Le secteur a évité le pire et est parvenu à rentrer dans ses frais. Notamment grâce aux bons de 50 euros et aux Luxembourgeois qui ont pris leurs «Vakanz Doheem».
La majorité des campings sont encore fermés pour le moment au Luxembourg. La saison commence à Pâques. Champions du nombre de nuitées par an – un million de nuitées, soit un tiers du total des nuitées enregistrées au Luxembourg chaque année –, ils luttent aujourd’hui pour leur existence et cherchent à se réinventer. Linda Gedink, secrétaire générale de la fédération Camprilux, explique que si la pleine saison a été fructueuse, c’est loin d’être le cas du début de saison et que l’avenir reste plus qu’incertain pour les 80 campings du Grand-Duché. «Nous sortons d’une semaine de congés scolaires, mais elle n’a pas été bonne pour les rares campings déjà ouverts en cette saison, indique-t-elle. On dit aux gens de rester chez eux et de ne pas voyager.» Une recommandation qui perdure.
«Nous avons perdu toute l’avant-saison. Fin mai, les campings n’ont pas travaillé et en juin, ils ont accueilli à peine 30% de leur clientèle habituelle à la même époque, nous précisait-elle au mois d’août dernier. En juillet-août, je dirais que les campings luxembourgeois étaient à plus ou moins 80% de leurs capacités habituelles. La venue des touristes a varié en fonction des décisions prises dans les pays d’origine quant au pays de destination.»
Six mois plus tard, le constat reste identique : «L’année était spéciale, comme tout actuellement.» La fédération a soutenu ses membres du mieux possible en les aidant à demander des aides financières ou à mettre en place les mesures sanitaires dans leurs établissements. «Les circonstances étaient compliquées et certains exploitants de camping ont été plus durement touchées que d’autres», notait la présidente Florence Kirtz-Bertemes, à l’occasion de l’assemblée générale de Camprilux qui s’est tenue récemment. Mais aucun d’entre eux ne serait en difficulté pour l’instant. «Les campings spécialisés dans la clientèle de transit ont perdu jusqu’à 50% de pertes de chiffres d’affaires. Ils ont dû adapter leur offre à une autre clientèle» pour sortir la tête de l’eau. Le secteur aurait réussi à limiter les pertes et à couvrir les frais de fonctionnement.
Les Luxembourgeois à la rescousse du secteur
Malgré un mauvais début, l’année n’aurait pas été aussi catastrophique que redoutée. Le début a été abrupt, mais les longs week-ends de mai auraient adouci l’humeur des exploitants et des touristes. «Nous avons pu travailler bien que certains pays aient déconseillé de se rendre au Luxembourg depuis l’étranger, précise la secrétaire générale de la fédération. Les clients ont annulé leur séjour, d’autres ont fait de nouvelles réservations. Nous avons été bien occupés à gérer tout cela.»
Les bons de 50 euros distribués à l’initiative du ministère du Tourisme ont également été une aide précieuse pour le secteur. Dix mille d’entre eux ont été utilisés pour payer des nuitées dans les campings. Les touristes luxembourgeois à la découverte de leur propre pays à la suite de la campagne «Vakanz Doheem» ont compensé l’absence de touristes étrangers, même si les touristes néerlandais étaient fidèles au rendez-vous. «Nous avons été confrontés à une situation inédite et ne pouvions nous référer à rien», se souvient Linda Gedink. C’est toujours le cas. L’avenir reste incertain. «Nous avons encore très peu de réservations pour cet été. Les gouvernements continuent de conseiller aux gens de ne pas voyager. Nous comprenons l’incertitude ressentie par les gens, mais l’incertitude est du poison pour le secteur du tourisme.» La secrétaire générale comprend cette prudence dont font preuve les gens et espère que la situation sanitaire s’améliore.
Pour encourager les gens à passer des vacances au camping, la fédération compte sur des actions de Luxembourg for Tourism. «Nous aimerions lancer des actions pour attirer les touristes, mais il est encore trop tôt pour en parler», note Linda Gedink. Nous essayons par divers moyens de conserver le contact avec les clients fidèles pour qu’ils ne nous oublient pas. Ils nous disent qu’ils se réjouissent de pouvoir revenir.»
Le camping est, selon elle, un lieu de vacances adapté à la situation actuelle : «Les gens dorment dans leurs propres espaces, ils ne dépendent pas d’un moyen de transport pour rentrer chez eux, ils sont en plein air…» Des arguments qui, elle l’espère, feront mouche.
Sophie Kieffer