Ouvert depuis avril dernier à Leudelange, le Yabani Art and Food by Chiche! est à la fois une galerie d’art et un restaurant japonais. Visite guidée.
La maison Steichen de Leudelange revit. Rachetée par la commune, elle est occupée depuis le 6 avril dernier par le Yabani Art and Food by Chiche!. «La commune a organisé des ateliers avec ses résidents l’an dernier et il est ressorti de ces discussions que les habitants voulaient plus de vie au centre de la commune, raconte Marianne Donven, l’une des associés de Chiche!. Raphael Gindt, qui est échevin à Leudelange et un artiste reconnu, est venu me voir pour faire un Chiche! avec un côté artistique. Je lui ai dit : pas de problème.» Au fil des mois, le projet prend forme pour faire de la maison Steichen une galerie d’art et un restaurant.
Une galerie d’art tout d’abord. Le visiteur – on peut venir sans manger – ou le convive peut déambuler de salle en salle en admirant les murs et les œuvres (peintures, photographies, sculptures…) de Sader, Stick, Gery Oth, Rafael Springer, Raphael Gindt, Laurent Turping, Paulo Lobo, Joëlle Daubenfeld, Marie-France Philipps. Il y a même des photos de Joe Etienne dans les toilettes… «C’est une vraie galerie d’art, réaffirme Marianne Donven. Ces œuvres seront exposées pendant trois mois environ et peuvent être achetées directement aux artistes. Après on changera, sauf les œuvres qui nous appartiennent comme certains Koi. On fonctionne comme une galerie d’art et on va renouveler les œuvres d’art assez souvent. Et comme dans toutes les galeries d’art, la porte est ouverte à tout le monde. On discute aussi avec la commission culturelle de la commune pour organiser des conférences, des lectures ou des concerts. Le Yabani est le lieu de tous les arts.»
Une vocation sociale
et solidaire
Et aussi celui de l’art culinaire. Car comme c’est indiqué dans son nom (Art and Food by Chiche!), le Yabani est aussi un restaurant. Mais s’il fait partie de la famille Chiche!, le Yabani ne fait pas de la cuisine libanaise, syrienne et du Moyen-Orient. Point de falafels, mezzés, grillades, brochettes à la carte comme chez ses grands frères du Limpertsberg ou d’Esch-sur-Alzette (lire encadré ci-dessous), mais des sushi, des sashimis, des makis, de la soupe miso, du chahan, du yaki udon… Oui, le Yabani est un restaurant japonais. «Chadi, notre chef, a toujours été et est toujours fasciné par la culture japonaise et il adore cette cuisine, raconte Marianne Donven. Il a fait des essais il y a plusieurs mois, et comme c’était bon, on a dit chiche pour un restaurant japonais. Il s’appelle Yabani, qui veut dire japonais en arabe. Et son chef est un Syrien.»
Et en cuisine et en salle, comme dans les deux autres Chiche!, il y a toutes les nationalités représentées. Car comme chez ses grands frères, le Yabani a une vocation sociale et solidaire. Son objectif est d’offrir une porte d’entrée dans le monde du travail à ceux qui en sont éloignés, comme les réfugiés, et pour tous ceux pour qui le travail est la clé du déblocage d’une situation compliquée. «Aujourd’hui, sur les trois restaurants, nous avons 43 salariés. Il y a des réfugiés, des étudiants… Ils viennent de divers horizons, souligne Marianne Donven. Et si on retrouve une certaine normalité dans les prochains mois, nous allons encore embaucher.»
Le Yabani est ouvert depuis le 6 avril, mais seulement en terrasse en raison de la crise sanitaire due au Covid-19. Chadi, Marianne Donven et toute l’équipe du lieu ont hâte d’être à mardi pour pouvoir accueillir les clients en salle (49 couverts en tout). «On a eu un démarrage lent pendant un mois pour s’adapter et apprendre, conclut Marianne Donven. Maintenant, nous sommes prêts à une ouverture (presque) normale.»
Guillaume Chassaing