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Bus 100% électriques : « Une première mondiale » à Differdange !


Le bus s'arrête sous la structure (un pantographe) et, lorsque la connexion se fait, cinq minutes sont suffisantes pour remplir 80% des batteries. (photo Tania Feller)

Les nouveaux Diffbus 100% électriques parcourront la commune dès le mois de mai. Ils seront opérés par Sales-Lentz.

Georges Hilbert est le directeur technique de Sales-Lentz, la société qui exploitera les quatre bus Volvo 100% électriques. Il revient sur le défi que constitue ce saut technologique. Il promet que des acteurs du secteur des transports publics venus du monde entier se déplaceront à Differdange pour observer cette petite révolution.

Les futurs Diffbus 100% électriques vont arriver d’ici quelques mois à Differdange. Qu’apporteront-ils de nouveau ?

Georges Hilbert : L’intérêt est double. D’une part ces bus n’émettent absolument aucune émission, puisqu’il n’y a plus de moteur diesel à bord, et d’autre part ils sont complètement silencieux. On n’entend qu’un petit sifflement qui est dû au frottement de l’air et à celui des pneus. Dans une ville comme Differdange, où les rues sont plutôt étroites, cela n’a pas de prix.

Comment ces bus seront-ils rechargés en électricité ?

Ils reviendront chaque nuit dans notre dépôt de Bascharage où ils seront nettoyés, contrôlés et rechargés. Ici, les batteries seront complètement remplies et toutes les cellules seront remises à niveau. C’est indispensable pour garantir leur endurance. Après avoir quitté le dépôt, les bus referont une nouvelle charge – rapide cette fois – sur l’un des deux pantographes qui seront installés à Differdange. L’un sera à proximité du parc Gerlache, l’autre à côté du parking du centre hospitalier. Le bus s’arrêtera sous la structure et, lorsque la connexion se fera, cinq minutes seront suffisantes pour remplir 80% des batteries.

illustration : Sales-Lentz

illustration : Sales-Lentz

Quelle sera l’autonomie des nouveaux bus ?

Elle sera de 20 km au minimum. Puisque chaque boucle des quatre lignes mesure entre 7,5 et 8,5 km, les bus seront en capacité de réaliser deux tours. Toutefois, il est prévu qu’ils rechargent leurs batteries à chaque boucle. Ce n’est qu’en cas de nécessité – si une route a été bloquée et que le bus a du retard, par exemple – qu’il effectuera un deuxième tour dans la foulée.

Quelles seront les caractéristiques des bus pour les usagers ?

Ils seront plus longs que les bus actuels, 12 m au lieu de 10. Leur capacité augmentera pour passer à 90 places, dont 36 assises. On y accèdera par trois portes à double battant. Les seuils seront abaissés pour que les personnes à mobilité réduite puissent les emprunter facilement. Ils seront équipés de prises USB pour recharger les smartphones, les éclairages seront tous équipés de leds, à l’intérieur et à l’extérieur, pour économiser l’énergie. Bien évidemment, il y aura le chauffage et l’air conditionné, qui fonctionneront à l’électricité. Les sièges seront plus confortables qu’actuellement.

Les bus differdangeois seront les premiers à sortir de l’usine. Quelles relations entretenez-vous avec Volvo, le fabricant ?

Ces bus seront les Volvo 7900 électriques, qui sont dérivés du 7900 hybride électrique, lui-même dérivé du premier bus hybride. Or Sales-Lentz avait acquis en novembre 2009 ce premier bus hybride sorti des usines Volvo. Il s’agissait déjà d’une première mondiale. Nos relations avec Volvo sont donc excellentes. Si nous avons des soucis, nous contactons directement le directeur du département Recherche et Développement Volvo électrique à Göteborg (NDLR : en Suède).

Vous êtes finalement un laboratoire pour la marque ?

Oui! Pour eux, nous sommes un acteur de petite taille sur un petit marché tout en étant d’envergure nationale : c’est très intéressant. D’autant qu’aucun gros opérateur n’avait encore osé franchir le pas. La première fois, nous avions acheté un véhicule et pris des options sur d’autres. Le lancement avait été bon, le suivi technique avait été réalisé par des ingénieurs de production et de recherche de Volvo et la collaboration s’est toujours très bien passée. C’est un échange très profitable pour les deux parties.

