La centrale thermique d’Esch-sur-Alzette, jadis alimentée par les hauts-fourneaux, va disparaître fin avril. La plupart des habitants penseront : «Tant mieux, nous n’aurons plus cette verrue».
Il y a un juste milieu entre une friche sale et les hauts-fourneaux trop léchés de Belval. Mais cette friche était belle. Pour beaucoup d’étrangers, notamment venant de France, elle a été le premier repère d’Esch-sur-Alzette. Il y a des cicatrices qui sont importantes, qui montrent que l’on a vécu : cette cicatrice donnait envie d’aimer Esch, de se dresser à ses côtés, de défendre cette ville.
Alors quoi ? Il faudrait que tout soit neuf, que tout soit à la mode ? Espérons qu’Esch ne deviendra pas une ville neutre et insipide, comme il y en a trop aujourd’hui. «J’ai admiré l’industrie, écrivait Victor Hugo en arrivant à Liège. C’est un beau spectacle, qui, la nuit, semble emprunter à la tristesse solennelle de l’heure quelque chose de surnaturel.»
Même en friche, la magie opérait encore.
Hubert Gamelon