Natur&ëmwelt organise ce week-end le traditionnel recensement des oiseaux des jardins. Tout le monde est invité à participer à cette campagne en observant les petits volatiles depuis son jardin ou son balcon.
C’est la 16e fois déjà que l’association natur&ëmwelt propose aux habitants de participer au recensement des oiseaux des jardins dans le pays. Petits et grands qui le souhaitent sont donc invités à observer, durant une heure qu’ils auront choisie, les oiseaux qui viennent gazouiller dans leur jardin ou sur leur balcon. Il suffit ensuite de reporter les données récoltées, telles que les espèces d’oiseaux et leur nombre respectif, sur un formulaire en ligne disponible sur le site naturemwelt.lu, où sont également fournies des instructions de comptage ainsi que des photos des espèces les plus communes en hiver. De quoi s’occuper et amuser les bambins pendant cette période où les activités sont très limitées et aussi tenter sa chance pour remporter différents prix.
Si les données ainsi collectées ne sont pas établies sur une base scientifique ni rapportées par des ornithologues, il n’en demeure pas moins qu’elles sont utiles pour obtenir une estimation des populations des espèces fréquentes dans les zones urbaines. Ce qui permet d’établir des tendances, telles que l’augmentation ou au contraire la diminution de ces espèces. «Il y a une marge d’erreur plus grande que s’il s’agissait d’experts bien sûr, mais cela donne une bonne indication des évolutions, ce qui peut nous amener ensuite à procéder à un recensement scientifique», explique Lieke Mevis, de natur&ëmwelt.
Une épidémie a ainsi frappé les mésanges bleues début 2020, causant la mort de plusieurs centaines de petits oiseaux. Le recensement de 2021 permettra par exemple d’avoir une idée de l’impact de la bactérie Suttonella ornithocola sur les individus.
Des dizaines d’espèces menacées
Surtout, cette campagne participative permet d’amener les habitants à plus se préoccuper de la faune qui les entoure. «Souvent, les gens ne se rendent pas compte de ce qu’il y a autour d’eux. Là, on se met devant sa fenêtre ou dans son jardin pour observer les oiseaux, on s’y intéresse et on découvre d’autres aspects liés à l’écologie. Or, lorsqu’on connaît quelque chose, on a plus envie de le protéger.»
Car au Luxembourg comme partout en Europe, les populations de certaines espèces d’oiseaux sont en chute libre. Même si les animaux urbains, comme le merle ou le moineau, arrivent à s’adapter car ils suivent l’homme et ses activités, «tant les animaux dans le milieu urbain que ceux dans le milieu rural sont menacés, même si la pression est plus forte dans le milieu rural», insiste Lieke Mevis. Pas moins de treize espèces d’oiseaux ont ainsi disparu du Grand-Duché, sept sont en danger critique, huit en danger, onze sont considérées comme vulnérables et 24 sont sur le point d’être menacées de disparition.
En cause ? La disparition des insectes du fait de l’agriculture intensive et des pesticides dans les champs, mais surtout, dans nos villes, la perte d’habitat. «En ville et dans les villages, les restrictions en matière de pesticides sont beaucoup plus sévères que sur les champs, précise Lieke Mevis, donc un jardin avec une forte biodiversité, c’est-à-dire avec des arbres, des broussailles, etc. constitue un habitat parfait pour les oiseaux qui peuvent y trouver à manger et des endroits pour se cacher et nicher.»
Exit donc les jardins bétonnés et les haies en pierre pour ceux qui veulent favoriser la biodiversité. «Les gens ne veulent pas avoir trop de travail, mais en fait c’est bien pour les animaux de ne pas avoir un jardin trop propre !», fait savoir Lieke Mevis.
Interdiction aussi est faite par la loi, quoique souvent enfreinte, de déloger les nids. Si en général, les petits oiseaux ne gênent pas trop les habitants, il en va autrement pour les oiseaux plus gros, comme les corbeaux freux, dont les fientes et le croassement peuvent déranger certains. «Il existe des solutions, comme des planches sous les nichoirs pour les hirondelles par exemple qui permet de limiter la saleté sur la façade de la maison. Pour les haies, c’est mieux de les tailler en hiver, quand de toute façon il n’y a pas de nid», rappelle Lieke Mevis, qui invite chacun à trouver un moyen de coexistence avec les volatiles. Car au fond, «il faut une tolérance envers les animaux, ils ont eux aussi le droit d’être là. C’est souvent une question de sensibilisation. Lorsque les gens se rendent compte que la situation est temporaire – deux ou trois mois, parce que les oiseaux ont tendance à revenir dans les villes seulement durant la période de reproduction, l’endroit étant plus protégé qu’en plein champ –, ils acceptent mieux la situation.»
Tatiana Salvan
Nourrir les oiseaux en hiver
Oui, on peut donner à manger et à boire aux oiseaux en hiver : cacahuètes (non grillées et non salées); amandes, noix, noisettes et maïs concassés (non grillées et non salées); petites graines de millet ou d’avoine; fruits décomposés (pomme, poire flétrie, raisin), fait savoir la Ligue de protection des oiseaux. «À cette période, avec les températures en baisse et un sol peut-être couvert de neige, les oiseaux ont du mal à trouver à manger. Or avec le froid, ils ont besoin de plus d’énergie», explique Lieke Mavis, de natur&ëmwelt, qui souligne cependant : «Plus il y a de biodiversité dans son jardin, moins il y a besoin d’aider les animaux à passer l’hiver.»
Mésanges, merles et moineaux
L’an passé, plus de 650 participants et sept classes scolaires ont participé au recensement des oiseaux de nos jardins. La mésange charbonnière, qui avait été remarquée dans 89 % des jardins luxembourgeois, était alors apparue comme l’espèce la plus fréquente autour de nos maisons et jardins, rétrogradant le merle à la deuxième place. Ce dernier était en effet le plus présent en 2019. En 2020, il a été observé dans 85 % des jardins. La mésange bleue (80 %), le moineau domestique (74 %) et le rouge-gorge (68 %) ont aussi été fréquemment rencontrés. «Le moineau domestique était à nouveau, avec un total de 5 037 individus, l’espèce avec le plus grand effectif, en moyenne près de 11 par jardin», souligne natur&ëmwelt.