Le ministre de la Mobilité, François Bausch, et celui de l’Énergie, Claude Turmes, ont inauguré mercredi les deux premières bornes de recharge SuperChargy.
La transition énergétique dans le domaine du transport franchit un nouveau cap. Deux des quatre-vingt-huit bornes de recharge pour véhicules électriques SuperChargy qu’il est prévu d’installer en trois ans ont été inaugurées mercredi à Luxembourg-Kirchberg.
Le marché automobile de l’électrique semble avoir le vent en poupe et le prochain Autofestival devrait le confirmer, selon le ministre de la Mobilité, François Bausch. Mais la route a été bien longue depuis que le ministre écolo s’est rendu au siège de la société Chargy il y a quatre ans, comme il l’a souligné : «Depuis lors, beaucoup de choses se sont passées dans le domaine de l’électromobilité. Il existe, en effet, au moins une borne Chargy dans 100 des 102 communes du pays. De ce fait, le Luxembourg dispose de l’un des réseaux les plus denses de bornes de recharge au niveau européen. Et même si toutes les 800 bornes Chargy qui avaient été prévues ne sont toujours pas installées, il en existe tout de même environ 456 à travers le pays et je reste optimiste pour la suite du déploiement.»Le ministre poursuit : «Le marché de l’électrique s’est fortement développé entretemps. Et le système SuperChargy que nous inaugurons aujourd’hui est l’un des meilleurs et des plus flexibles en Europe.»
Quatre-vingt-huit bornes d’ici trois ans
Le marché des véhicules électriques a quasiment explosé grâce à l’octroi des primes étatiques, si bien qu’aujourd’hui «près de 11 000 véhicules sont immatriculés en tant qu’électriques. Mais désormais il faut passer à l’étape suivante, à savoir celle de la recharge plus rapide de leurs batteries», a déclaré le ministre François Bausch.
Et pour ce faire, 88 bornes de recharge SuperChargy seront installées à travers tout le pays. Au total, dix-neuf sites sont concernés, à commencer par les stations-services des grands axes autoroutiers, puis des autres grands axes du pays. Deux types de bornes pourront être installés. Les bornes de 320 kW le seront sur les autoroutes, autres grands axes routiers et P&R et permettront de parcourir une distance de 100 km pour cinq minutes de recharge. Celles de 160 kW sont destinées aux routes secondaires, dont celles qui traversent les villages et la campagne.
Si l’ensemble des bornes seront installées dans les deux à trois ans, «la priorité sera d’en proposer avant la fin de l’année sur les autoroutes A3 et A6 au niveau des aires de Capellen et de Berchem». En guise de conclusion, François Bausch a indiqué «lancer un bon signal en amont de l’Autofestival, lequel sera placé sous le signe de l’électrique».
Claude Damiani
«Paiement par carte bancaire dès avril»
Le directeur général de Creos, Marc Reiffers, a qualifié cette inauguration de «jour historique». Avant, pour lui, de préciser : «Creos apporte sa petite contribution à la transition énergétique que vise le gouvernement. Dans un premier temps, une phase test est mise en place, mais à partir du mois d’avril, les capacités de recharge seront complètement assurées. Dès ce mois-là, il sera possible de payer sa recharge avec n’importe quelle carte de crédit. À titre de comparaison, il faut de quatre à cinq heures, à l’heure actuelle, pour recharger une batterie de 50 kW. Avec les nouvelles bornes, il faudra vingt minutes pour recharger sa batterie sur une borne de 160 kW et environ dix minutes sur une borne de 320 kW. Si l’on compare le temps nécessaire pour faire le plein avec un véhicule essence ou diesel, paie-ment à la caisse compris, cela prend environ aussi dix minutes.»
Claude Turmes : «Une année particulièrement décisive pour le climat»
Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, se félicite d’une double transition.
Quand un pas est franchi en matière de transition énergétique et qu’il l’est le même jour qu’une autre transition, celle-là politique et qui concerne la présidence américaine, le ministre écolo Claude Turmes ne peut que se ré-jouir : «Aujourd’hui est un grand jour pour la protection climatique, mais également un grand jour d’un point de vue international avec le départ du président américain qui s’est retiré de l’accord de Paris. Si l’on y ajoute le fait que la COP26 de Glasgow se tiendra en novembre, je peux aisément affirmer que cette année sera particulièrement décisive si l’on veut remporter la course contre le changement climatique. Il s’agit d’un nouveau départ.»
Le ministre de l’Énergie a ajouté : «Pour le Luxembourg, il s’agit aussi d’une course en vue d’obtenir zéro émission de CO2, et l’électromobilité constitue, en ce sens, une pierre angulaire absolue, car on offre une alternative claire à l’essence et au diesel. De plus, en cette période de pandémie, l’élec-tromobilité accrue ne peut que réduire la pollution sonore.»Le ministre a en outre souligné que le Luxembourg a participé à la promulgation d’une directive européenne qui oblige les constructeurs à fabriquer plus de 150 modèles électriques, alors qu’auparavant les quelques modèles électriques construits n’étaient pas forcément attrayants.
La validité des primes devrait être prolongée
Concernant l’aide financière à l’acquisition d’une 100 % électrique, Claude Turmes a rappelé, à quelques jours de l’Autofestival, qu’une prime de l’ordre de 8 000 euros est actuellement octroyée. Pour un véhicule hybride, on peut compter sur 2 500 euros d’aide. «Ces primes courent jusqu’au 31 mars, mais la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, est en train de travailler sur une extension de ce délai.»
Une autre aide existe, précise le ministre : «Afin que les gens puissent recharger leur véhicule dans leur garage, le programme clever lueden propose une aide dans le cadre du plan de relance Neistart Lëtzebuerg, pour la fourniture d’une station de recharge (NDLR : prime pour l’installation d’une borne de recharge à domicile) ou d’une autre possibilité de recharge de son véhicule. Nous avons déjà plus de 250 demandes pour cela.»
Enfin, le ministre a tenu à insister sur le fait que seule l’électricité verte, c’est-à-dire produite à par-tir du soleil, du vent ou de l’eau, des sources renouvelables et respectueuses de l’environnement, était utilisée dans ces bornes de recharge.
C.D