Près de trois semaines après l’incendie de l’ancienne brasserie, l’émotion est encore très vive et une enquête est en cours. Le point avec le bourgmestre Claude Haagen sur le chantier qui s’annonce.
Natif et bourgmestre de la ville du nord du pays depuis 2011, Claude Haagen peut aisément se décrire comme un «vrai» Diekirchois. Et comme tout bon Diekirchois qui se respecte, l’incendie qui a frappé le site de l’ancienne brasserie de la ville l’a «profondément touché. En tant que Diekirchois, il est évident que ce drame provoque des émotions. Tous les habitants de la ville de Diekirch, mais aussi de la région, déplorent cet incendie, car tout le monde connaît cette ancienne brasserie qui était un symbole et une icône faisant partie intégrante de l’histoire de la ville, soit une identification de son histoire brassicole.»
Concrètement, les flammes ont ravagé le bâtiment classé de l’ancienne brasserie, la Zockerfabrik, ainsi que ses bureaux ou encore ses archives. Un brin nostalgique, Claude Haagen se remémore : «Aussi bien étudiants que salariés se rendaient chaque mois à la Zapschoul à l’occasion de la tenue d’apéritifs. Beaucoup de gens étaient liés à la brasserie de Diekirch. Avant qu’elle ne brûle, cette sorte de café était en effet un endroit de dégustation pour les différentes bières qui sont produites par la brasserie de Diekirch. Ces dégustations se déroulaient chaque premier ou troisième vendredi du mois. Certes, il n’y en avait plus beaucoup ces derniers temps, parce que les travaux concernant la désaffectation du bâtiment avaient déjà débuté. Il y avait en effet, déjà avant l’incendie, un projet en cours. Un plan d’aménagement particulier (PAP) avait été voté et les travaux de démolition étaient accordés.» Le bourgmestre de Diekirch a d’ailleurs écrit au promoteur en charge de la réhabilitation du site de la brasserie pour que les travaux de démolition puissent débuter avant les congés collectifs de cette année.
«Début des travaux fin juin»
En ce qui concerne l’inauguration du futur site, Claude Haagen indique qu’elle était prévue pour fin février. «Cet incendie est survenu au moment des travaux de démantèlement de bâtiments qui ne sont pas classés. Mais il y a aussi trois bâtiments qui sont classés par le Service des sites et monuments nationaux et qui sont mentionnés dans la convention afférente au PAP : l’ancienne brasserie, la grotte et le bâtiment de la tour centrale avec le verre de bière qui y trône. Une enquête judiciaire est désormais en cours. Pour le reste, le promoteur et le propriétaire vont de toute façon procéder aux travaux de démantèlement. Je leur ai écrit au nom de la Ville de Diekirch, car il faut démolir les bâtiments non classés, et cela, pour des raisons de sécurité », souligne encore l’édile LSAP.
En effet, l’objectif est que les travaux de démolition puissent commencer avant les congés collectifs de cette année, donc avant le mois d’août. Et selon les derniers pourparlers, il a été acté que les travaux débuteront normalement à la fin du mois de juin. «Par contre, aucune date n’a encore été avancée concernant la fin des travaux», indique Claude Haagen. «On attend la fin de l’enquête et on reprendra le projet du quartier « Dräieck Dikrech« à zéro. » Entretemps, il s’agira pour les experts du Service des sites et monuments nationaux de se pencher sur la faisabilité d’une potentielle restauration de ce qui reste de l’ancienne brasserie, notamment en ce qui concerne sa façade. «Tous les habitants de la ville et de sa région espèrent que le bâtiment pourra être restauré et rénové!», conclut le bourgmestre.
Claude Damiani
Un incendie criminel ?
Le parquet de Diekirch a communiqué quelques jours après l’incendie ayant ravagé l’ancienne brasserie. Tout porte à croire que son origine est criminelle. Les premiers éléments recueillis lors de l’enquête préliminaire n’ont pas mis en évidence une origine technique accidentelle, affirme le parquet. Les investigations ont au contraire révélé «des indices d’une infraction». De fait, le parquet de Diekirch a requis l’ouverture d’une information judiciaire auprès du juge d’instruction, notamment en vue d’effectuer une expertise pyrotechnique.
De son côté, Claude Haagen souligne que «l’enquête est en cours». «Je ne m’immisce pas dans des enquêtes judiciaires. Il revient à la justice de voir s’il s’agit d’un incendie volontaire ou non», ajoute-t-il. Les bâtiments de l’ancienne brasserie avaient été touchés par un violent incendie sans toutefois faire de blessés, fort heureusement. De nombreux soldats du feu et des moyens considérables avaient dû être mobilisés pour maîtriser des flammes hautes de plusieurs mètres et menaçant les édifices attenants.
Le projet «Dräieck Dikrech» en bref
L’ancienne brasserie de Diekirch devait être intégrée au projet en question.
Dans le cadre du développement de la «Nordstad», le site de l’ancienne brasserie de Diekirch prévoyait une réhabilitation en profondeur de la zone existante. Dénommé «Dräieck Dikrech», le projet (maître d’ouvrage Coogee, en codéveloppement avec Matexi et Saphir Real Estate) «consiste à édifier une nouvelle brasserie sur le site, afin de garantir l’activité brassicole de la marque de tradition « Diekirch ». Dans cette optique, les bâtiments historiques existants seront préservés et hébergeront de nouvelles activités. Outre des logements de standing, des activités commerciales et des surfaces de bureaux y seront installées afin de créer un quartier vivant en plein centre de Diekirch. Grâce à un parking souterrain, l’espace semi-public entre les nouveaux bâtiments deviendra piétonnier et les passants jouiront d’un espace de détente vert et agréable», est-il indiqué sur le site www.nordstad.lu. Plusieurs établissements horeca sont également prévus, après les travaux de démolition, dans le cadre du projet.
Le projet en un clin d’œil
Plus concrètement, le projet de réaménagement vise à proposer une mixité entre logements, commerces et bureaux, sur une surface de construction nette de 2,5 ha (surface brute : 27 400 m² – 42 000 m²). Quant à la répartition des différents composants du projet, elle se présente comme telle : 4 200 m² bruts de surface commerciale, de minimum 165 à maximum 337 unités de logements, tandis que les services représenteront une surface de 15 000 m² bruts. L’avenir devra dire si le bâtiment de l’ancienne brasserie, touché par les flammes, pourra être rénové et effectivement être intégré au nouveau quartier. Affaire à suivre…