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La culture pour sortir de l’échec scolaire


Les élèves se libèrent en écrivant sur eux. (Photo Christophe Chohin)

Dans le cadre du programme «La culture au service de la réussite», plusieurs élèves luxembourgeois participent à des étaliers, à la Kultufabrik d’Esch-sur-Alzette, pour améliorer leurs résultats scolaires… et pas que.

Pas facile de se concentrer lorsque le barnum médiatique débarque dans votre classe à cause d’un ministre. C’est pourtant ce qu’il s’est passé, hier, à la KulturFabrik d’Esch-sur-Alzette, avec une opération de communication du ministre de l’éducation, Claude Meisch, autour du projet «La culture au service de la réussite».

Ce programme transfrontalier franco-luxembourgeois, soutenu par l’Union européenne, permet à des lycéens de plusieurs établissements du pays de participer à des ateliers artisitiques. Objectif : libérer la parole et la créativité grâce au «nourrissage culturel», expression inventée par le psychopédagogue français Serge Boimare.

Et ça marche, en tout cas selon l’écrivain Rodica Draghuinescu, animatrice d’ateliers en France et au Luxembourg. «Quand ils arrivent, souvent, ils ont un bloquage au niveau du langage, ils ne sont pas sûrs d’eux et n’osent pas prendre la parole», note-t-elle. Dans l’atelier d’écriture, les élèves ne sont pas confrontés à la réalité scolaire mais peuvent y exprimer leur monde intérieur. «Au début, nous commençons avec des cadavres exquis puis, petit à petit, nous passons à des rédactions un peu plus importantes, notamment des autobiographies», continue-t-elle.

Écrire sur soi pour se libérer, méthode vieille comme le monde qui fait ses preuves. Hier, devant le ministre, les élèves ont ainsi présenté leurs créations du jour, un texte autour d’un pays imaginaire, inspiré du réel. «Nous avons aussi rédigé des recettes de l’amour, qui ont beaucoup inspiré ces adolescents», rit Rodica, avant de redevenir sérieuse : «l’émulation entre eux est importante, ils partagent et quand un se lance, les autres le suivent». À l’exemple d’Armin, jeune issu de l’ex-Yougoslavie qui ne lâche plus la plume. Les textes sont d’ailleurs publiés sur le site www.levurelitteraire.com par Rodica Draghuinescu.

Débats autour des films

Toujours dans le monde de l’imaginaire, le cinéma aide aussi les adolescents. Chaque mois, un film leur est projeté, en relation avec des mythes anciens étudiés avec Sandrine Hoeltgen, enseignante au Lycée Bel-Val. Hier, ils ont vu Secrets of War, le long-métrage de Dennis Bots sur l’amitié de deux enfants pendant la Seconde Guerre mondiale. «Ces films servent de support à des débats que nous avons autour des mythes antiques, note-t-elle. Et ils permettent à ces jeunes de se découvrir.» Ainsi, Roi Lopes, élève du CNFPC de Belval, travaille avec ses camarades à un documentaire de 26 minutes. «Nous fabriquons des objets qui servent dans le film, nous écrivons l’histoire», se réjouit-il. Le tout sera visible le 8 juillet prochain, à la Maison du Savoir d’Esch-Belval.

Quant au programme «La culture au service de la réussite», qui a débuté en octobre 2013, il prendra fin à la même date. Mais il aura semé quelques idées dans la tête des participants. Et surtout, fait grandir des élèves plus sûrs d’eux. «Grâce à lui, chaque élève a évolué. L’impact est très bon sur les autres cours et, surtout, cela peut les aider à trouver un poste en apprentissage car ils sont maintenant préparés à des entretiens oraux», juge Sandrine Hoeltgen.

Certains utilisent même les fruits issus des ateliers pour aller de l’avant. Une sorte de carte de visite. «J’ai même une ancienne élève qui écrit son premier livre», se réjouit Rodica Draghuinescu. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Christophe Chohin

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