Techniquement, il y a beaucoup de différences entre l’entretien d’un diesel et celui d’un moteur électrique. Comment va se passer le suivi des bus ?

Des employés de Sales-Lentz vont être formés, mais comme il s’agit d’une première mondiale, nous avons signé un contrat d’entretien et de garantie étendu avec Volvo. Nous profiterons ainsi d’une technologie de pointe pour tout le service après-vente. L’entretien s’effectuera chez le concessionnaire Volvo, à Livange. Ils vont agrandir leur atelier et investir dans l’outillage nécessaire. Tout sera prêt au printemps.

Connaissez-vous déjà les dates de réception des bus ?

Oui, le premier arrivera au cours de la deuxième semaine d’avril et les trois autres un peu plus tard. Ils sont produits en Pologne (NDLR : à Wroclaw).

On imagine que les premiers tours de roues seront particulièrement scrutés par le constructeur…

Bien sûr, mais pas seulement. Je peux vous dire qu’il y aura du tourisme électrique à Differdange à partir du mois de mai ! D’autres opérateurs et responsables politiques du monde entier vont venir en pèlerinage à Differdange pour observer cela. Nous avons des contacts avec des personnes d’Allemagne, de Chine, du Japon, d’Inde qui attendent la mise en service de ces tout nouveaux bus et qui ont prévu de venir !

Entretien avec Erwan Nonet

La ligne RGTR26 bientôt en hybride électrique

Si la révolution 100% électrique aura lieu à Differdange, la mobilité électrique ne se limite évidemment pas qu’à cela. Ainsi, le 1er février, Sales-Lentz opèrera les transports sur la ligne RGTR 26 (Belle-Étoile, Bertrange, Leudelange, Cloche d’or, gare centrale) avec un bus Volvo 7900 électrique hybride nouvelle génération qui, comme les futurs Diffbus, pourra profiter d’une charge rapide grâce à un pantographe. La première station de recharge rapide du pays a ainsi été inaugurée à la mi-décembre à Bertrange, du côté de la gare CFL.

«Le caractère hybride de ces bus offre une autonomie plus importante, ce qui permet de les utiliser sur des lignes régionales, et non plus urbaines», explique le directeur technique de Sales-Lentz, Georges Hilbert. Une deuxième pantographe devrait être installé cette année à Alzingen. Si le test de la ligne 26 est concluant, le même type de bus circulera prochainement sur la ligne 215, entre Bascharage et Luxembourg.

« On peut aller encore plus loin »

Les Diffbus circulent depuis une dizaine d’années à à Differdange. Actuellement, les trois boucles (fréquence de 30 min, de 6h à 18h) sont effectuées par des bus diesel. À partir du mois de mai, avec l’arrivée des 100% électriques, une quatrième ligne sera mise en service.

«Elle circulera à Niederkorn et, ainsi, tous les quartiers de la commune seront desservis», se félicite Roberto Traversini. Le député-maire écologiste s’est particulièrement engagé dans la réalisation de ce projet : «C’est une première mondiale ! Aucune ville n’offre un réseau de bus 100% électrique, nous serons les premiers !» Cette nouveauté ne mettra pas fin à la gratuité du réseau à l’utilisation la plus élevée du pays (105 000 personnes par mois), alors que le service coûtera un peu plus cher à la ville. «Mais le surcoût, finalement, n’est pas énorme, indique-t-il. Actuellement, les trois lignes nous reviennent à un peu moins de 800 000 euros par an. Pour les quatre lignes 100 % électrique, le budget ne passe qu’à 1,1 million d’euros.»

Le bourgmestre a déjà en tête l’idée de développer l’usage de l’électricité au-delà des Diffbus. «Les deux pantographes ne seront pas réservés uniquement à ces bus, ils pourront aussi être utilisés par les bus TICE et RGTR, d’ailleurs ils seront installés exprès sur leurs parcours. Mais on peut aller encore plus loin : j’imagine déjà les bennes à ordures électriques se recharger grâce à eux…»