La pollution de l’Attert, il y a dix jours, irrite le président de la Fédération des pêcheurs sportifs, qui tape du poing sur la table.
L’incendie survenu le 2 mars dernier, dans l’installation de biométhanisation de la ferme du Faascht à Grendel, dans la commune belge d’Attert, provoque la colère de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs.
En effet, des déchets issus de la biométhanisation, à savoir du digestat, s’est alors écoulé dans l’Attert près de Colpach-Bas, au Grand-Duché, polluant le cours d’eau sur plusieurs kilomètres. S’il est en colère et préconise différentes mesures que les autorités publiques devraient mettre en place, le président de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS), Jos Scheuer, tient néanmoins à rappeler que cette pollution trouve son origine en Belgique : «Il ne faut pas nécessairement polariser les suites de cette pollution, ici, au Luxembourg. J’ai eu des coups de fils d’agriculteurs qui exploitent des usines de méthanisation et qui assurent être en règle.»
Collaboration transfrontalière prônée
Remontée face à cette pollution de l’Attert, la FLSP revendique la prise de mesures conséquentes par le ministère de l’Environnement et son administration de la Gestion de l’eau. «Notre fédération revendique une collaboration avec les autorités des régions frontalières, afin d’exercer des contrôles, d’adapter les mesures de précaution, ainsi que pour fournir des possibilités d’intervention. Il faut également qu’au niveau politique la collaboration soit étroite et intense entre administrations et organes de contrôle», explique Jos Scheuer.
Avant, pour lui, d’énoncer une deuxième doléance : «Lors de l’accident survenu à Echternach et provoqué par l’entreprise Euro-Composites, il y a eu un déversement de matières chimiques dans la Sûre; on nous a alors dit qu’il y aurait une commission qui surveillerait et contrôlerait l’état des bassins de rétention, de même que leur évacuation. Manifestement, cela n’a pas été le cas en Belgique. En tout cas, il faut le faire au niveau des sites industriels et de toutes les entreprises dits Seveso (NDLR : sites industriels présentant des risques d’accidents majeurs, de par la présence de substances dangereuses).» Enfin, l’ancien député-maire d’Echternach est d’avis qu’«il faut absolument que les services du CGDIS disposent des moyens pour intervenir très rapidement et très efficacement. Il faut donc vérifier si c’est effectivement le cas.»
«Manque de transparence»
Sur un dernier point de revendication, le président de la Fédération des pêcheurs sportifs, se réfère à la question «très précise» que le député Gusty Graas a posée, mardi dernier à la Chambre des députés, à la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, au sujet de ce cas de pollution dans l’Attert.
«La ministre n’a pas répondu avec précision. On a l’impression que cette pollution de l’Attert est traitée comme un fait divers; or, ce n’en est pas un! Un des plus importants ruisseaux du pays est pollué sur 10 à 15 km et cela, c’est grave! La ministre manque de sensibilité et son intervention au Parlement en est la preuve. Car la commission mentionnée plus haut aurait dû être mise en place, en impliquant ministère, administrations, notre fédération, ainsi que le public : la communication des autorités doit être améliorée», persiste Jos Scheuer. Et de signer ses propos : «Les gens du terrain sont des promeneurs, des pêcheurs, des bailleurs et preneurs de différents lots de pêche… Il faut établir une politique de communication, car il y a un manque de transparence verticale flagrant», peste encore Jos Scheuer.
Claude Damiani