Le gouvernement lance une campagne destinée à encourager l’utilisation du DSP ou dossier de soins partagé, qui permet de centraliser toutes les données médicales essentielles du patient.
Le projet est dans les bacs depuis le milieu des années 2000, mais le gouvernement, qui souhaite donner un coup d’accélérateur à la digitalisation du domaine de la santé, a décidé de lancer une campagne destinée à promouvoir l’utilisation du dossier de soins partagé (DSP), dont la phase pilote s’est achevée l’an dernier.
Ce dossier de santé électronique, déjà utilisé activement par quelque 80 000 assurés, permet de regrouper en un seul endroit toutes les données de santé essentielles d’un patient : rapports des consultations médicales, résultats d’analyses, résultats d’examens radiologiques, médicaments prescrits, informations sur le groupe sanguin et les allergies… Ce sont le patient lui-même via son espace personnel sur esante.lu et les différents professionnels de santé autorisés par ce dernier qui alimentent le dossier (voir encadré). De fait, le DSP ne contient pas d’historique exhaustif des données – il ne comporte que celles qui sont entrées depuis son activation.
« C’est un outil gratuit, centralisé et sécurisé », a insisté Paulette Lenert, ministre de la Santé, lors de la conférence de presse qui s’est tenue mardi à Luxembourg pour rappeler l’utilité de ce projet. « Le DSP facilite le partage des données entre les professionnels de santé, ce qui facilite la coordination des soins, favorise une prise en charge optimale et fait gagner un temps précieux lorsqu’une intervention imprévue ou urgente est nécessaire. En cas d’urgence médicale, les professionnels qui prennent le patient en charge ont en effet directement accès à ses données essentielles. Le DSP peut lui sauver la vie. »
Seulement au Luxembourg
Ces données sont centralisées en un seul endroit, sur un réseau sécurisé au Luxembourg, précise Christian Oberlé, le président de l’Agence e-Santé. Le patient n’a donc plus besoin de mémoriser toutes ces informations. Finis aussi «les prescriptions ou autres documents manuscrits illisibles», met en avant le ministère de la Santé, ce qui représente un avantage pour les professionnels de santé eux-mêmes.
À l’heure actuelle, seuls les praticiens exerçant au Luxembourg peuvent accéder au DSP. Mais le ministère compte bien étendre le système au-delà des frontières à plus ou moins long terme. « Nous travaillons actuellement à une convention avec la région Grand Est. Nous verrons par la suite pour faire de même avec la Belgique et l’Allemagne, et, à plus long terme, nous essaierons de faire communiquer les dossiers électroniques que les frontaliers possèdent dans leur pays avec celui qu’ils ont au Luxembourg », annonce Christian Oberlé.
D’après le président de l’Agence e-Santé, 25% des applications utilisées par les médecins ne sont cependant actuellement pas compatibles avec le système lancé par le gouvernement. Depuis le lancement du déploiement généralisé du DSP en janvier 2020, le nombre de dossiers ouverts est passé à 625 564, ce qui correspond à une couverture de 77% des assurés. Quelque 850 000 assurés, résidents et frontaliers, sont en effet concernés par ce dossier électronique. Les patients disposent d’un délai de 30 jours pour activer leur dossier après réception du courrier de l’agence, au-delà duquel un compte est automatiquement créé. Mais l’ouverture d’un compte ne constitue qu’une étape, encore faut-il alimenter ce dossier, comme le souligne Romain Schneider, ministre de la Sécurité sociale : « Jusqu’au début de l’année prochaine, le déploiement du DSP pour les 850 000 assurés sera terminé et chaque assuré aura dès lors accès à son propre dossier électronique de soins partagé; le prochain défi est d’alimenter le DSP avec les documents essentiels des assurés. »
Parmi les documents les plus souvent déposés à ce jour, on peut relever les résultats d’examens biologiques (81%), les résumés patients (9%), les résumés des prestations (6%), les comptes rendus des actes diagnostiques (1%), les certificats médicaux (1%).
Tatiana Salvan
Qui peut alimenter le DSP ?
Toutes les données médicales du dossier de soins partagé peuvent être intégrées par les médecins (référents, généralistes, spécialistes) autorisés à exercer au Luxembourg ainsi que par les laboratoires d’analyses biologiques, les hôpitaux, les soins à domicile, les centres nationaux de référence (Baclesse, INCCI…), les structures spécialisées (HIS, Colpach, Tricentenaire…), la CNS, les pharmacies et le patient lui-même, via son espace personnel.
C’est le patient qui décide qui a accès à ses données. Il a également la possibilité de supprimer son dossier, sachant que les professionnels conserveront les informations qu’ils auront eux-mêmes intégrées au DSP.