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Ça respire dans les communes?


Le secrétaire d'État au Développement durable, Camille Gira (à dr.), étend le dispositif du contrôle de la pollution de l'air aux communes. (photo: le Quotidien)

Le dispositif du contrôle de la qualité de l’air, jusqu’alors centralisé par l’administration de l’Environnement, s’étend aux communes.

Le Grand-Duché possède dix stations de mesurage de la qualité de l’air dans tout le pays. Il s’agit de stations «en continu», qui permettent une surveillance générale. Mais le secrétaire d’État au Développement durable, Camille Gira, souhaite aller plus loin.

Mercredi, il a dévoilé un vaste plan de contrôle en partenariat avec les communes. «Un succès vu l’engouement volontaire des bourgmestres», salue-t-il d’emblée. Dès le mois de janvier, 36 communes vont être équipées, avec une centaine de points de relevé à la clef.

Ce maillage va permettre de relever les émissions de dioxyde d’azote (NO2), le polluant en lien direct avec la circulation automobile. L’administration de l’Environnement va bénéficier d’une cartographie précise. Pour le moment, sur les postes historiques, trop d’axes sont encore au-dessus des seuils à ne pas dépasser fixés par l’Union européenne.

En 2017, malgré la baisse générale constatée, quatre mesurages dépassaient encore les 40 microgrammes de NO2 par mètre cube : deux compteurs placés à deux endroits différents du boulevard Kennedy à Esch-sur-Alzette, la station de l’avenue de la Liberté à Luxembourg et enfin celle de Remich.

D’autres axes, à Hesperange, Bacharage, Bettembourg ou encore Ettelbruck, flirtent aussi avec la limite. Des dépassements connus dans les grandes villes européennes, mais des villes comparables comme Thionville ou Metz affichent des moyennes annuelles d’au moins dix points inférieures.

La voiture reste reine

La circulation automobile reste donc une problématique importante au Grand-Duché. Les flux frontaliers n’y sont pas étrangers. «À Remich par exemple, si le compteur s’affole, c’est à cause de la densité de la circulation sur un espace confiné, à savoir des petites rues», explique Pierre Dornseiffer, un spécialiste de l’administration de l’Environnement.

Moins l’espace est ouvert, plus les gaz stagnent… Mais la culture de la voiture propre au Luxembourg joue aussi. Ainsi à Esch-sur-Alzette, la machine à relever les compteurs a été promenée d’un bout à l’autre du boulevard Kennedy, calculant la pollution dans les endroits empruntés par les frontaliers comme dans les lieux plus «luxembourgeois» (près de la gare).

Résultat : un dépassement du seuil de NO2 quasiment identique.
Camille Gira, figure de l’écologie au Luxembourg, déplore cette situation : «Dans certaines communes, on estime que plus de 30 % des déplacements résultent des parents qui amènent leur enfant à l’école en voiture. Avec tous les réseaux de bus que nous mettons en place, ce n’est pas normal.»

Le secrétaire d’État reste optimiste : «Quand on multiplie les alternatives à la voiture sur les trajets courts, on obtient des résultats.» Et de citer, aux côtés d’un échevin de Bertrange, l’exemple du développement du vélo public dans cette commune : «D’une vingtaine de vélos, ils sont passés à plus de cent pour des trajets réguliers!»

Pour Camille Gira, inclure les communes dans les relevés est aussi une façon de faire descendre l’écologie sur le terrain. Les habitants vont avoir une application sur leur GSM, qui leur permettra eux-mêmes de voir la qualité de l’air au point de relevé le plus proche.

«C’est à nous, l’État, de donner l’impulsion sur les grands projets : tram, trains, piste cyclable nationale, etc. Mais les communes ont le pouvoir de changer les choses aussi. La zone de partage à 20 km/h instaurée par Bertrange est une réussite concrète. Moins la voiture roule vite, moins il y a de pollution. Plus l’espace est ouvert, plus on a envie d’y marcher.»

Hubert Gamelon

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