Depuis un peu plus d’un an, le centre Äddi C accueille les personnes ayant un problème d’addiction, surtout à l’alcool, en consultation ambulatoire.
À quel moment a-t-on un problème avec l’alcool ? «Il n’y a pas de réponse à cette question, avance Claude Besenius, docteure en psychologie et chargée de direction du centre Äddic C. Tout dépend de la personne, de sa morphologie et de sa psychologie. Au-delà d’un verre par jour, cela peut poser des problèmes à une personne et pour d’autres c’est au-delà de deux verres. Mais il y a un risque lorsque la consommation augmente au fur et à mesure.»
Et quand c’est le cas, le centre, qui a enregistré 2 659 passages en 2017, est là pour accueillir la personne et lui venir en aide. «C’est un centre d’information, de prévention, d’orientation et de traitement, précise Marian Dal, infirmier responsable. Tout le monde peut nous contacter par téléphone ou par courriel pour prendre des renseignements. Nous sommes là pour répondre à toutes leurs questions liées à leur consommation d’alcool ou celle de l’un de leurs proches.»
«L’alcool est un symptôme»
Établi à Luxembourg, le centre Äddi C, qui est un projet pilote mené par le centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP), offre la possibilité de suivre une thérapie ambulatoire aux personnes, qui ont une consommation d’alcool à risque. «Quand la personne est dépendante à l’alcool, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas vivre, passer la journée sans boire, il faut qu’elle suive une cure, indique Claude Besenius. Ici, nous accueillons des gens qui sont capables de venir sans avoir bu et ayant une stabilité sociale, mais pour qui l’alcool, ou le jeu ou les médicaments, devient un problème dans la vie de tous les jours.»
Tout se passe simplement. Après une première prise de contact informative par téléphone, courriel ou sur place à l’accueil du centre, un entretien plus formel se déroule avec un praticien du lieu. «C’est une démarche personnelle, souligne Marian Dal. Beaucoup viennent nous voir car un événement – comme la perte du permis de conduire, un manque de concentration au travail, des problèmes familiaux… – leur a fait prendre conscience que l’alcool est devenu un problème.»
Claude Besenius poursuit : «L’alcool ou une autre addiction est le symptôme d’un autre problème, par exemple un burn-out, une dépression, du stress, un traumatisme… Et souvent, les gens utilisent l’alcool pour gérer. L’alcool donne une réponse immédiate à un problème plus profond, mais en fait, il le camoufle simplement un temps. Et surtout, à moyen ou long terme, la consommation d’alcool peut entraîner d’autres problèmes sans avoir réglé le premier problème. C’est un cercle vicieux.»
«Thérapie individualisée»
Au centre Äddi C, il y a une équipe multidisciplinaire (un médecin-psychiatre, deux psychologues, deux ergothérapeutes, un psychomotricien et trois infirmiers psychiatres) qui prend en charge les patients. «Ensemble et avec la personne, nous établissons un programme thérapeutique individualisé, indique Marian Pal. Un référent fait le point régulièrement avec la personne pour suivre l’évolution de la thérapie.»
Et la thérapie ambulatoire, qui dure en moyenne un peu plus de trois mois, peut consister en des séances individuelles ou en groupe (gestion du stress, prévention de la rechute, gestion des émotions, motivation, l’expression créative, relaxation, sophrologie…). Le tout vise à prolonger les phases d’abstinence, réduire la consommation, améliorer et consolider la santé physique et psychique, apprendre à connaître la problématique et ses déclencheurs, et assumer et prévenir les rechutes.
Guillaume Chassaing
Redirigés vers Useldange
Quand le patient est dépendant à l’alcool, le personnel du centre Äddic C l’oriente vers le Centre thérapeutique d’Useldange (CTU) pour y suivre une thérapie sur place.
Le CTU est un centre résidentiel disposant de 40 lits. Il accueille des personnes âgées de 18 à 65 ans – femmes et hommes – qui présentent une dépendance à l’alcool ou à des médicaments, associée ou non à des troubles psychiques, psychosomatiques ou sociaux. Les admissions s’opèrent sur indication médicale. Elles ne pourront se faire qu’après désintoxication alcoolique et si possible médicamenteuse ainsi qu’après stabilisation de toute autre maladie aiguë.
Les objectifs de la réhabilitation consistent à consolider la santé après le sevrage, à stabiliser l’abstinence et à prévenir les rechutes. Il s’agit de favoriser l’épanouissement de la personnalité et de développer les habiletés psychosociales nécessaires à une vie autonome et responsable en société. Le programme thérapeutique est convenu dans un plan thérapeutique individuel et s’articule autour de quatre axes : encadrement psychosocial, psychothérapies de groupe, thérapies complémentaires et vie communautaire. Ce séjour en thérapie peut durer plusieurs mois.