À Sprinkange, la ferme An Dudel participe au projet du Sicona : mettre du bio et du local dans les assiettes des enfants.
Sur l’exploitation familiale, les poules et coqs profitent de conditions idéales pour grandir sainement. Les enfants de la maison relais Mamer-Capellen découvrent d’où viennent les pâtes qu’ils retrouvent régulièrement dans leurs assiettes, à la cantine… Elles sont fabriquées à la ferme bio An Dudel. Depuis 2012 maintenant, le Sicona s’active pour mettre en relation les producteurs régionaux et les cantines du pays, sans passer par des intermédiaires.
Le projet « Natur genéissen, mir iesse regional, bio a fair » met l’accent « sur une nourriture plus saine, biologique et surtout régionale », indique Claire Wolff, stagiaire pour le Sicona. Les membres du Sicona insistent, les conditions pour être sur la liste des fermes pouvant entrer dans ce programme sont très strictes, notamment sur la préservation de l’environnement. Pour le moment, 11 fermes y sont inscrites.
De plus, les enfants qui mangent dans les cantines des écoles ou maisons relais qui ont choisi de participer aux programmes profitent également d’une éducation alimentaire et environnementale.
Pour le cuisinier de la maison relais de Mamer, Renaud Thihon, c’est un plaisir de travailler avec des produits « toujours d’excellente qualité », explique-t-il au ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, venu également en visite dans la ferme. « On sent la différence, que ce soit au niveau de la viande, qui est plus ferme, ou même des pâtes. Cela donne moins l’impression de faire de la cuisine industrielle. »
Pour Marc Emering, ce partenariat est une aubaine : « On vend rarement les poulets en entier (environ un tiers), mais plutôt en pièces. Or les gens préfèrent le filet, ils ont l’impression que c’est la pièce la plus noble, alors que les cuisses sont très bien aussi. Avec le Sicona, ces pièces délaissées mais qui sont tout aussi bonnes sont utilisées et très appréciées des cantines, puisqu’elles sont moins chères que les filets. Pour les pâtes, c’est la même histoire », lorsqu’elles sont vendues en magasin, il faut un joli packaging pour 500 g de pâtes qui donne envie
Il reprend la ferme à 18 ans
« Aux cantines, nous vendons des packs de 5 kg. Ce qui représente, pour chaque pack, 10 étiquettes à mettre en moins, 10 clips pour fermer le paquet en moins, etc. Et bien sûr, du temps de travail en moins. » Ce passionné d’agriculture avait 18 ans lorsque son père est mort et qu’il a dû arrêter l’école pour reprendre la ferme familiale. Mais c’est seulement en 1999 qu’il décide de transformer sa production, (céréales, pommes, élevage de poules) pour faire du bio.
Sur sa surface agricole de 78 hectares, il change même les céréales récoltées. « J’en avais marre de toute cette chimie et ces pesticides. J’en avais également marre de ne plus être indépendant. Car si on met de l’engrais chimique une fois, il faut ensuite recommencer quatre à cinq fois. Car les céréales poussent très vite d’un coup. Si on arrête, elles végètent, l’humidité est gardée au sol, des champignons poussent, il faut donc mettre des pesticides. C’est un cercle vicieux » dont il n’est pas simple de sortir.
Pendant trois à cinq ans, les plantes sont presque en état de manque, « les engrais sont comme une drogue. Les plantes ne sont plus aussi vigoureuses les premières années, mais ensuite, une fois qu’on arrive à la sixième année, on a presque le même rendement qu’avant. J’ai perdu environ 30 % de ma productivité, mais si je fais le ratio entre cette perte et l’économie que je fais en n’achetant plus les produits chimiques, je suis largement gagnant. » Cette transition est donc un véritable investissement pour l’avenir. « D’autant que désormais, je peux semer mes propres semences ! »
Audrey Libiez