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Bettembourg en lutte contre «le fléau» des mégots


La commune ne veut plus voir tant de mégots par terre (Photo d'illustration : AFP).

La commune de Bettembourg est la première du pays à installer des cendriers destinés à récupérer des mégots afin qu’ils soient recyclés.

Un mégot pollue 500 litres d’eau; un mégot met 15 ans pour se dégrader; deux millions de cigarettes sont fumées chaque jour au Luxembourg et deux tiers des mégots se retrouvent dans la nature et sur les trottoirs des communes… Ces chiffres interpellent. Gusty Graas (DP), l’échevin en charge de la gestion de l’eau et des déchets à Bettembourg, n’hésite pas à parler de «fléau». La commune a décidé de s’associer à Shime pour lutter contre cette pollution. «Leur projet est intéressant et c’est un moyen de lutter contre la pollution des mégots, confie Gusty Graas. Et nous sommes la première commune à nous lancer.»

Créée en 2017 et basée à Contern, la société spécialisée dans la responsabilité sociale des entreprises (RSE) s’est lancée il y a un an dans la lutte contre la pollution par les mégots et leur recyclage en s’associant avec la société française MeGO! «Notre but est avant tout que les mégots ne soient plus jetés au sol. Cet objectif est le même que celui de la stratégie « Null Offall Lëtzebuerg » de la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg, indique le directeur de Shime, Stéphane Herard. Et selon des retours d’expérience en France, on estime à 30 % la réduction des mégots jetés au sol du fait de la sensibilisation et du recyclage, car il donne un sens au geste vertueux et incite les fumeurs à mettre leurs mégots dans les cendriers et non plus à les jeter au sol.»

Des cendriers «made in Luxembourg»

Trente cendriers ont été installés. (Photo : Julien Garroy)

Trente cendriers ont été installés. (Photo : Julien Garroy)

Bettembourg est donc la première commune du pays équipée de cendriers de Shime. Dudelange et Schifflange vont suivre (lire encadré). Il y en a 30 en tout, certains en forme de cigarettes, d’autres nommés cendriers «je vote» où une question est inscrite à laquelle le fumeur répond par oui ou par non en jetant son mégot dans la réponse choisie. Et il y a des «cendriers made in Luxembourg», c’est-à-dire cocréés par Shime et l’entreprise Berl, également installée à Contern. Personnalisé avec le logo de la commune, ce cendrier a une contenance de 8 000 mégots (4 000 mégots équivalent à un kilo). Il protège les mégots de la pluie grâce à une ouverture sur le côté et offre une solution unique de vidange par aspiration, évitant ainsi tout contact entre les personnes et les déchets. Et c’est Shime qui va s’occuper de récupérer tous les mégots afin de les stocker avant de les réexpédier en Bretagne pour qu’ils soient recyclés afin de devenir du mobilier urbain (lire ci-dessous). «Notre ambition est donc d’aider à réduire le nombre de mégots au sol et, par là même, la pollution des eaux, et de contribuer à l’objectif affiché par le gouvernement de réduction comprise entre 50 % et 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2005, conclut Stéphane Herard. Et, pourquoi pas, faire du Luxembourg le premier pays européen « zéro mégot ».»

Guillaume Chassaing

Bientôt Schifflange et Dudelange

Bettembourg est la première commune du pays à s’allier avec l’entreprise Shime pour installer des cendriers afin de récolter des mégots qui seront ensuite recyclés pour devenir du mobilier urbain. Mais elle n’est pas la dernière. À Schifflange, dix cendriers «made in Luxembourg», cocréés par Shime et l’entreprise Berl, sont déjà installés, ainsi que quatre autres en forme de cigarettes. Et d’ici la fin du mois, Dudelange sera également équipée de 16 cendriers, dont dix «made in Luxembourg». Et dans les prochaines semaines, le directeur de Shime, Stéphane Herard, annonce que «des communes de Moselle» vont suivre le mouvement. Plusieurs entreprises, telles que PwC, lux-Airport, la BCEE, le cabinet Arendt, le campus Contern, Bamolux, les hôtels Ibis, le centre Auchan de la Cloche d’Or, Translators… sont également, depuis un an, des partenaires de Shime dans sa lutte contre les mégots. Et depuis la mise en place de ce projet, Shime a déjà récolté entre 350 et 400 kilos de mégots (un kilo, c’est 4 000 mégots) et va prochainement en réexpédier 250 kilos en Bretagne pour qu’ils soient recyclés afin de devenir du mobilier urbain (lire ci-dessous).

 

Gusty Graas et Stéphane Herard posent avec le résultat d'une «récolte de mégots» : un tabouret. (Photo : Julien Garroy)

Gusty Graas et Stéphane Herard posent avec le résultat d’une «récolte de mégots» : un tabouret. (Photo : Julien Garroy)

Et les mégots deviennent mobilier urbain…

C’est un symbole. Il y a deux ans, le député Gusty Graas a posé une question parlementaire concernant la lutte contre les mégots en évoquant pour la première fois la société française MeGO! «C’est comme ça que nous avons découvert la société bretonne et son procédé unique et vertueux, indique Stéphane Herard, le directeur de la société Shime, basée à Contern et créée en 2017. Nous nous sommes rapprochés d’eux. Et aujourd’hui, nous sommes le partenaire de MeGO! pour la Moselle, le Luxembourg et la Belgique.»

Broyés, dépollués…

En effet, les mégots récupérés dans les cendriers installés dans les communes et les entreprises partenaires de Shime au Grand-Duché sont ensuite envoyés en Bretagne, et plus précisément dans le Finistère à Bourg-Blanc, non loin de Brest. Et là-bas, «les mégots sont tout d’abord broyés, explique Stéphane Herard, puis dépollués dans un circuit d’eau fermé, car je rappelle qu’un mégot contient environ 2 400 substances nocives. Et après, c’est par un procédé de thermocompression qu’ils valorisent les mégots en mobilier urbain.»

Et c’est comme ça que les mégots deviennent à la fin un assis-debout ou un tabouret pour ceux qui ont envie de faire une pause tranquillement… ou de se griller une cigarette.