Vélo, boulot, dodo. Depuis le 15 mai, la 9e édition du challenge «Mam vëlo op d’Schaff» remporte un succès jamais atteint, avec déjà deux fois plus de participants que la précédente. D’ici la fin du défi, le 31 juillet, plus de 2 000 employés devraient y participer. Un chiffre qui tend à montrer que le vélo au travail se démocratise.
Dans les bureaux du Verkéiersverbond, rue d’Arlon, personne ne s’attendait à un tel succès. Le défi «Mam Vëlo op d’Schaff» 2016 explose tous les compteurs : « 50 % de participants en plus que l’an dernier, alors que les inscriptions sont encore ouvertes», sourit Gilles Dostert, le directeur général de la Communauté des transports. Concrètement, plus de 1 800 inscrits se sont dits prêts à enfourcher un vélo pour se rendre au boulot pendant 15 jours au moins, sur les deux mois du challenge.
«Mam Vëlo op d’Schaff» a débuté mi-mai. Il y a quelques jolis lots à gagner pour les équipes les plus régulières (le but est de se motiver entre collègues), mais ce n’est pas ce qui attire. Gilles Dostert voit d’autres facteurs, beaucoup plus réjouissants quand on favorise la mobilité douce, comme lui, depuis maintenant dix ans.
Meilleure coordination autour du vélo
« Nos efforts payent. Il reste encore un travail considérable à faire pour changer la mentalité « voiture à tout prix ». Mais la coordination entre les différents acteurs (maillage du réseau de bus, CFL, élus responsables des pistes cyclables, etc.) est de mieux en mieux huilée. Résultat, prendre le vélo pour aller au travail devient vraiment plus pratique. »
Et de citer quelques exemples phares : l’installation de huit mBox (parc à vélos sécurisé) dans les gares stratégiques du pays, l’impératif de penser à l’accessibilité pour les deux-roues à chaque nouvel aménagement (exemple à Luxembourg : le futur ascenseur du Pfaffenthal pour relier la vallée au Kirchberg), les nouveaux vélos électriques dans le sud du pays, les aides financières pour les communes qui relient leurs pistes cyclables au réseau national…
« Le challenge est un prétexte pour essayer d’aller au travail en vélo , reprend Gilles Dostert. Notre espoir est que le réflexe perdure. » À l’employé ensuite de jouer les promoteurs au sein de son entreprise. « À un moment donné, il faudra que le secteur privé bouge vraiment aussi, conclut le directeur. Un patron moderne ne demandera pas un parking pour voitures en premier lieu. Il fournira plutôt des casiers pour les affaires de ceux qui font du vélo, et même des douches sur place .»
Hubert Gamelon
Approche multimodale
Au Verkéiersverbond, personne ne dit qu’il faut tout faire en vélo. « Ce discours plaqué n’existe plus, sourit Gilles Dostert. Nous sommes dans une approche pragmatique. » Avant même l’enjeu écologique, il s’agit de désengorger le pays, qui accueille chaque jour 180 000 frontaliers. À ce jeu-là, tous les moyens sont permis. «Quand nous plaçons des box à vélos près des gares, c’est un message, explique le directeur de la Verkéiersverbond.
Prenez le train et le vélo, tout est mis à votre disposition!» Pour d’autres, ça sera train et bus, pour d’autres encore, parking relais de la «grande couronne» (futur PR de Rodange, de Junglinster, de Belval, etc.) et train. Pour d’autres encore, vélo pliant et voiture… Chacun sa route!
Ça roule au Quotidien !
On avoue : quand notre collègue Fabienne Armborst est venue nous trouver pour «Mam vëlo op d’Schaff », on est resté dubitatifs. Ce ne sont pas six petits mollets de journalistes (donc trois amateurs de vélo) qui vont inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. On s’est quand même inscrits, avec un nom tout trouvé : La Presse qui roule! Résultat, nous avons parcouru 127 kilomètres depuis le 15 mai, soit 40 trajets à trois. Avec une économie de 28,3 kg de CO 2 à la clef! Les petits ruisseaux font les grandes rivières : au niveau national, sur les 687 équipes inscrites, 29 500 kg de CO 2 ont été économisés pour le moment!
D’un point de vue pratique, quelques observations :
• Même avec les intempéries, il est possible d’aller au boulot en vélo. Il suffit d’assumer la remarque de son chef : «T’as pris ta douche habillé ce matin?»
• Le réseau CFL entre Esch-sur-Alzette et Luxembourg ressemble à un métro. Même pas besoin de regarder les horaires.
• Le quartier Gare de Luxembourg est particulièrement mal conçu pour les vélos.
• Le vélo permet de faire des économies substantielles sur le coût du parking en Ville (à l’année, autour de 1 000 euros) .