Les auberges de jeunesse et leurs activités ont été une alternative aux séjours à l’étranger pour les familles luxembourgeoises. Mais leur fréquentation reste insuffisante pour sauver la saison.
«Ici, à Luxembourg-Ville, nous avons un taux d’occupation de 75% en été. Nous ne l’atteindrons pas cet année, c’est certain», indiquait Martine Backendorf, en juin dernier, alors que les auberges de jeunesse venaient de rouvrir leurs portes après le confinement.
Près de trois mois plus tard, l’intuition de la responsable de l’animation et de la communication au sein du réseau des auberges de jeunesse luxembourgeoises se confirme. «La saison a été catastrophique, mais moins que nous l’avions pensé. Nous avons enregistré une perte. L’an dernier, nous avons totalisé 160 000 nuitées. Fin juillet, nous n’étions qu’à 32 000 pour cette année. Au mois de juin, par exemple, nous n’avons eu sur l’ensemble du réseau que 9 000 nuitées contre 20 000 l’année précédente, note-t-elle. Sans compter les deux mois de fermeture durant le confinement après lesquels le redémarrage a été très lent.»
Le tourisme local pour sauver les meubles
Les touristes étrangers ainsi que les classes scolaires et les groupes – qui constituent la clientèle principale du réseau – ont manqué à l’appel. Un manque que les touristes luxembourgeois ont tant bien que mal tenté de combler. «Le réseau a enregistré une hausse de 13,7% de familles qui ont séjourné dans une de nos auberges. Le nombre de clients luxembourgeois a augmenté de 2%, précise Martine Backendorf. Le bon de 50 euros du ministère du Tourisme y est pour quelque chose. Cela fait quelques années que nous cherchons à accroître le nombre de visiteurs nationaux et en ce sens, la pandémie s’est avérée positive en ce qui nous concerne.» Deux semaines après leur émission, 300 bons avaient déjà été transformés en séjours auprès du réseau d’auberges de jeunesse.
Ce changement de clientèle a eu des retombées négatives pour les auberges de jeunesse de Luxembourg et Esch-sur-Alzette, habituellement les mieux fréquentées du réseau. «Ici, à Luxembourg, nous recevons beaucoup de touristes étrangers, des routards ou des groupes. Ils nous ont manqué cette année à cause de la crise, explique Martine Backendorf. Les autres auberges de jeunesses en zones rurales ont été davantage appréciées par les Luxembourgeois.»
Le bon… au bon moment
Principalement celles de Lultzhausen et d’Echternach, proches d’étendues d’eau où se rafraîchir. Le réseau avait d’ailleurs développé deux formules pour encourager les Luxembourgeois à passer des vacances d’été dans leur pays et correspondre aux recommandations du ministère du Tourisme. «Contre le bon de 50 euros, nous proposons une nuit en pension complète ou deux nuits avec le petit-déjeuner. La deuxième formule a eu pas mal de succès», note Martine Backendorf.
Les activités organisées traditionnellement dans les diverses auberges de jeunesse ont pu peu à peu reprendre après le confinement, comme le mur d’escalade ou le trampoline à Echternach, les aires de jeux couvertes ou les activités aquatiques. Le tout dans le respect des normes sanitaires. Certaines ont eu plus de succès que d’autres. «Nous avons été dépassés par l’ampleur des demandes pour nos activités à la base nautique de Lultzhausen. Nous ne nous y attendions pas, reconnaît la responsable. Nos formules permettant d’aller d’une auberge de jeunesse à l’autre à pied ou à vélo ont également extrêmement bien fonctionné auprès des Luxembourgeois et des touristes issus de la Grande Région.»
Encore beaucoup d’annulations
Des touristes qui ont préféré annuler leur séjour après que le Luxembourg a été classé pays à risque par l’Allemagne et la Belgique. «Nous avons régulièrement des annulations en fonction de la situation du virus au Luxembourg et dans les pays qui avaient l’habitude de visiter le Luxembourg, avoue la responsable. Mais nous sommes heureux que les Luxembourgeois nous aient soutenus, même si la fréquentation de nos auberges n’aura pas été suffisante pour conclure à une bonne année.» Et ce, d’autant plus que les taux d’occupation des chambres a été automatiquement réduit par les mesures sanitaires en vigueur. «Les clients individuels ne sont qu’à deux par chambre prévue pour cinq et les groupes à quatre maximum», explique Martine Backendorf.
La saison d’hiver, elle aussi, s’avère rude. «À partir de novembre, l’activité ralentit jusqu’au printemps. L’auberge de Lultzhausen est même fermée car plus personne ne s’y rend, conclut Martine Backendorf. Nous espérons que les bons qui n’ont pas encore été échangés le seront dans nos auberges à ce moment-là par des marcheurs ou pour des week-ends prolongés. Nous comptons énormément dessus pour améliorer notre situation.»
Sophie Kieffer