Lunex, l’université des sciences du sport, va accueillir ses premiers étudiants en kinésithérapie le 4 avril. Petit tour dans l’ancienne piscine d’Oberkorn. Axe complètement délaissé par l’université du Luxembourg, le sport va toutefois s’ouvrir aux études supérieures grâce à Lunex, à Differdange.
Cela faisait plus d’un an qu’on en parlait au conseil communal de Differdange et, doucement, Lunex est en train de prendre forme dans et autour de l’ancienne piscine d’Oberkorn. «Nous savions que Christian Alt (NDLR : le directeur de Lunex) voulait s’installer à Luxembourg et nous avons cherché son contact», se souvient le député-maire de la commune, Roberto Traversini. Une fois son numéro de téléphone dégoté, l’élu écologiste s’est démené pour le convaincre. «Nous leur avons montré deux ou trois sites et ils ont été emballés par la piscine», se félicite-t-il.
Les travaux ont débuté rapidement. La première tranche devra être achevée pour la première rentrée, qui aura lieu le 4 avril. Elle sera réglée par la commune, la note se situant entre 700 000 et 800 000 euros. Deux classes de 30 élèves entamant un bachelor en kinésithérapie lanceront alors la nouvelle histoire des lieux.
En attendant, l’équipe s’est étoffée. Sur le volet administratif, le recrutement est en passe d’être bouclé, tandis que de nouveaux professeurs viennent juste d’être engagés. Le doyen, responsable du volet académique, est Jan Cabri. Ce kiné belge d’origine flamande, détenteur d’un doctorat en électrophysiologie, fait valoir une longue expérience. «Pendant 15 ans, j’ai été maître de conférence à l’université de Lisbonne et depuis 2009, j’étais chef de département à la Norwegian School of Sport Sciences. Lorsque j’ai rencontré Christian Alt et qu’il m’a présenté son projet, j’ai vite été enthousiaste : avoir la possibilité de développer une université à partir de rien, c’est très rare et je crois bien que ce projet est unique en Europe!», explique-t-il.
Ce qui a fini de le convaincre, c’est la promesse de disposer d’un laboratoire de biomécanique dernier cri. «Il s’agira d’un espace d’étude du mouvement, de l’action musculaire et des charges sur les articulations.» Équipé d’un matériel high-tech, notamment des caméras ultrarapides (entre 300 et 500 images-seconde) capables de décomposer les mouvements, cette salle sera à la disposition des étudiants. «Ces appareils sont le futur de la rééducation», promet le doyen.
L’aménagement de Lunex représente un investissement d’environ 4 millions d’euros pour l’université, qui règlera également un loyer de 40 000 euros par an à la commune, toujours propriétaire des lieux.
Sur le plan académique, l’université proposera plusieurs formations. La première sera donc celle de kiné. «Le programme a été validé par les ministères de l’Éducation nationale et de la Santé, soutient Jan Cabri. Cela signifie qu’après trois ans d’études, nos étudiants auront validé 180 ECTS (NDLR : crédits universitaires). Ils auront donc le droit d’exercer la profession de kiné dans toute l’Europe.» Un master en kinésithérapie sera également mis en place pour que les étudiants puissent se spécialiser, notamment en médecine du sport.
À l’automne, d’autres formations suivront, lorsque les travaux seront achevés. Petit à petit, l’offre s’étoffera, puisqu’il sera question de sciences du sport (l’équivalent des Staps, en France), de management sportif ou encore de technologie du sport.
Quelles que soient les filières, le recrutement s’effectue au niveau du bac, «de préférence scientifique puisque l’on propose des enseignements solides en biologie, chimie, physiologie ou biomécanique», précise Jan Cabri. Tous les cours seront donnés en anglais.
Le 14 février, plus de 70 étudiants sont venus à la première journée de sélection de candidats. Ils ont effectué des tests sportifs – «ll faut être en forme pour être kiné» –, répondu à un questionnaire et participé à des entretiens individuels. Sans avoir réellement fait de publicité, Lunex a déjà attiré des prétendants venus de toute l’Europe, et spécialement de France. Il faut dire qu’avec les numerus clausus – voire le tirage au sort qui vient d’être mis en place en Belgique –, les places sont chères pour ces formations. Mais si la sélection est moins stricte ici, l’enseignement n’en demeure pas moins assez onéreux (lire par ailleurs).
Erwan Nonet