L’enseigne Asport propose à la vente des t-shirts estampillés «Merde alors !» et portant le logo du nation branding gouvernemental. La totalité des bénéfices sera reversée au profit de réfugiés.
Le cri d’alarme – ou d’exaspération (c’est selon…) – du ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn, face au vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, a fait le tour du monde. Depuis six mois, il fait également le tour des garde-robes et dressings du Grand-Duché, mais aussi d’Allemagne, de Suisse, des États-Unis et surtout… d’Italie ! La réplique du chef de la diplomatie luxembourgeoise a donné des idées à certains… Retour sur une histoire qui a tout d’une success story à la sauce diplomatique.
Accord du ministère
Tout commence peu après la fameuse réunion diplomatique dans la capitale autrichienne. Le designer d’Asport, Gigi, est attablé dans un restaurant avec le publicitaire Will Kreutz. Ils causent de la vidéo qui circule à plein régime sur les réseaux sociaux et se disent : «Pourquoi ne pas créer un t-shirt ?» L’idée avait à peine germé dans leurs esprits qu’ils proposent à un second publicitaire, Christophe Peiffer, «qui avait eu un peu la même idée», dixit Gigi, de l’associer dans le lancement de cette aventure.
Il n’en faut dès lors pas plus pour que les trois hommes lancent la machine : «Comme nous reprenons le logo du nation branding ainsi que les propos de M. Asselborn, nous avons contacté le ministère des Affaires étrangères, avec lequel nous travaillons d’ailleurs régulièrement sur d’autres concepts d’emojis», relate le designer d’Asport. Un coup de fil plus tard, le ministère donne son aval, après avoir pris connaissance de l’idée et du logo que les trois hommes lui ont suggérés.
«Une fois cet accord acté, il restait encore à contacter ma direction à Ingeldorf (NDLR : l’enseigne Asport dispose de trois magasins au Grand-Duché – à Ingeldorf, au City Concorde de Bertrange et à Wickrange) : deux heures plus tard, nous lancions le premier t-shirt et avons de suite eu des demandes via Facebook. L’aventure était bel et bien partie ! Il faut dire que mes patrons sont très engagés et que nous sommes très réactifs au sein d’Asport. Je me dois donc de remercier Mme Wickler et M. Haentges et surtout Madame, qui a de suite dit : on va aussi les vendre dans nos magasins», souligne Gigi.
«Au moins un politicien qui a des c. !»
Mais quels sont les facteurs de motivation qui, au fond, ont incité Gigi et ses partenaires à entamer cette démarche ? «L’argent n’a jamais été une motivation, bien au contraire, puisque nous avons d’emblée décidé de reverser la totalité des bénéfices de la vente des t-shirts à une association qui encadre des réfugiés (lire encadré jaune ci-dessous). D’une part, cette aventure a débuté parce que nous nous sommes dit (NDLR : au sujet du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn) : « voilà au moins un politicien qui a des couilles et qui ose dire ce qu’il pense !», estime le designer, de concert avec ses «associés» dans cette aventure.
Par extension, cette initiative est le fruit d’une volonté commune de toutes les parties prenantes de faire évoluer les mentalités concernant les réfugiés. «Nous voulions servir une cause qui, à nos yeux, est juste et noble : faire évoluer les mentalités sur les réfugiés, mais aussi les soutenir par le biais d’une association. Si notre démarche a pu faire prendre conscience aux gens, même un tout petit peu, que le fait de rejeter des réfugiés et les abandonner en mer ne résout pas le problème global, alors c’est déjà une victoire en soi !», explique-t-il encore.
Claude Damiani