Accueil | Luxembourg | Déportation : le Luxembourg se souvient

Déportation : le Luxembourg se souvient


Christiane Rodenbourg-Loesch a répondu présent à l’invitation de l’ambassade de Pologne qui tenait à commémorer la libération du camp d’Auschwitz au Mémorial de la déportation, à Hollerich.

490_0008_14137331_491_0008_446110_MUSEE_DE_LA_DEPORTATIO

La gare de Hollerich, aujourd’hui un lieu de mémoire, a vu transiter tous les déportés luxembourgeois. (Photos : AFP/archives Le Quotidien)

Devant l’horreur absolue que représente la déportation à échelle industrielle mise en place par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, les témoignages valent mieux que les grands discours. Christiane Rodenbourg-Loesch est aujourd’hui la présidente de l’Association des déportés politiques. Son fils Michel – qui vient de quitter son siège au conseil communal de Luxembourg – fait lui partie du comité.

L’histoire de cette famille n’est pas banale. Avant la guerre, le père de Christiane Rodenbourg-Loesch, Alfred Loesch, est avocat, mais surtout administrateur des biens de la Grande-Duchesse Charlotte. Alors que celle-ci est partie rejoindre la résistance à Londres pour y jouer un rôle crucial, non seulement auprès des Luxembourgeois qu’elle interpelle sur les ondes de la BBC mais aussi auprès des chefs d’État alliés, Alfred Loesch, lui, est resté à Luxembourg. « Lorsque les Allemands sont arrivés, mon grand-père a fait disparaître tant que possible les biens de valeur de la Grande-Duchesse, explique Michel Rodenbourg. Mais il n’a pas pu tout cacher. »

Alfred Loesch est victime d’une dénonciation. Les Allemands trouvent des manteaux de fourrure appartenant à Charlotte à l’intérieur de leur domicile. « Ils les ont reconnus parce que la Grande-Duchesse était très grande et ma grand-mère plutôt petite… », souffle-t-il.

Cette visite de la Gestapo, à vrai dire, n’est pas vraiment une surprise, la famille l’attendait un peu. « Plusieurs jours avant l’arrestation de mon grand-père, mes grands-parents avaient compris qu’ils étaient en danger. Puisqu’ils étaient proches de la famille grand-ducale, qui était en Angleterre, ils étaient de toute façon déjà catalogués comme antinazis », ajoute Michel Rodenbourg.

> En train vers la Silésie

Sans tarder, Alfred Loesch se retrouve donc en prison. Il y reste deux mois, et le pire est encore à venir. « Le lendemain de sa libération, les SS sont venus frapper à la porte à 6h du matin. Mes grands-parents et leurs deux enfants ont eu quatre heures pour faire leurs paquets, prendre quelques vêtements et de la nourriture. À 10h, ils ont été emmenés à la gare de Hollerich. Là, mon grand-père, comme tous les chefs de familles déportées, a dû remplir un formulaire pour détailler son patrimoine qui serait spolié. À 14h, le train partait. »

« C’était le 6 avril 1942, j’avais 10 ans », se souvient Christiane Rodenbourg-Loesch. Après 22 heures de train, la famille tout entière arrive en Silésie, au sud-ouest de la Pologne actuelle. Elle est enfermée dans le camp de Naumburg, puis celui de Hohenstein. « Les conditions étaient horribles, se rappelle douloureusement Christiane Rodenbourg-Loesch. Mais notre chance a été de toujours rester ensemble. »

Pour échapper aux stalags, Alfred Loesch est parvenu à trouver un travail, « dans le houblon ». Sa famille le suit alors à Nuremberg, Wiesbaden puis Francfort. Une fois libérés par les Alliés, ils sont parvenus à rentrer au Luxembourg en avril 1945 après un long périple.

Par bonheur, la famille entière est revenue saine et sauve… et même, fait incroyable, agrandie ! « J’ai une sœur qui est née pendant notre déportation, si bien que nous sommes partis à quatre et revenus à cinq », en sourit aujourd’hui Christiane Rodenbourg-Loesch.

De notre journaliste Erwan Nonet

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.