La Ligue HMC lance «Go inclusive», un programme qui marque la nécessité d’une société ouverte aux handicapés.
De quoi ont besoin les personnes affectées d’un handicap mental pour prendre la place qui leur est due dans la société? Et, eux, que veulent-ils recevoir? Voilà les questions posées par le programme «Go inclusive».
Depuis 1963, la Ligue HMC se charge de deux grandes missions : sensibiliser le public à la situation des personnes touchées par le handicap mental et permettre à celles-ci de s’inclure tant que possible dans la société.
L’inclusion, d’ailleurs, est un terme nouvellement utilisé. «Nous parlons désormais d’inclusion et moins d’intégration, souligne le président du conseil d’administration de la ligue, Norbert Ewen. Ce mot souligne mieux le fait que tout le monde a la même valeur, peut profiter des mêmes droits et choisir son projet de vie. Même si, évidemment, certains ont besoin d’aide pour y arriver.» Selon l’ONU, depuis 2007, l’inclusion est même un droit de l’homme.
L’accès au travail est un axe essentiel de l’action de la Ligue HMC, puisqu’un peu plus de 200 personnes sont employées par l’association. «Nous comptons 26 ateliers dans des domaines très différents pour permettre à chacun de trouver sa voie», explique le responsable du département formation et travail, Christof Müller. Les encadrants se chargent de la formation et de l’accompagnement de ces travailleurs qui disposent d’un contrat de travail rémunéré au salaire minimum non qualifié.
Parmi les ateliers, on trouve deux restaurants (à Capellen et Erpeldange-sur-Sûre), une structure d’agriculture maraîchère (fruits, légumes et produits dérivés) à Olm, un groupe d’artistes, le collectif Dadofonic, qui prépare actuellement une pièce de Samuel Beckett, des ateliers de sous-traitance (recyclage, emballage…) ainsi que des ateliers de céramique, de reliure, de serrurerie, de menuiserie, de tissage ou de cannage.
«Les choses vont dans le bon sens»
L’idéal est que les personnes handicapées intègrent des entreprises et des collectivités compréhensives qui aménagent pour elles des postes de travail. «La grande barrière avec le monde du travail est que les employés handicapés ne sont pas aussi productifs que les autres…», glisse Norbert Ewen.
Néanmoins, certains employeurs ont franchi le pas. «La Ville de Luxembourg est un excellent partenaire, assure Christof Müller. Plusieurs handicapés que nous encadrons ont intégré le service des parcs ou le service d’hygiène. La SuperDrecksKëscht ou les supermarchés Cactus sont également mobilisés.» Ces salaires font l’objet de subventions de la part de l’État.
Globalement, la Ligue HMC se félicite d’être entendue par les pouvoirs publics. «Les choses vont dans le bon sens», affirme Christof Müller. Bien sûr, certains pays sont en avance sur la question, notamment dans le nord de l’Europe, mais le directeur du département formation et travail de la Ligue HMC se méfierait aussi de prises de décision aventureuses. «Intégrer plus de handicapés dans les entreprises serait une bonne chose, encore faudrait-il avoir les moyens de les encadrer comme il le faut…», prévient-il.
Erwan Nonet