Pour faciliter la cohabitation des cyclistes et des piétons au parc municipal, la Ville de Luxembourg instaure de nouvelles règles dans les allées : les usagers sont plutôt mitigés.
Pour présenter les nouvelles règles de circulation dans les allées du parc municipal, les échevins de la Ville de Luxembourg, Serge Wilmes (CSV) et Patrick Goldschmidt (DP) ont enfourché leur vélo, venant gonfler les chiffres du compteur de bicyclettes près du rond-point Schuman : avant midi, la machine affichait déjà 502 cyclistes.
En moyenne, chaque jour, ce sont ainsi plus de 1 400 vélos qui traversent le parc municipal. C’est ce score, «en constante augmentation» selon l’échevin chrétien-social, qui a poussé les autorités communales à réglementer les allées et venues dans le parc : depuis aujourd’hui, des chemins sont réservés exclusivement aux piétons, d’autres aux cyclistes, le reste demeurant, comme c’était le cas jusqu’à présent, ouvert à tous les usagers.
La Ville justifie ces nouvelles règles par la nécessité d’organiser la cohabitation entre vélos et piétons à cet endroit : «Alors que certains visiteurs se promènent à pied, flânent avec les enfants, d’autres, à vélo, souhaitent pouvoir circuler plus vite. Cela a déjà donné des situations conflictuelles, donc il fallait clarifier», indique Serge Wilmes.
Ce n’est pas l’avis des usagers que nous avons rencontrés : pour eux, il n’était pas nécessaire d’en arriver là. «Je me déplace presque tous les jours à vélo et je passe souvent par le parc. Il arrive parfois que des gens à pied n’entendent pas ma sonnette alors je dois me signaler par la voix, mais globalement, il n’y a pas de problème», confie Nina, une habitante du quartier de Merl.
Marcio, lui, fait la grimace devant le plan détaillant les nouvelles règles en vigueur : «Je viens régulièrement courir ici et je trouve dommage de ne plus pouvoir emprunter librement les allées. On devrait encourager les gens à faire attention les uns aux autres au lieu d’imposer des règles. C’est un pas en arrière», estime cet habitant du Kirchberg, qui aime profiter du parc, tant à vélo qu’à pied, et dont les habitudes vont être bousculées. «Quand je suis à vélo, j’aime passer au milieu du parc, et je vois que ce n’est plus autorisé désormais», regrette-t-il.
«On aurait préféré un autre message»
Du côté de l’association ProVelo, dont la manifestation le 5 juin dernier avait rassemblé plusieurs centaines de personnes, on déplore que la Ville ait fait le choix d’empiéter sur la mobilité douce au lieu du trafic motorisé : «On aurait préféré un autre message», commente la présidente, Monique Goldschmit.
«La Ville juge qu’il y a trop de cyclistes dans le parc, et sa solution est d’instaurer des restrictions dans cet espace depuis longtemps dédié à la mobilité douce, au lieu de créer de nouveaux espaces pour les cyclistes sur les voies du trafic motorisé», analyse-t-elle.
En réponse à l’une des principales revendications de ProVelo – une piste cyclable bidirectionnelle sécurisée sur le boulevard Prince-Henri, les deux échevins ont insisté ce mercredi sur la mise en place, à l’intérieur du parc pour l’instant, d’un itinéraire réservé aux cyclistes ou presque, qui longe le fameux boulevard entre l’avenue Marie-Thérèse et l’avenue Émile-Reuter.
Ce nouveau tronçon est présenté comme «la liaison directe entre les itinéraires cyclables déjà en place» en attendant un projet définitif de piste cyclable sur le boulevard Prince-Henri, hors du parc : «Des études de faisabilité sont en cours, et on va le faire», a ainsi annoncé Serge Wilmes.
Une nouvelle qui satisfait ProVelo : «Si le projet définitif ne tarde pas, cette solution est acceptable pour nous», réagit la présidente, qui espère maintenant que le provisoire ne s’éternisera pas.
Christelle Brucker