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Conférence à Dudelange : comment parler des réfugiés aux enfants ?


Lors de l'inauguration du jardin partagé du foyer des réfugiés de Dudelange, cet été. (photo archives Isabella Finzi)

Comment parler des réfugiés aux enfants, de leur parcours et des différences ? La commune organise une conférence très attendue sur le thème, ce mercredi soir, à l’hôtel de ville. Annabelle Laborier-Saffran, du service égalité des chances, en explique l’intérêt.

Pourquoi une telle soirée d’information ? Avez-vous reçu des sollicitations des parents ?

Annabelle Laborier-Saffran : Nous avons eu des remontées quant aux questions que se posent les enfants, à travers les écoles ou les associations. Et bien souvent, des réponses déconnectées sont apportées sur le sort des réfugiés. D’une façon générale, l’idée que la population luxembourgeoise se fait des réfugiés accueillis chez nous est fausse. Il ne s’agit pas de blâmer ici, juste d’informer, de parler.

Les médias luxembourgeois donnent donc une image faussée de la problématique des réfugiés ?

Je ne dis pas ça. Beaucoup de Luxembourgeois suivent des informations étrangères. Peu importe le contenu de ces informations : en plaquant une situation étrangère sur une problématique nationale, la réalité est faussée. La situation au Luxembourg n’est ni celle de l’Allemagne, ni celle de l’Italie, ou de la Turquie… Il faut regarder ce qui se passe chez nous pour répondre aux enfants.

Quels sont les clichés qui reviennent le plus ?

Que les réfugiés n’ont pas tant de problème que ça par exemple, vu qu’ils ont des téléphones portables et des beaux vêtements. La plupart du temps, les vêtements qu’ils portent sont ceux des collectes au Luxembourg, donc tant mieux ! L’autre propos que l’on entend souvent est : « Maintenant vous faites tout pour les réfugiés, et rien pour les résidents qui ont des problèmes. » Il faut apporter des réponses pour ne pas laisser planer les doutes.

Sur l’ampleur de l’aide aux nationaux par rapport aux réfugiés par exemple ?

Nous expliquons que le Luxembourg propose de nombreux programmes pour les familles résidentes en difficulté. Et nous insistons sur le fait que, une fois la barrière de l’accueil d’urgence franchie, les réfugiés sont traités comme des étrangers que nous avons toujours eu l’habitude d’accueillir, comme un Chinois ou un Ukrainien. Il n’y a pas de passe-droit.

Revenons aux enfants. Comment leur parler du problème des réfugiés, donc de la guerre, sans heurter leur conscience ?

L’important est de normaliser le rapport, car la situation est gérée normalement au Luxembourg. Il n’y a pas de raison de douter. Quant aux éléments de langage, je pense qu’il ne faut rien cacher aux enfants. Il faut leur expliquer simplement, sans en rajouter : « Certains enfants grandissent dans des pays où il y a la guerre. Chez nous, c’est une chance, il n’y a pas la guerre. Les parents s’en vont donc avec leurs enfants pour leurs offrir la même chance que toi, de grandir en sécurité, avec la chance de réussir, d’aller à l’école et d’avoir un avenir. » Les enfants comprennent. Bien souvent, mieux que les adultes !

Quel genre de questions se posent les enfants ?

« Est-ce que je peux aller parler à un réfugié dans la cour? » Oui, bien sûr, que tu peux y aller. Peut-être que le courant va passer, peut-être pas, comme avec un autre ami (Elle sourit). Pour les plus grands, il faut expliquer que la barrière de la langue n’est pas une excuse, que l’on peut toujours communiquer.

Comment éviter un trop grand sentiment de pitié chez l’enfant ? Du style : « Je vais aider les petits pauvres, etc. »

J’ai une anecdote. Des enfants de Dudelange souhaitaient donner des jouets aux enfants du foyer de réfugiés. Nous leur avons dit : « C’est sympa. Mais pourquoi ne pas aller leur apporter et leur montrer comment vous y jouez? » S’en est suivi un très bel après-midi.

Vous menez de nombreuses actions avec les réfugiés du centre Op der Schmelz.

Le plus important, ce ne sont pas les actions ponctuelles, mais celles qui s’inscrivent dans le temps et qui sont « normales ». Certains enfants de réfugiés vont au foot ou chez les scouts. Cela favorise une intégration avec le temps. Donc, même quand nous menons une action plus ponctuelle, nous essayons de l’étaler dans le temps. Un jardin commun a été entretenu à la belle saison par exemple, notamment avec les enfants. Ce n’est pas qu’un rendez-vous, c’est quelque chose qui a duré.

Entretien avec Hubert Gamelon

Ce mercredi soir à l’hôtel de ville de Dudelange, 19h. Gratuit.

 

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