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Amnesty International : «On nous a confisqué l’espace public»  


Olivier Pirot, le directeur d’Amnesty International Luxembourg, regrette cette décision, mais la juge responsable au vu de la situation et des violences de samedi dernier. (photo Amnesty International)

Amnesty International Luxembourg préfère renoncer à sa marche aux flambeaux vendredi soir en raison des groupes extérieurs qui s’invitent à la fête. Une alternative a été trouvée.

Après les événements de samedi dernier, d’aucuns s’interrogeaient sur l’organisation de la traditionnelle marche aux flambeaux d’Amnesty International Luxembourg prévue vendredi soir.

Des mouvements opposés aux mesures sanitaires avaient donné rendez-vous à leurs partisans devant le siège de l’ONG pour le départ de leur cortège. Un mélange des genres malheureux au regard du contenu des messages comme du profil des participants.

«Nous avons eu des informations de sources multiples et nous savons que la marche sera rejointe par d’autres manifestants et des groupes de perturbateurs. C’est une situation que nous analysons depuis des jours, car c’est inédit pour le Luxembourg», explique le directeur d’Amnesty International, Olivier Pirot.

Finalement, l’ONG a préféré changer de programme. Plus question d’organiser une marche aux flambeaux, manifestation familiale et conviviale, qui risquait de dégénérer. À la place, Amnesty propose aux citoyens de sortir devant leur porte demain à 18 h, avec une bougie allumée, un briquet, n’importe quelle source de lumière pourvu qu’elle brille dans la nuit, pour marquer leur attachement aux libertés et aux droits fondamentaux.

Privé de marche aux flambeaux l’an dernier à cause des restrictions sanitaires, Amnesty avait consacré beaucoup d’énergie à l’organisation de l’événement cette année, avant de se résoudre à l’annuler à la dernière minute. «C’est une décision difficile mais responsable qu’on a prise en notre âme et conscience », nous confie Olivier Pirot.

Le directeur de l’ONG a encore en tête les scènes «effrayantes» de samedi dernier, les manifestants devant le domicile de deux ministres, «du jamais vu», et préfère jouer la carte de la sécurité.

«Notre volonté est de porter un message positif en faveur des droits humains et pas un message de contestation pas toujours audible et pas toujours acceptable», souligne le directeur, très agacé de voir comment ces mouvements extérieurs ont décidé de se greffer à la marche aux flambeaux.

La liberté d’expression, c’est le cœur de métier d’Amnesty International qui se réjouit que le droit de manifester soit une richesse du Luxembourg. «Ce droit s’exerce pacifiquement, mais dans le cas qui nous préoccupe, nous assistons à des discours très cristallisants avec des éléments très identitaires et nous ne sommes vraiment pas habitués à cela, ni du côté des citoyens ni du côté des autorités», observe Olivier Pirot.

Écrire pour soutenir

La marche aux flambeaux est donc remplacée par un événement en ligne. Les citoyens qui sortiront avec leur bougie allumée demain à 18 h sont invités à se prendre en photo. Ces clichés peuvent être publiés directement sur les réseaux sociaux en taguant Amnesty International Luxembourg ou envoyés par e-mail.

En complément, la section propose à ses soutiens de participer à «Write for Rights» en organisant une soirée d’écriture de lettres. «C’est important pour les gens emprisonnés comme Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne, qui a témoigné du bienfait que lui procuraient les lettres qu’elle recevait», illustre le directeur d’Amnesty Luxembourg.

Pour cela, Amnesty International fournit un kit d’action avec tout le matériel nécessaire pour s’informer sur les dix personnes et groupes mis en avant, écrire des lettres aux autorités et envoyer des messages de solidarité.

«On voulait célébrer l’attachement de la société luxembourgeoise au respect des droits humains et que ce message-là passe quand même», explique-t-il encore. Le directeur espère surtout que ce changement de dernière minute qui prive les sympathisants de la traditionnelle marche aux flambeaux sera bien compris par les citoyens et surtout que le soutien aux dix personnes «qui sont en danger» sera bien compris aussi.

«On nous a confisqué l’espace public», regrette le directeur en rappelant qu’Amnesty «veut être un acteur qui construit du positif par rapport aux droits humains».

Toute l’équipe compte sur la population au Luxembourg afin de quand même faire entendre un message en faveur d’un monde plus juste et notamment sa voix pour soutenir les dix défenseurs des droits humains en danger qu’elle met en lumière dans le cadre de sa campagne «Write for Rights».

Pour en savoir plus : amnesty.lu

Geneviève Montaigu

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