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Contern : «elles apprennent à devenir maman»


Installée dans un cadre reposant, la structure Yua a pour but de créer un lien entre les mamans et leur bébé (photo : Le Quotidien).

Depuis le 1er octobre, la structure Yua du Centre d’accueil Norbert-Ensch de la Croix-Rouge luxembourgeoise accueille des jeunes mères en difficulté et leur enfant. Visite guidée.

Le centre Norbert-Ensch de la Croix-Rouge luxembourgeoise est niché dans un cadre de verdure et de calme dans la commune de Contern. À l’intérieur, le groupe Zoé, qui accueille des jeunes mamans mineures et leur bébé, et depuis le 1er octobre dernier, le groupe Yua, qui est destiné aux jeunes mamans majeures et leur bébé. Des pleurs se font d’ailleurs entendre dans les étages.
«Yua est un nom japonais, qui signifie affection et attachement, souligne Sandra Hauser, la chargée de direction du Centre d’accueil Norbert-Ensch. On a créé cette structure pour répondre à un besoin. Les jeunes mamans que nous accueillons ont besoin d’un encadrement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.»
Soutenue financièrement par l’Office national de l’enfance du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance, la structure Yua compte huit salariés (assistantes sociales, éducateurs gradués, infirmières en pédiatrie, éducateurs diplômés…), qui accompagnent au quotidien les mamans et leur bébé.

«Rompre un cercle vicieux»
«Elles sont toutes venues de manière volontaire, indique Sandra Hauser. Au cours de leur enfance ou de leur adolescence, elles ont connu de graves difficultés. Elles ont été abandonnées par leurs parents, certaines ont vécu dans la rue, d’autres ont été dans des foyers d’accueil ou des familles d’accueil. Certaines ont vécu des abus sexuels ou connu des problèmes de violence domestique, d’alcool ou de drogue. Normalement, à 18 ans, elles peuvent être placées dans des logements encadrés, mais le suivi n’est que de dix heures par semaine. Comme elles ont un bébé, elles ont besoin d’un accompagnement à temps plein.»
La chargée de direction du Centre Norbert-Ensch poursuit : «Notre mission est de donner la chance à des mamans qui étaient dans un cercle vicieux de rompre ce cercle vicieux. Pour elles, ce n’est pas naturel d’être maman, car elles n’ont pas connu l’affection et l’attachement de leurs parents quand elles étaient enfants ou adolescentes.»

«Projet individualisé d’autonomisation»
Créer un lien entre les onze mamans et leur bébé, c’est la mission de la structure Yua. «Elles apprennent à devenir maman, confie Sandra Hauser. On ne les juge pas, on n’est pas là pour leur dire ce qu’elles doivent faire. Nous sommes là pour les accompagner. Et elles s’entraident entre elles. Par exemple, on a une mère qui parle beaucoup à son bébé alors qu’une autre ne lui parle pas du tout. Eh bien, la seconde, en voyant l’autre faire, commence à lui parler… Ou encore certaines refusaient le « peau à peau » avec leur bébé et, après avoir vu faire les autres, le font désormais. Chaque miniprogrès est un pas.» Et les pères? «Certains sont présents, répond Sandra Hauser. Il y en a deux ou trois qui viennent tous les jours. D’autres moins et d’autres pas du tout.» Différentes activités sont prévues en commun : les anniversaires, des ateliers, des sorties pour l’achat de produits d’hygiène, tous les repas sont pris en commun et la cuisine est faite à tour de rôle.
La structure Yua offre surtout une aide individualisée, sociale et psychologique à ces mamans et leur bébé. «Chaque cas est particulier, note la chargée de direction du Centre Norbert-Ensch. On établit avec chacune d’entre elles un projet individualisé d’autonomisation avec leur bébé. Ici, l’objectif est essentiellement l’attachement et l’affection à l’enfant. Cela peut prendre du temps pour qu’elles vivent en autonomie totale avec leur enfant.»

Guillaume Chassaing