L’Eschois Hervé Amman est monté sur le podium des championnats d’Europe de dégustation à l’aveugle qui se sont déroulés le 25 avril à Mercurey (Bourgogne). Les championnats de dégustation à l’aveugle sont des épreuves spectaculaires, où le savoir encyclopédique et les facultés de reconnaissance des participants sont étonnants.
Hervé Amann est un assidu. Le vin est son métier, c’est lui qui est chargé de dénicher et de commercialiser ceux qui composent la carte de Pitz-Schweitzer. Mais c’est aussi bien plus que cela : une vraie passion solidement chevillée au corps depuis des années.
Connaître le vin, c’est aussi connaître les mots pour le décrire et repérer les caractéristiques propres à chaque bouteille. C’est à l’occasion de compétitions de dégustation à l’aveugle que ces facultés sont mises au défi. Là, des vins carafés sont servis aux candidats assis derrière les verres vides.
Leur mission : retrouver le cépage, l’appellation (et le pays), le producteur, la cuvée et le millésime. Chaque bonne réponse rapporte son lot de points.
Hervé Amann se défend à ce jeu-là. En 2008, il avait remporté le championnat d’Europe organisé par La Revue du vin de France, une référence. L’an dernier, pour le grand retour d’une épreuve après une pause de quelques années, c’est au Domaine thermal de Mondorf que l’élite des dégustateurs s’était donné rendez-vous.
Hervé Amann, un peu déçu, était sorti au stade des quarts de finale mais c’est un autre Luxembourgeois, Guy Bosseler, qui avait fait fort. Totalisant le plus grand nombre de points après la phase qualificative, il terminait finalement à la troisième place.
Cette année, alors que l’épreuve se déroulait à Mercurey, dans la Côte chalonnaise (en Bourgogne), c’est un peu l’inverse qui s’est passé.
«Je suis ravi de cette troisième place!»
«Il y avait 33 participants venus de France, de Belgique, du Portugal, du Royaume-Uni, de Chine, de Suède et du Luxembourg», explique Hervé Amann qui a négocié la première phase au mieux. «J’étais content parce que la sélection était difficile. Il y avait notamment un syrah marocain pratiquement impossible à trouver», explique-t-il.
L’étape suivante, celle des tête-à-tête, démarrait au mieux. En seizièmes de finale, «j’avais reconnu le condrieu assez facilement», glisse-t-il. Pas de chance pour Guy Bosseler qui avait également trouvé ce vin, mais qui restait derrière son adversaire pour un demi-point.
En huitième de finale, il fallait penser à un pomerol 2012 et Hervé Amann s’arrête sur un saint-émilion 2011. Il prend les points du cépage, le merlot, et de la région, le bordelais, alors que son adversaire voit là une côte-rôtie 2001 (syrah). Au tour suivant, la dynamique est identique. Hervé Amann met le doigt sur un châteauneuf-du-pape et son cépage, le grenache. Gagné !
En demi-finale, l’affaire se corse. Hervé Amann doit reprendre six points à son adversaire pour atteindre la finale. Mais le vin servi n’est pas un cadeau. Lui voit un syrah des grès de Montpellier, son opposant un corbières (carignan). Si on est bien dans le sud-ouest de la France, il s’agit d’un limoux rouge, une appellation confidentielle. «Je reprends deux points à mon adversaire mais ce n’est pas suffisant.»
Hervé Amann n’a toutefois aucun regret, car l’homme qui l’a fait tomber remportera finalement l’épreuve. Une finale étonnante, d’ailleurs, puisque personne ne trouvera le vin, un jurançon.
«Je suis ravi de cette troisième place parce que j’ai été longtemps loin des podiums», affirme Hervé Amann. Car, même en s’entraînant très régulièrement – «il n’y a pas une journée où je ne déguste pas plusieurs vins, pour mon travail ou pour mon simple plaisir» – il faut nécessairement être dans un bon jour et avoir un peu de chance pour parvenir aux meilleurs résultats.
Erwan Nonet