Château : à Contern, il faut sauver les murs

L’opposition communale à Contern a mis un petit coup de pression qui lui a permis de remporter un petit succès. Cette semaine, le DP et déi gréng ont alerté les médias des intentions du collège échevinal de démolir «un ensemble de bâtiments d’une valeur patrimoniale et historique importante» pour le village qui figure parmi les plus anciens du pays.

Joignant à leur démarche des extraits d’archives attestant de la valeur du bâtiment, les opposants à sa démolition reconnaissent que d’un point de vue architectural l’ancienne ferme ne présente pas un grand intérêt. Mais ce qu’ils veulent surtout sauvegarder, ce sont les murs d’un mètre d’épaisseur, vestiges de l’ancien château médiéval du seigneur Von der Feltz. Cet ancien mur d’enceinte n’est pas protégé par le Service des sites et monuments nationaux (SSMN), ce qui a fait craindre le pire à l’opposition communale. La bourgmestre CSV, Marion Zovilé-Braquet, n’a pas prévenu le SSMN de ses intentions alors que ce service a également pour mission de conserver et de protéger le patrimoine féodal et fortifié. Le plan d’aménagement général de la commune ne prévoit pas non plus de sauvegarder ce corps de ferme. «Les responsables communaux de l’époque n’ont pas voulu le protéger pour ne pas se retrouver bloqués dans le futur», se souvient Claude Schmit (déi gréng).

En octobre dernier, le collège échevinal avait présenté à la population son projet d’aménagement du cœur du village qui comprend la démolition de l’ancienne ferme, propriété de la commune, pour ériger à la place une maison communale. «Contern en compte déjà une, entièrement rénovée, mais elle est devenue trop étroite», nous indique Claude Schmit.
L’opposition communale a donc alerté elle-même les Sites et Monuments ainsi que le Centre national de recherche archéologique, «car il y a certainement encore des vestiges romains en dessous», est persuadé Claude Schmit. En attendant, c’est surtout le mur qui l’intéresse et, lors du conseil communal qui s’est déroulé mercredi soir, la bourgmestre a assuré qu’il serait sauvé. «Mais elle a quand même signé l’autorisation de démolition», croit savoir le conseiller déi gréng. En dépit de nos efforts pour obtenir des réponses de la part de Marion Zovilé-Braquet, elle est restée silencieuse. Selon Claude Schmit, elle a très peu apprécié la sortie de l’opposition dans la presse.

Intégrer les vestiges

Les signataires du communiqué souhaiteraient que le collège échevinal prenne le temps de mener des études. «Il n’y a peut-être plus de château à Contern, mais il y a encore des traces que l’on ne doit pas faire disparaître car il s’agit de l’histoire du village», insiste Claude Schmit qui peut compter sur le soutien des conseillers Jean-Jacques Arrensdorff (déi gréng), Eric Eifes (DP) et Guy Lorent (DP). Si le projet du nouveau centre du village a été présenté à la population, il n’a pas encore été discuté en conseil. «Nous n’avons voté aucun projet et nous n’avons pas non plus le budget qui s’y rapporte. Il y a juste la démolition qui a été votée.»

L’opposition appelle aussi de ses vœux un réaménagement de cette place centrale, mais aimerait que les vestiges soient intégrés au projet. «On peut créer un beau centre du village, mais il ne faut pas tuer son âme», estime encore Claude Schmit. Pour l’opposition, il n’y a pas d’urgence à démolir, sinon en profiter avant la nouvelle loi sur la protection du patrimoine que la ministre Sam Tanson (déi gréng) a présentée au cours de l’été. La bourgmestre avance des raisons de sécurité, estimant que la ferme présente un danger. «Je ne vois pas où se situe le danger, la maison est fermée et personne n’y pénètre», observe Claude Schmit. Il attend maintenant une réaction des Sites et Monuments qui ne saurait tarder.

Geneviève Montaigu