En cette année européenne du Rail, l’association Train 1900 a choisi de mettre une centenaire à l’honneur ce week-end, la locomotive Cockerill 503.
Cela sentait le fer, le charbon, la noisette et la Mettwurscht grillée. L’AMTF Train 1900 (Association des musées et tourisme ferroviaires) a fêté dignement le centenaire de sa locomotive Cockerill 503 au Fond-de-Gras ce week-end. La petite gare au fond de la vallée et ses quais ont été pris d’assaut par une foule cosmopolite de familles qui pour certaines découvraient le site et ses richesses. Tous les hangars de l’association qui a fêté ses 50 ans l’an dernier, étaient ouverts pour l’occasion et les membres, casquettes de cheminots vissées sur le front, avaient exposé des voitures de collection. Sur pneus et pas sur essieux celles-là. Un orchestre de jazz jouait des airs des années folles.
«Le Fond-de-Gras, c’est un peu comme un lieu de pèlerinage où on revient chaque année. Toutes les occasions sont bonnes. Je venais jouer ici enfant, quatre générations prenaient le train, j’ai vu le site évoluer, les engins grossir la collection… Le centenaire était une bonne occasion pour revenir cette année», indique Véronique qui a quitté son Minett natal il y a une vingtaine d’années. «Nous n’avons jamais vu un endroit tel que celui-ci, indique Lionel, fraîchement débarqué au Luxembourg avec sa famille. Autant de machines différentes, toutes ces voies et le travail réalisé pour maintenir le site, c’est impressionnant.»
Le lieux et ses ancêtres de métal témoignent avec une nostalgie certaine d’un passé révolu et permettent de retrouver des émotions ou de (re)construire des souvenirs. Comme ceux de la carcasse de cette fière petite locomotive attendant sur une voie de garage d’être restaurée ou des volutes de vapeur s’échappant de la locomotive du Train 1900 pendant sa course folle autour du Titelberg. Tchou-tchou!
Cockerill 503, petite mais costaude
La centenaire à l’honneur ce week-end chauffait tranquillement près d’un hangar avant de se livrer à une démonstration des capacités qui ont fait son succès par le passé. «Elle peut tirer de lourdes charges sur de courtes distances, comme déplacer un train sur 600 mètres. Sur de longues distances, elle ne peut pas tirer beaucoup de poids. Ici, elle tire 100 tonnes sur 7 kilomètres, explique Jean-Marie Thill-Boon qui l’a acquis. Elle a été conçue pour travailler dans l’industrie et tirer des wagons dans les ateliers. Une vraie locomotive aurait été trop chère. C’est la 2 CV de la locomotive : économique et simple. Il ne faut qu’une seule personne pour la conduire et elle est rapidement opérationnelle.» Elle n’a besoin que d’une trentaine de minutes pour chauffer contre 3 ou 4 heures pour les locomotives classiques de l’époque.
La centenaire a été construire à Liège dans l’entreprise Cockerill. «Une autre de ses particularités est sa chaudière verticale qui chauffe plus rapidement, poursuit Jean-Marie Thill-Boon. La 503 a été utilisée chez Cockerill, ensuite dans une fabrique de wagons près de Charleroi en Belgique. En 1968, elle a été remplacée par une machine fonctionnant au diesel et remisée chez un ferrailleur. C’est là que je l’ai trouvée en 1997.» Toute rutilante et élégante, elle a été restaurée en Slovaquie pendant deux ans. «Nous voulions une locomotive qui avait un rapport avec le Luxembourg, indique le passionné. Les mêmes modèles circulaient dans la minière Cockerill à Esch-sur-Alzette dans le quartier Hiel.» Pas assez costaude pour les activités habituelles de l’association sur le site, la vieille dame est sortie lors d’évènements spéciaux. Une exposition lui est dédiée sur le site dans le hall Paul-Wurth.
À terme, si le projet «musée des Chemins de fer» venait à se concrétiser à Pétange, la petite locomotive pourrait peut-être y couler une retraite dorée avec d’autres locomotives. «Nous avons encore beaucoup de locomotives qui demandent une restauration. Cela nous prend environ deux ans pour le faire. Sans compter le travail d’entretien du site et des machines, raconte Jean-Marie Thill-Boon. En 50 ans, nous avons eu le temps de grandir. Certaines locomotives roulent depuis plus longtemps sur le site qu’elles n’ont roulé à leur époque.» Ce week-end, la Cockerill 503 a tiré et attiré les visiteurs.
Sophie Kieffer