Les commerçants d’Esch-sur-Alzette constatent qu’un «problème de dynamisme de fond» subsiste. Des pistes concrètes ont été évoquées mercredi, lors de l’assemblée générale de leur association. Car malgré toutes les bonnes initiatives, les magasins continuent de fermer.
Le déclin du commerce de centre-ville est un débat récurent. Au Luxembourg, comme en Allemagne ou en France. Esch-sur-Alzette n’échappe pas « à la tendance générale », a relevé mercredi soir Astrid Freis, la présidente de l’association des commerçants eschois (ACAIE) lors de l’assemblée annuelle. Beaucoup de discours ont été poignants, l’attachement des commerçants à leur commune étant viscéral. Parmi les 330 adhérents, chacun voudrait avoir une baguette magique.
En vain, est-on contraint de constater quand Astrid Freis évoque la réalité chiffrée. « Dans l’artère principale, j’ai compté 14 magasins fermés au début de l’année. Dans les rues parallèles, l’hécatombe est amplifiée. On peut se réjouir que 30 magasins aient trouvé repreneur en 2015. Mais le problème de fond demeure. »
Politiques, professionnel des statistiques et commerçants présents mercredi, ont lancé de nombreuses pistes, parfois contradictoires. Une chose est sûre : il est temps de présenter les défis avec lucidité.
Voici les principales orientations retenues :
Éviter les faux problèmes
Le président de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) a présenté une étude interne qui démonte certains clichés. Les frontaliers ne consomment pas? Ils participent à un quart des bénéfices du commerce de proximité dans le pays, essence et tabac exclus! Les travaux lèsent les commerces locaux? Sur 400 consommateurs interrogés, seuls 6 % estiment que les chantiers sont gênants. Internet est un frein? 27 % des personnes du même panel répondent qu’elles achètent davantage sur internet et délaissent les villes. Mais seules 7 % d’entre elles ont pu se servir d’internet pour préparer un achat en ville… Pourquoi ça ne marche que dans un sens?
Être fier des efforts entrepris
Depuis quelques années, les commerçants eschois ouvrent pendant la pause de midi. Lors des périodes de soldes, les rabais sont notoires, avec des prix fracassés dès les premiers jours. De nombreuses animations portées par les commerçants connaissent un succès populaire grandissant : la Journée française le 14 juillet, le chapiteau gourmand de la braderie de juin, l’ouverture des dimanches de décembre, la mise en place d’un site web moderne (76 000 visiteurs en 2015!) avec vidéos promotionnelles, informations pratiques, application mobile, etc. Comment ne pas saluer tous ces efforts? Les commerçants ont changé, il est temps que leur image auprès du grand public suive! Les Eschois, trop souvent enclins à critiquer leur propre ville, doivent se rendre compte des efforts consentis.
Ne pas se focaliser sur ce qu’on ne peut pas changer
Les loyers sont trop élevés pour les commerçants locataires? Oui. Et les propriétaires voraces n’ont aucun scrupule à voir les affaires péricliter. C’est le jeu de l’offre et de la demande, du moins dans une société capitaliste. Bon courage à ceux qui rêvent du grand soir au Grand-Duché… Autre réalité : le pouvoir d’achat des ménages décline. Oui encore. Selon l’étude de la CLC, la baisse est de l’ordre de dix points depuis 2006. Inutile de s’en plaindre, ni le collège échevinal ni l’association des commerçants n’y peut quelque chose…
Proposer du concret quand on peut changer les choses!
La place du Brill rénovée en œuvre d’art contemporaine ne passe pas : les commerçants veulent voir le retour des animations, avec des podiums artistiques le week-end et, pourquoi pas, un marché hebdomadaire réparti sur les deux places (Hôtel-de-ville et Brill). La généralisation des parkings payants en 2015 soulève aussi une vive indignation. Dans les rues principales, des places dépose-minute sont envisagées pour le mois de mai.
Dernier point important, évoqué par la bourgmestre Vera Spautz : la multiplication hallucinante des grandes surfaces. Sur tout le pays, plus de 225 000 m 2 de projets de centres commerciaux sont en cours ou à venir. Dont 40 000 m 2 dans le Sud! Du délire pour Vera Spautz, qui entend interroger le gouvernement sur cette frénésie d’accords de permis de construire. Sur la friche dite «ARBED Schifflange» (en réalité à 91 % sur le ban eschois), la bourgmestre rêve plutôt d’une zone artisanale, semble-t-il…
Hubert Gamelon
2022 en perspective
Esch-sur-Alzette, capitale européenne de la culture 2022? L’idée fait son chemin, le Luxembourg étant automatiquement pays hôte en 2022. Les commerçants ont invité les porteurs du dossier mercredi soir.
Emmanuel Vinchon et Ingra Soerd, qui ont déjà porté les candidatures de Lille et Mouscron, ont insisté sur la formidable opportunité. « Plus qu’un évènement ponctuel, il s’agit d’une aventure qui dure , ont-ils souligné. À Mouscron, peu de gens y croyaient. Au final, un réseau de 850 entrepreneurs est désormais solidement ancré .» Les commerçants se sont montrés réceptifs. La bourgmestre Vera Spautz aussi, évidemment.
Tacle pour Differdange…
Vera Spautz n’a d’ailleurs pas hésité à recadrer cette aventure dans tout le territoire du Sud, et même transfrontalier. L’occasion, au passage, d’un tacle pour le conseil de Differdange, qui n’a pas adhéré à la majorité absolue au projet. « Entre les jaloux et ceux qui pensent aux élections, je peux comprendre. En réalité, les absents auront tort. »
Le problème à Esch, sont: le parking, les magasins de basse qualité, les frais de parkings et la rue de l’Alzette qui n’est plus ce qu’elle était.
Les mendiants et drôle de personnages peuplent cette rue qui a perdu tout son faste. Triste à dire, mais étant eschoise depuis plus qu’une cinquantaine d’années j’évite cette rue et préfère aller dans un centre commercial où je n’ai pas les mêmes soucis.
» le pouvoir d’achat des ménages décline. Oui encore. Selon l’étude de la CLC, la baisse est de l’ordre de dix points depuis 2006. »
Tout est dit. Tout le monde va chez Leclerc / Lidl / Ed/ Aldi.