La commune de Remich porte un projet particulièrement ambitieux : la création d’un nouveau quartier qui permettrait à la commune de passer la barre des 5 000 habitants d’ici dix ans.
Dans le bas de Remich, la promenade le long de la Moselle va prochainement être totalement transformée. Mais sur les hauteurs, c’est le périmètre urbain qui est tout près de s’agrandir. Remich est sur le point d’évoluer en profondeur.
Remich est, en superficie, la plus petite commune du Grand-Duché. La Perle de la Moselle ne compte que 5,3 km² pour, selon les derniers chiffres du Statec, 3 632 habitants. Ces données mènent logiquement à une densité de population élevée autour de 686 habitants. Et, comme partout ailleurs dans le pays, la population continue d’augmenter, la pression immobilière est forte. D’autant que la qualité de vie des rives de la Moselle rend la région prisée. La commune a donc un problème : comment continuer à croître sans perdre son identité?
Henri Kox, le bourgmestre écologiste, a une solution. Il travaille depuis cinq ans à la mettre en place. « Il existe encore des terrains disponibles au Gewännchen, mais le projet est compliqué puisque les 22 hectares appartiennent à 121 propriétaires! », explique-t-il.
Cet espace ouvert, aujourd’hui essentiellement occupé par des terres agricoles, se situe entre la forêt qui sépare Remich de Stadtbredimus (au nord) et la limite actuelle des habitations. Non loin, en somme, de l’école et du centre scolaire et sportif Gewännchen, où jouaient les basketteurs des Musel Pikes avant leur déménagement à Stadtbredimus.
Une société coopérative pour les propriétaires
Mais trouver une issue collective à ce cadastre façon confettis est une gageure. Pourtant, le député-maire est convaincu que le remembrement est proche. Avec l’aide d’un bureau d’étude, il a porté l’idée d’un regroupement des propriétaires au sein d’une nouvelle société coopérative. « À l’issue de plusieurs réunions qui ont permis d’expliquer le concept, une majorité d’entre eux ont accepté, ce qui permet de simplifier beaucoup la procédure .» D’autres ont donné leur accord à ce projet de nouveau quartiers, sans toutefois adhérer à la coopérative. Aujourd’hui, seul « un ou deux propriétaires n’ont pas encore donné leur accord », reconnaît Henri Kox.
Le bourgmeste reste toutefois confiant. Il compte sur une nouvelle loi qui devrait permettre de faciliter des échanges de terrains avec les récalcitrants ne souhaitant absolument pas vendre lors des remembrements. « O n peut imaginer échanger leurs superficies actuelles avec des terres qui sont à la marge du projet par exemple », avance-t-il. Son souhait, c’est que « le projet soit sur les rails avant les élections », mais il estime que le programme tout entier occupera les deux prochains mandats.
L’idée, justement, est de mettre en place un habitat relativement dense principalement à destination des jeunes familles. « Il y a beaucoup d’appartements mais peu de maisons à des prix accessibles, souligne-t-il. C’est donc ce que nous souhaitons offrir ici .» Henri Kox imagine 40 logements à l’hectare au maximum. C’est beaucoup, puisque cela représente environ 1 500 habitants, soit plus du tiers de la population actuelle de la commune!
Alors que le trafic engorge déjà Remich, le concept de circulation devra être sans failles pour que la ville n’étouffe pas sous l’arrivée de nouveaux habitants. « Nous sommes en train d’y travailler! », affirme Henri Kox. Mais la mobilité n’est pas le seul sujet de préoccupation, la question de l’énergie est également au centre de son attention. « Notre modèle, même si le contexte est très différent, c’est le quartier qui va sortir des friches de Wiltz », avance-t-il. Quant aux différentes infrastructures indispensables, Remich a déjà pris de l’avance. La station d’épuration, par exemple, est calibrée pour une population de 5 000 à 5 500 habitants.
Malgré un espace restreint, Remich est donc à la veille de passer un cap. Sa population pourrait dépasser les 5 000 habitants d’ici 2027.
Erwan Nonet