Il y aurait moins de fumeurs parmi les patients ayant le Covid-19, selon des chercheurs, notamment français. Les pneumologues de la Société luxembourgeoise de pneumologie, associés à des confrères francophones, ont réagi dimanche, pour la Journée mondiale sans tabac.
La Journée mondiale sans tabac, ce dimanche 31 mai, offre à la Société luxembourgeoise de pneumologie (SLP) l’occasion d’effectuer une mise au point à propos de «certaines données imprécises qui circulaient dans certains médias prétendant que le tabagisme constitue un protecteur de l’infection à coronavirus». En France, rapporte le président de la SLP, le Dr Gil Wirtz, qui est le médecin chef du service de pneumologie du CHL, «certaines pharmacies ont vu leurs stocks de substituts nicotiniques se vider parce que les gens voulaient traiter leur infection par de la nicotine».
Selon un document publié dimanche par la Société luxembourgeoise de pneumologie, ces hypothèses ont été nourries par «certaines observations préliminaires qui ont trouvé qu’il y aurait moins de fumeurs parmi les patients ayant le Covid-19 ou ayant été testés positifs pour le virus de Covid-19».
La SLP émet cependant la plus grande réserve contre toute conclusion hâtive : «Ces observations nécessitent confirmation et en aucun cas ne prouvent un effet protecteur du tabac. La prudence est donc de mise, d’autant que pour toute infection la consommation de tabac peut augmenter le risque des complications.»
«Aucune preuve» en faveur de la nicotine
Le document publié par la Société luxembourgeoise de pneumologie ne fait pas grand cas de l’«analyse initiale» qui a «trouvé que le tabac ne contribue pas à développer une forme sévère de Covid-19», car selon elle les «études ultérieures vont dans le sens que le tabagisme est un facteur qui augmente la gravité de la maladie, voire le risque de décès». La SLP est d’ailleurs en ligne sur ce point avec ce que dit l’OMS. Les spécialistes ajoutent : «Il est possible aussi que les maladies liées au tabac soient responsables de la sévérité de Covid-19.»
La Société luxembourgeoise de pneumologie enfonce le clou : «Aucune preuve, aucune étude de laboratoire ou clinique ne démontre que la nicotine protège contre la maladie Covid-19.» Elle déconseille donc de «recourir aux traitements de substitution nicotinique dans cet objectif» ou «de fumer ou de reprendre le tabac en pensant que cela vous protège contre cette infection virale».
La nicotine reste néfaste pour la santé
Engagés résolument dans la lutte contre le tabac, les spécialistes francophones rappellent quelques vérités : fumer a un effet défavorable sur le système immunitaire, ce qui rend les fumeurs plus susceptibles de contracter une infection virale. Fumer augmente le risque de maladies pulmonaires, réduit la capacité pulmonaire et entraîne une inflammation des voies respiratoires, ce qui peut augmenter le risque de développer une pneumonie ou une grave complication chez les malades Covid-19. A contrario, arrêter de fumer fait apparaître rapidement des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire et pulmonaire. Cette démarche diminue les risques d’infections respiratoires et leurs complications.
Et pour aider les fumeurs à se débarrasser de cette habitude dont il est établi qu’elle est néfaste pour la santé, la SLP donne plusieurs contacts utiles : les pneumologues et médecins spécialisés en tabacologie, la Ligue médico-sociale (www.ligue.lu), le service de pneumologie du CHL (courriel : sec.pneumo@chl.lu), le programme d’aide au sevrage tabagique du ministère (courriel : prog-sevrage-tabagique@ms.etat.lu), la fondation Cancer du Luxembourg (www.maviesanstabac.lu).
Manuel Santos