Activité florissante avant la pandémie, les cours de yoga sont aujourd’hui frappés de plein fouet par la crise sanitaire à rallonge. Certains professionnels croulent aujourd’hui sous les charges.
Entre des gérants acculés financièrement face aux charges, des enseignants indépendants contraints d’abandonner leur activité et des élèves qui finissent par déserter : difficile de garder la tête hors de l’eau pour les professionnels du yoga.
Fredric Bender et son épouse Denise Pesch, tous deux professeurs depuis plus de 30 ans et codirigeants du centre de yoga La Source à Strassen, ne peuvent qu’assister, impuissants, à ce séisme qui secoue tout le secteur, en s’adaptant comme ils peuvent aux nouvelles restrictions sanitaires. Même s’ils s’estiment moins touchés que d’autres de leurs collègues.
«Nous avons la chance d’être un centre de yoga important, donc on souffre un petit peu moins», concède le maître des lieux, qui se rappelle avec nostalgie de l’avant-covid. «Nos 20 cours hebdomadaires affichaient complets. On accueillait 700 élèves par semaine, avec une liste d’attente sur certains créneaux.» Aujourd’hui, seuls 235 yogis poursuivent encore les cours – 175 en salle et 60 en visio.
Mais pour combien de temps ? Ces chiffres du trimestre dernier devraient encore fondre en ce début d’année, avec les nouvelles restrictions sanitaires qui imposent désormais le 2G+ dans les locaux : Fredric et Denise ne savent pas vraiment à quoi s’attendre. Ils ont déjà décidé de limiter les cours à neuf élèves pour ne pas dépasser le cap des dix personnes avec un professeur et contourner l’obligation de test pour les participants.
Mais après quasiment deux ans d’activité suspendue ou limitée, c’est une nouvelle réduction d’activité alors que les finances sont au plus bas. «On n’a pas fait de bénéfice tout ce temps, en subissant des pertes financières. Je ne dirais pas que c’est catastrophique, mais c’est dur», soupire l’enseignante.
Des charges «intenables» pour certains
Pour faire des économies, ils ont ainsi été contraints de se séparer d’une dizaine d’enseignants indépendants sur les 16 avec lesquels ils collaboraient régulièrement et assurent eux-mêmes la majorité des cours. Certains coachs qui proposaient des séances en complément de leur activité principale ont été forcés de stopper.
Et pour d’autres, c’est le piège de la location de salles qui s’est refermé sur eux : «Ces dernières années, il y avait énormément de demandes. Les centres au Luxembourg allaient très bien : rien qu’ici, dans un rayon d’à peine cinq kilomètres, six ou sept centres coexistaient», raconte Fredric.
Un contexte très favorable qui a incité de nombreuses personnes à lancer leur activité. «Beaucoup ont pris le risque de louer des locaux sur le long terme, s’engageant dans des contrats sur trois ans, et pour plusieurs salles», rapporte le professeur de yoga. «Or en un instant, le covid a réduit la demande à zéro. Mais les loyers, eux, continuent de tomber. Ces gens se retrouvent à payer parfois 10 000 euros mensuels. Intenable, surtout que certains n’ont touché aucune aide à cause de leur statut.»
Même si l’activité a pu reprendre ces derniers mois, les mesures sanitaires ont sérieusement plombé les chiffres d’affaires, puisque les salles ne sont pas extensibles et que la distanciation sociale obligatoire a fortement limité le nombre de participants.
C’est dans ce cadre déjà rigide que vient s’ajouter le régime 2G+, nouveau coup porté aux professionnels du secteur qui doivent désormais se débrouiller pour prévoir le temps nécessaire aux tests avant les cours, quitte à rogner sur la séance et perdre en qualité. Une situation à laquelle il va pourtant falloir s’habituer, au moins jusqu’à fin février.
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Christelle Brucker