Ce serait dommage de rater la visite. Le château d’Aspelt reste ouvert au public jusqu’à dimanche avant de servir de siège à différentes associations, mais ses alentours sont charmants.
La charpente de la tour gothique médiévale et le remarquable escalier en colimaçon qui y mène valent à eux seuls le détour, mais la ferme-château d’Aspelt, patrimoine national, offre bien plus encore. D’abord le résultat de sa rénovation, qui est remarquable, certes pour un budget de huit millions d’euros (État/commune), et son cadre, au cœur du village d’Aspelt.
La jolie place qui fait face à l’église offre un bel espace sur lequel veille désormais la statue en bronze de Pierre d’Aspelt, dévoilée par le Grand-Duc Henri la semaine dernière.
Cette belle résidence baroque a été édifiée en 1590, à l’emplacement de l’ancien château médiéval qui se dressait là trois siècles plus tôt. La ferme-château est restée une exploitation agricole jusqu’au début des années 90 et les derniers occupants ont définitivement quitté les lieux peu avant 2000, date à laquelle la commune a acheté le domaine.
Un bel exemple de conservation du patrimoine
Il n’est pas destiné à être visité. Les spacieuses pièces que l’on trouve sur trois niveaux, combles inclus, serviront à abriter des associations locales. La chorale Sainte-Sophie, les Amis de l’Histoire de la commune de Frisange, les Amis du château d’Aspelt et les Fraen a Mammen (femmes et mères). En revanche, les espaces verts en cours d’aménagement offrent déjà une petite promenade bucolique le long du mur d’enceinte où court la vigne vierge.
Il aura donc fallu attendre 20 ans pour découvrir ce joyau au centre du village, un bel exemple de conservation du patrimoine qui lui offre un cachet exceptionnel.
Depuis 2012, des fouilles archéologiques ont été réalisées par le Centre national de recherche archéologique (CNRA) sur l’ensemble du site. Les anciens murs sont toujours visibles dans les dépendances à l’heure actuelle avant que ces bâtiments soient aussi rénovés et transformés en gîtes touristiques.
Ce sera la prochaine étape de ce projet d’envergure qui n’a pas encore livré tout son potentiel. Si la rénovation s’est faite en collaboration avec le ministère de la Culture, la prochaine phase intéresse le ministère du Tourisme. En plus des gîtes, il est prévu d’y installer une épicerie proposant des produits du terroir. Du vrai tourisme rural, idéal pour des escapades à vélo.
Une grande salle pour les mariages civils
Pour la commune de Frisange, cette rénovation dans son annexe d’Aspelt lui offrira la possibilité d’utiliser la grande salle principale pour organiser les mariages civils, qui se déroulaient auparavant au sein de la maison communale, à quelques kilomètres de là.
Depuis la crise du coronavirus, les communes ont pu bénéficier d’une dérogation pour déplacer leurs cérémonies civiles dans les lieux qui se prêtent mieux à l’observation des restrictions sanitaires. Le gouvernement va d’ailleurs déposer un projet de loi qui vise à asseoir dorénavant cette possibilité de déplacer des cérémonies de mariage. Pour Frisange, cela tombe bien, la nouvelle maison communale est en pleine construction.
En attendant, et jusqu’à dimanche, le château est ouvert au public ainsi que ses annexes, dont l’une, déjà restaurée, propose une exposition philatélique temporaire organisée dans le cadre du 700e anniversaire de la mort de Pierre d’Aspelt. Le public pourra profiter jusqu’à dimanche d’un bureau de poste temporaire.
Geneviève Montaigu
Péiter vun Uespelt, «faiseur de rois»
Pierre d’Aspelt, né vers 1240 à Aspelt (comté de Luxembourg) et mort le 4 juin 1320, est un ecclésiastique. L’inauguration du château rénové a eu lieu le jour du 700e anniversaire de son décès. Évêque de Bâle et archevêque de Mayence, il est également fondateur de la chartreuse de l’Archange-Michel, près de Mayence. Il a été maître d’école et médecin.
Le puissant comte Henri IV de Luxembourg l’attacha à sa personne et le prit pour médecin. Le séjour qu’il fit à la cour lui donna de fréquentes occasions de faire apprécier ses talents et son expérience dans les affaires, aussi, le comte Henri finit-il par le consulter souvent, non seulement sur sa santé mais encore sur ses affaires domestiques et sur des questions de politique.
Au cours de sa vie, Pierre d’Aspelt a été l’instigateur du couronnement de pas moins de trois rois : Henry VII, Jean l’Aveugle et Louis de Bavière, d’où son surnom de «faiseur de rois»