Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La non-bénédiction publique des tombes incite bon nombre de fidèles à s’adapter. Dimanche, pour la Toussaint, ils n’étaient pas nombreux dans les cimetières, mais ils disent garder la foi.
Originaire d’Esch-sur-Alzette, Annette se recueille chaque année au cimetière d’Esch-Lallange le jour de la Toussaint, puis au cimetière de Notre-Dame de Luxembourg le lendemain, «car la bénédiction (publique) des tombes se fait d’habitude à 16h au cimetière de Lallange, pour la Toussaint, et à 15h au cimetière de Luxembourg-Limpertsberg, à l’occasion du jour des Morts.»
Mais en cette année particulière, Annette a décidé de bouleverser ses habitudes en se rendant dimanche au cimetière de la capitale, car elle vit à proximité de celui-ci.
Compassion face aux restrictions
Par rapport aux interdictions liées à la pandémie, Annette se montre toutefois très compatissante : «Je comprends la décision de l’archevêché concernant la non-bénédiction des tombes, car chaque année, les gens affluent vers les portes d’entrée des cimetières, se bousculent même un peu. Surtout s’ils pensent arriver en retard, car ils ne trouvent pas de parking. Et, lorsqu’ils sont devant les tombes, la distanciation nécessaire est difficile à respecter, en raison de l’espace souvent restreint existant entre les sépultures.»
Ceci dit, la fidèle explique faire comme d’ «habitude» : «J’ai fait comme chaque année; c’est-à-dire que je nettoie les deux tombes de mes proches, plusieurs jours à l’avance. Ensuite je réfléchis à comment je vais la fleurir, mais j’opte le plus souvent pour des chrysanthèmes jaunes.» De manière plus générale, que ce soit face à la pandémie, ou par rapport au terrorisme qui vise les catholiques, Annette garde un esprit positif et optimiste : «D’après mes impressions, les gens ne se sont pas laissé abattre. Et en ce qui concerne les catholiques comme moi-même, j’ai pu sonder toutes les personnes que je côtoie et je peux assurer que nous gardons la foi et restons confiants face au Covid, même s’il y a peu de monde dans les cimetières.» Car bien que peu de monde se soit déplacé, du moins au cimetière Notre-Dame, les tombes étaient bien fleuries. Et dans sa partie inférieure, deux belles couronnes d’œillets et de chrysanthèmes, envoyées par le gouvernement et la Ville de Luxembourg, avaient été placées à côté de la croix de Hinzert.
Bénédictions adaptées à la pandémie
L’archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, a adressé un message aux fidèles, le jour même de l’annonce des nouvelles restrictions annoncées par le gouvernement : «Étant donné que les statistiques du nombre d’infections au Covid-19 ont augmenté de manière drastique, et en vue de préserver la santé des gens, spécialement celle des personnes vulnérables, j’ai pris la décision, après avoir consulté le Conseil des évêques, d’annuler les bénédictions des tombes publiques prévues pour la Toussaint et le jour des Morts. Il va de soi que les bénédictions, prévues en amont, sont également touchées par cette annulation (…) Cela dit, l’archevêque a également indiqué que «les tombes seront (ont déjà été) pourtant bénites, mais sans publication de date et sans présence de fidèles» et qu’il invitait «le public à se souvenir des morts et, si les conditions sanitaires et légales le permettent, se rendre individuellement aux tombes».
De plus, les cloches du pays ont sonné dimanche (et sonneront également aujourd’hui) à 12h05, pour honorer la mémoire des défunts. Par ailleurs, l’archevêque présidera une messe pour les défunts, ce lundi matin à 9h30, en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg (sur inscription au préalable), dédiée aux défunts de l’archidiocèse et spécialement aux victimes de la pandémie.
De son côté, l’église de Knaphoscheid (Wiltz) a célébré, dimanche matin, une messe retransmise en direct, à destination notamment des personnes malades et de celles se trouvant en maisons de soins et de retraite. À l’occasion de cette messe, l’Église a envoyé un message, à partir de l’autel, selon lequel les tombes de ce village sont bénies. Enfin, une messe sera également célébrée en la cathédrale Notre-Dame «pour les évêques, chanoines prêtres et diacres décédés», lundi à 9h.
Claude Damiani
