Un pop-up store entièrement dédié aux Playmobil vient d’ouvrir au centre commercial La Belle Étoile, proposant vente au détail et galerie d’art. De quoi réjouir les amateurs !
À la caisse, un petit garçon hésite : il dispose de 50 euros offerts par sa grand-mère et a déjà choisi les figurines Playmobil de Harry Potter, Voldemort, Ron et Hermione. Les négociations sont dures avec sa maman pour en obtenir une cinquième ! Il faut dire que le choix est difficile parmi les milliers de figurines proposées dans ce temple éphémère entièrement dédié aux Playmobil et aux Lego qui vient d’ouvrir ses portes au rez-de-chaussée du centre commercial La Belle Étoile, à Bertrange.
Pendant trois mois, le pop-up store «Les petits mondes de Ivy-Rose» va ainsi proposer à la vente des figurines neuves, sorties d’usine ou customisées à la main (voir encadré), mais aussi des personnages géants ainsi que des tableaux. Car c’est là la particularité de la boutique de Cédric Evrard, l’homme à l’origine du projet : mêler commerce et galerie d’art. Aux côtés de figurines vendues au détail («une manière de concilier économie et écologie en ne vendant pas tous les emballages superflus», explique-t-il) se trouvent des pièces uniques de près d’un mètre de haut ainsi que des tableaux des artistes Adrian Limon, Ivan Madrigal et Richard Unglick. «Je suis le seul en Europe à proposer une boutique de vente au détail avec une galerie d’art», précise Cédric Evrard. Un concept unique qui veut faire le «grand écart» entre les clients fortunés et ceux plus modestes afin que tous y trouvent leur compte dans l’univers Playmobil.
La boutique a ainsi accueilli dès son ouverture début avril l’œuvre de l’une des stars montantes du custom pop art en Belgique, Art Hugo EP. Une œuvre qui s’est vendue en une heure à peine ! «Deux autres vont suivre en exclusivité pour notre boutique, un hommage à Hergé et un clin d’œil à Banksy», prévient Cédric Evrard, qui réserve également deux autres surprises, et de taille, à la clientèle luxembourgeoise : d’ici la fin du mois, Les petits mondes de Ivy-Rose accueilleront deux œuvres monumentales de l’artiste Alice B. Ces tableaux de 115 kg chacun et de 140×200 cm sont des reproductions de tableaux représentant Napoléon (dont on célèbre cette année le bicentenaire de la mort), à la sauce Playmobil bien sûr ! «Ce sont des pièces maîtresses pour le marché luxembourgeois, souligne avec enthousiasme Cédric Evrard. Elles sont éditées à 10 exemplaires seulement, signées et numérotées, et il n’y aura que ces deux copies au Luxembourg. C’est merveilleux !»
Des pièces pour lesquelles il faudra tout de même débourser plusieurs milliers d’euros. Pas de panique pour ceux dont le portefeuille est moins fourni : les bacs et les étagères foisonnent de petits personnages bien plus accessibles, et capables de répondre à toutes les attentes. Car aux côtés des classiques policiers, ouvriers et princesses et des personnages du moment, comme les figurines de Harry Potter ou Game of Thrones, on trouve aussi des nouveautés bien plus surprenantes : les Playmobil sirènes, ou… les personnages des Bronzés font du ski ! «Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est l’une des meilleures ventes de ces derniers mois ! La demande est aussi forte pour les figurines du Père Noël est une ordure ! Elles sont d’ailleurs en cours de séchage», fait savoir Cédric Evrard, qui ajoute : «Il n’existe pas vraiment une pièce absolument unique que tout le monde s’arrache. Souvent les gens font des collections qu’ils complètent par des Playmobil, comme cette dame qui collectionne les clowns.»
Un réseau de passionnés
Sa pièce fétiche à lui ? Un pirate de 1,50 mètre. «J’ai eu un coup de foudre, ça ne s’explique pas ! Ce qui est sûr, c’est que je ne la vendrai pas de mon vivant, ou alors pas avant de très nombreuses années !» Si Cédric Evrard ne vend que du neuf et ne court donc pas les brocantes, ni ne rachète des Playmobil, il fait toutefois parfois jouer son réseau pour tenter de retrouver une pièce chère à un collectionneur. «Parfois ça marche, d’autres fois, non. Il y a des pièces qui sont définitivement perdues…»
Car l’engouement pour les Playmobil ne démord pas depuis la création de la marque allemande en 1974. «Les Playmobil sont indémodables. Et ne sont pas réservés aux enfants !», insiste le passionné, qui ne veut plus entendre parler de «syndrome de Peter Pan». «Environ 65% de ma clientèle est adulte. Il y a des collectionneurs bien sûr, mais aussi des psychothérapeutes qui utilisent les personnages dans le cadre de leur travail ou des médecins, par exemple, qui vont acheter les figurines géantes pour décorer leur salle d’attente.»
C’est en devenant père que ce photoreporter de métier est retombé en amour pour les Playmobil, il y a une dizaine d’années. S’il redécouvre la passion de son enfance en jouant avec sa fille Ivy-Rose, c’est un reportage effectué en 2006 à la foire aux Playmobil de Clémency qui le fera entrer dans le monde des collectionneurs. En 2019, il saute le pas et ouvre sa première boutique éphémère, à Ostende, en Belgique. Le succès est phénoménal : «Nous avions des centaines de clients par jour !»
Envisage-t-il d’ouvrir une boutique permanente ? «Bien sûr, j’y pense. Mais je préfère attendre la fin de la crise sanitaire pour l’envisager vraiment. Je ne suis pas considéré comme un commerce essentiel, ce serait compliqué de survivre.» Car il a déjà souffert de la crise. Même s’il a pu compter sur le précieux soutien de ses clients, qui ont préféré acheter chez lui, quitte à payer un peu plus cher. De son côté, en marque de soutien aux soignants, il a assuré l’ouverture de sa boutique d’alors à Waterloo 7 j/7 et 24 h/24 pour leur permettre de passer lorsqu’ils en avaient le temps. «J’ai eu des clients à 23h, 1h ou 6h du matin !», se remémore-t-il.
Mais Cédric Evrard, qui fourmille de projets ne s’inquiète pas. «J’ai eu des propositions pour ouvrir des pop-up stores à Hong-Kong, Miami, Paris et Londres ! Mais là encore, pas avant 2022, le temps que la crise passe !»
Tatiana Salvan
Plus de photos et d’infos sur la page Facebook Les petits mondes de Ivy-Rose
Des figurines customisées
En plus des figurines sorties d’usine, Cédric Evrard propose des figurines entièrement customisées par ses soins ou ceux de quatre autres artistes qui l’accompagnent, avec chacun leur domaine de prédilection : personnages Avengers, militaires, ou encore issus la BD belge, la spécialité de Cédric. Les artistes utilisent pour leurs créations l’impression 3D, le moulage et même des outils de dentisterie. «La réalisation d’une figurine peut prendre une journée comme une semaine. Le travail peut être extrêmement minutieux, comme lorsqu’il s’agit de sculpter la crosse tête de loup de Jon Snow, l’un des personnages-phares de la série Game of Thrones.» Des figurines forcément plus coûteuses (compter entre 40 et 100 euros contre moins de 10 euros pour les figurines habituelles), que les amateurs sauront apprécier.