Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le tram rapide devrait circuler entre Luxembourg et Esch-sur-Alzette d’ici 2028. Le projet de corridor multimodal a été présenté hier.
«La région Sud va énormément se développer dans les années à venir, ce qui va entraîner des échanges permanents entre la capitale et Esch-sur-Alzette encore plus importants qu’aujourd’hui. Si nous voulons éviter que la densité de trafic que nous connaissons actuellement aux heures de pointe ne se reporte sur toute la journée, nous devons réaliser ce corridor multimodal», a indiqué le ministre de la Mobilité et des Transports publics hier, lors de la présentation du concept.
«Ce sont 80 % des emplois du pays qui se concentrent dans ces deux pôles les plus densément habités du pays.» Des pôles de moins en moins éloignés l’un de l’autre étant donné leur croissance autour de Cessange et de la Cloche d’or d’un côté et d’Esch-Schifflange de l’autre. Soit des emplois et des habitants en plus dans les dix prochaines années. Fidèle à la philosophie Modu, la stratégie pour une mobilité durable, François Bausch et son ministère veulent «anticiper les problèmes» et ne pas «leur courir après pour les rattraper».
Actuellement, 3 000 personnes circulent chaque jour en bus dans les deux sens entre les deux agglomérations. D’ici 2035, elles seraient près de 9 000 sans ce projet de corridor multimodal.
À quoi ce corridor va-t-il ressembler? Il faut s’imaginer une autoroute entourée de voies de chemin de fer, de rails de tram et d’une piste cyclable rapide entre les pôles d’échanges de Leudelange et Foetz avec à ses extrémités des lignes de tram urbain. Sur cette section dite rapide de 10 kilomètres, le tram pourra circuler sans s’arrêter à 100 kilomètres par heure. Le réseau de tram urbain de Luxembourg sera prolongé jusqu’à Leudelange et une ligne de tram de 7,5 kilomètres sillonnera Esch-sur-Alzette jusqu’à son terminus à Belvaux-Mairie.
Le tram entrera dans Esch-sur-Alzette par le quartier d’Esch-Schiffange et passera par Lallange, dont l’entrée en ville sera redessinée, Lankeltz, Benelux, Quartier Bruch, Raemerich, Université, Belval-Lycée et Belval-Sud. Tous ces arrêts seront reliés aux autres modes de transport. Le but est d’atteindre depuis chaque arrêt le plus d’usagers possible dans un rayon de 500 mètres. Les quartiers de Belval et d’Esch-Schifflange étant les plus prometteurs en ce sens.
Un tram toutes les 15 minutes
Le ministère espère pouvoir mettre en service cette nouvelle ligne de tram en 2028 entre la Cloche d’or et le quartier d’Esch-Schifflange, où les premiers habitants seront déjà installés. La totalité du concept devrait être terminée en 2035.
Ce tram rapide n’est qu’un des aspects de ce couloir. Il sera doté d’«une piste cyclable sans croisements» pour la rendre encore plus rapide. «Cette piste se divisera en deux pistes distinctes à l’entrée d’Esch-sur-Alzette. La première mènera directement à Belval en suivant l’autoroute et la deuxième passera par le sud et traversa les quartiers Esch-Schifflange, Gare et Rout Lëns pour arriver à Belval en empruntant la nouvelle passerelle», note le ministre qui n’oublie pas de préciser que les pistes cyclables seront pourvoyeuses d’usagers du tram : «Nous voulons que les localités à proximité de cette piste réfléchissent à des manières de la rendre accessible de manière sécurisée.»
Autre innovation : la bande d’arrêt d’urgence va être supprimée sur l’autoroute entre Foetz et Leudelange. «Cela va permettre de créer une voie de circulation supplémentaire en cas de trafic dense durant les heures de pointe et de libérer la voie de droite pour les bus et le covoiturage.» D’autres travaux d’infrastructures devront également être réalisés, notamment pour reconfigurer le réseau routier adjacent.
«Seize projets spécifiques de construction d’infrastructures routières devront être réalisés. Le plus important et le plus ambitieux sera d’optimiser cette autoroute la plus fréquentée du pays», estime le ministre. «Sept échangeurs seront optimisés ou sécurisés et des rues seront apaisées, notamment à Leudelange, Wickrange, Pontpierre et Foetz. Nous réaliserons également quelque chose de très important pour l’environnement qui avait été oublié à l’époque de la construction de l’autoroute : un passage à gibier.»
Quand tout cela aura été mis en place, il ne faudra plus que 14 minutes pour relier la Cloche d’or et le quartier d’Esch-Schifflange et 26 minutes pour aller jusqu’à Belval-Université. C’est le temps nécessaire pour y accéder en train depuis la gare de Howald. Il y aura un tram toutes les 15 minutes entre les deux terminus et toutes les 7 minutes lors des heures de pointe entre le futur quartier d’Esch-Schifflange et la Cloche d’or.
Sophie Kieffer
Une loi de financement dans deux ans
L’objectif de François Bausch est de pouvoir déposer une loi de financement fin 2022 qui permettrait de réaliser la première partie du couloir avant 2028. «Elle pourrait ainsi être votée dans cette période législative, de sorte que lorsque le tracé du tram entre Findel et Cloche d’or sera terminé, les travaux du tram rapide pourront commencer», explique François Bausch. «J’ai le même objectif pour la route d’Arlon. Ces projets sont un tout.» Le tram devrait arriver à la Cloche d’or fin 2023.
En parallèle, les projets des boulevards de Merl et de Cessange qui accueilleront le tram seront développés à Luxembourg ainsi que le projet devant mener au pôle d’échanges du centre hospitalier sur la route d’Arlon. Le projet est d’envergure et le ministre a assuré hier que l’État prendrait ses responsabilités en matière de financement, étant donné qu’il est essentiel pour le développement économique du pays.
Une solution qui n’a pas de prix
«Ce projet est avant-gardiste pour la ville d’Esch-sur-Alzette», s’est réjoui son bourgmestre Georges Mischo hier. «Elle compte 37 000 habitants, mais quand les quartiers d’Esch-Schifflange et de la lentille Terres-Rouges seront développés, elle atteindra entre 50 000 et 55 000 habitants, a-t-il poursuivi. Un tram rapide sera la solution pour se déplacer aisément, même intra-muros, sans devoir avoir recours à la voiture et tomber dans les bouchons. C’est une solution qui n’a pas de prix pour Esch. Nous l’attendons avec impatience.»
«Une partie d’un tout»
«Ce projet montre une fois de plus que le tram n’a de sens que s’il s’inscrit dans un tout», affirme Lydie Polfer, bourgmestre de Luxembourg où tout a commencé. «Ce projet est une partie importante d’une stratégie d’ensemble qui doit permettre de relier la ville et ses nombreux emplois au sud du pays. Il permettra d’améliorer la qualité des transports en commun et de multiplier les possibilités de se déplacer. (…) J’aimerais une baguette magique pour que les travaux soient déjà terminés, mais en attendant il faudra passer par un chantier, je sais de quoi je parle. Mais il ne faut pas oublier son objectif de départ.»
