Le temps d’un week-end, la place du Marché a accueilli, pour la première fois, une convention steampunk. Un véritable voyage hors du temps.
La Petite Marquise est connue dans tout le pays», avance Suzanne Pauli du Stadtmarketing d’Echternach. Tous les résidents du pays venaient boire un verre dans cet hôtel-restaurant. Mais depuis une vingtaine d’années, le lieu de la place du Marché, touché par un incendie, était laissé à l’abandon. Racheté par la commune, le bâtiment va reprendre vie d’ici quelques mois en conservant sa façade historique et en accueillant des logements et des commerces. Pour célébrer cette future renaissance, la commune a décidé d’organiser, pour la première fois, une convention steampunk sur la place du Marché. «On cherche une idée autour de la transformation, explique Suzanne Pauli. Et le steampunk, c’est exactement ça. Cela mêle nostalgie et fantastique.»
«Je suis une demi-aristocrate…»
Le steampunk est concrètement une plongée dans un autre monde. Un monde fantastique du XIXe- XXe siècle. «On effectue un retour en arrière, avance Yves (75 ans). On plonge dans l’époque de la vapeur (NDLR : steam en anglais) et on récupère des choses sans valeur et on les valorise pour créer de nouvelles choses.» Yves a concocté «une potion magique» de la pisse de sorcière (à base de vin cuit) et de la pisse de dragon (à base de jus de fruits) «quand on en boit, cela nous donne des pouvoirs extraordinaires», sourit-il.
De son côté, Grégory est typographe. Mais un typographe du XIXe siècle. «J’utilise des lettres en plomb et en bois, explique le Belge de 39 ans. Je mets sur papier les envies de mes clients. Des cartes de visite, des faire-part de mariage… On peut tout créer sans électricité et en toute simplicité avec nos mains. Il n’y a pas de limite.»
Les visiteurs ont pu découvrir de nombreux objets insolites auprès des 26 stands présents lors de cette première convention steampunk d’Echternach. Ils ont aussi croisé (et pris de nombreuses photos) des personnages sur la place du Marché. Comme Lady Nava de Celles : «Je suis une demi-aristocrate. Je me suis mariée à un riche Anglais. Aujourd’hui, il est décédé et je profite de sa fortune en voyageant à travers le monde en essayant d’améliorer les choses et la vie des gens.» Ce personnage n’a jamais existé et est sorti de l’imagination de l’archiviste de 30 ans. «Le steampunk est un monde imaginaire rétrofuturiste, souligne-t-elle. On prend le meilleur de l’époque 1830-1930 et le meilleur d’aujourd’hui. On commence avec pas grand-chose et grâce à la couture, on crée un costume et un personnage unique. Cela permet de sortir de notre quotidien. C’est une grosse parenthèse.»
De son côté, Pitrus (28 ans) est tantôt «aventurier, explorateur, tantôt noble, chasseur de paranormal… Mon personnage n’est pas vraiment défini et évolue selon mon humeur. L’essentiel est qu’il me permette de m’évader.»
Raoul a exposé une vingtaine de clichés de personnages steampunks dans les commerces d’Echternach durant tout le week-end. «J’adore l’originalité de tous ces personnages et on peut faire de belles mises en scène dans des décors naturels, souligne le photographe de 40 ans. À chaque fois, je suis impressionné par les costumes qu’ils fabriquent eux-mêmes et le souci du détail qu’ils ont dans leur travail.»
Cédric (43 ans), de Luxemboug, n’est pas déguisé, mais «profite de ce dépaysement total. On est vraiment immergé dans un autre monde».
Guillaume Chassaing