L’apparition de l’épidémie de coronavirus a obligé la Fondation Cancer à procéder à quelques accommodations, les patients atteints de cancer étant particulièrement vulnérables au Covid-19.
Comme pour l’ensemble des entreprises et des institutions du pays, voire de la planète entière, l’apparition du coronavirus a complètement bouleversé le fonctionnement habituel de la Fondation Cancer, qui a dû s’adapter au plus vite à la situation.
Une mission d’autant plus délicate en effet et une nécessité absolue de mettre en place des solutions rapides puisque la Fondation s’occupe de personnes particulièrement vulnérables à ce virus. «Les patients atteints d’un cancer et sous traitement (chimiothérapie ou immunothérapie) sont immuno-déprimés, donc ils sont plus à risque face aux infections en général, et donc aussi au coronavirus», explique Lucienne Thommes, la directrice de la Fondation Cancer.
De fait, plusieurs activités organisées par la Fondation ont dû être purement et simplement suspendues, et ne pourront probablement pas reprendre avant plusieurs mois, notamment les activités physiques et les groupes de parole, ainsi que les consultations onco-esthétiques.
«Les gens avaient peur de se rendre à l’hôpital»
Annulé également le grand événement annuel de solidarité, le Relais pour la Vie, initialement prévu les 21 et 22 mars derniers. Une manifestation sportive qui rassemble chaque année plus de 13000 participants et constitue une ressource de financement précieuse pour les actions de la Fondation.
«D’un point de vue pratique, notre brochure Info cancer n’a pas non plus pu être distribuée comme à l’accoutumée puisque les enveloppes sont collées à la prison, qui a mis en suspens cette activité», signale par ailleurs Lucienne Thommes.
Les consultations avec les psycho-oncologues ont elles continué à être assurées, mais très rapidement par téléphone ou vidéoconférence, tout comme les demandes sociales ou d’aides financières.
Quant aux traitements, ce sont les patients, en concertation avec les oncologues, qui ont décidé de leur poursuite ou non. «Il est évident que les traitements urgents ont continué durant la période de confinement, mais certains patients ont préféré les suspendre, par peur de sortir et de se rendre à l’hôpital « où se trouvent tous les Covid » comme ils nous l’ont dit. On peut suspendre un traitement si le cancer n’est pas très agressif», souligne la directrice.
«Davantage de stress chez les patients»
En réponse aux nombreuses interrogations qu’a pu susciter l’apparition du Covid-19, la Fondation a par ailleurs mis en ligne une FAQ ainsi qu’une vidéo dans laquelle sa présidente, le Dr Carole Bauer, répond à plusieurs de ces questions fréquemment posées.
«Les personnes étaient davantage anxieuses avec le coronavirus. Avoir un cancer est déjà stressant mais en plus se savoir à risque, c’est très préoccupant. Beaucoup de personnes appelaient pour savoir si le traitement allait être annulé ou reporté, si elles étaient encore à risque après avoir eu un cancer dans le passé (ce qui n’est généralement pas le cas lorsqu’on est guéri), comment gérer la situation avec le conjoint et les enfants…», relate Lucienne Thommes.
Afin de limiter le stress, les psychologues de la Fondation ont donc produit des fichiers audio de relaxation, disponibles sur le site de la fondation (cancer.lu). Des vidéos de yoga et de pilates devraient être également mises en ligne d’ici la semaine prochaine. «C’est important pour les personnes atteintes d’un cancer de conserver une activité physique. Grâce à ces vidéos, elles pourront continuer à pratiquer ces activités chez elles.»
Alors que le pays sort peu à peu de sa torpeur, la fondation va elle aussi reprendre certaines activités, mais «tout doucement», insiste Lucienne Thommes. «On n’est pas vraiment en déconfinement. Les activités de groupe ne sont évidemment pas d’actualité, mais nous reproposons peu à peu des consultations en présentiel, tout le monde n’aimant pas forcément les consultations par téléphone ou visio. Toutefois, pour le moment, la plupart des patients préfèrent la solution sans déplacement.»
«Il y aura des conséquences à long terme»
C’est d’ailleurs là le conseil majeur que dispense à ses patients depuis le début de la crise et continue de dispenser la Fondation Cancer : «Même en période de déconfinement, les patients atteints de cancer doivent éviter le plus possible les déplacements qui ne sont pas absolument nécessaires. Tant qu’il n’y a pas de vaccin, on les encourage à faire un « confinement volontaire » : éviter les endroits où il y a beaucoup de monde, les transports en commun et, bien sûr, comme pour tout un chacun, respecter les règles sanitaires et de distanciation sociale.»
La Fondation espère surtout pouvoir reprendre au plus vite le plan national cancer, car comme le rappelle Lucienne Thommes, «durant cette période, les programmes de dépistage ont été interrompus, les hôpitaux ont dû privilégier les urgences, il y a eu moins d’interventions chirurgicales et les gens ont moins consulté. De fait, il y a eu beaucoup moins de diagnostics qui ont été réalisés. Ce n’est pas négligeable et il faudra rattraper ce retard. C’est là un des dommages collatéraux du Covid.»
Une réelle problématique se pose, surtout dans le cas de cancers particulièrement agressifs. «Par exemple, les mammographies de dépistage ont commencé à reprendre, mais cela reste très variable d’un hôpital à un autre – certains ont repris il y a 15 jours, d’autres ne le feront que plus tard. De plus, c’est toujours assez long pour obtenir un rendez-vous. Mais du fait des nouvelles précautions d’hygiène à prendre, il y aura forcément moins de personnes par heure, ce qui va encore reporter les rendez-vous. Le coronavirus aura eu des conséquences directes, mais il y aura aussi des conséquences à moyen et long terme», prévient la directrice de la Fondation.
Tatiana Salvan
Le cancer, un quart des décès au Luxembourg
Chaque année, environ 1 000 personnes meurent des suites d’un cancer au Luxembourg, ce qui représente un quart des décès. D’après les chiffres de 2017 du service statistiques de la direction de la Santé, les cancers les plus meurtriers chez l’homme sont le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer de la prostate. Chez la femme, ce sont le cancer du sein, le cancer du poumon et le cancer colorectal qui font le plus de victimes.