sans excès. Ils sont peut-être aussi lassés de consommer chez eux. Leur consommation est peut-être devenue moins festive de sorte qu’ils ont acheté moins de vin et de crémant.» Les producteurs auraient également remarqué une forte baisse de consommation de crémant depuis l’année passée. Ils l’attribuent à l’annulation de nombreuses manifestations en raison de la pandémie.
Wine, taste, enjoy est donc un excellent moyen pour redonner le goût du vin avec modération aux Luxembourgeois. La dégustation à l’aveugle organisée par les Kox y contribue. «Les visiteurs dégustent cinq vins différents, ensuite un vigneron ou un spécialiste va de table en table et leur explique ce qu’ils ont goûté», note la jeune femme. Une formule différente de celle des années précédentes où la dégustation suivait une visite des caves. «Les années précédentes, nous pouvions accueillir les visiteurs dans le jardin. Ce n’est pas le cas, cette année. Nos visites durent une heure et nous manquons de personnel pour les faire à de petits groupes comme ceux que nous accueillons. Nous avons dû nous adapter.»
Dans les différentes pièces du rez-de-chaussée des couples sont attablés. Devant eux, des enfilades de verres aux couleurs de la maison et d’appétissantes assiettes de charcuterie. L’ambiance est feutrée et chaleureuse. De quoi donner des envies d’y retourner pour l’année prochaine. «On reviendra certainement!», lance un voisin allemand à l’abri sous son parapluie.
Sophie Kieffer