Cette semaine, la célèbre antiquaire Alexandra Morel, de l’émission Affaire conclue, était à Weiswampach pour estimer gratuitement les objets amenés par le public.
Les lèvres pincées, le cœur battant, Nicole et André attendent en silence le verdict de l’experte. Ils ont fait plus d’une heure de route pour que leur antiquaire préférée, Alexandra Morel, qu’ils regardent quotidiennement dans l’émission Affaire conclue, estime leur service en porcelaine de Limoges.
Mais au premier coup d’œil, celle-ci sait déjà que, produit en grande quantité, il n’est pas très recherché : «On ne dépassera pas une cinquantaine d’euros, même si ce modèle est particulièrement élégant», reconnaît-elle.
Le couple belge est déçu, mais peu importe, car c’est surtout pour le plaisir de rencontrer Alexandra «en vrai» qu’ils sont venus. Et ils repartent avec un petit conseil en prime : «Surtout, faites vivre vos objets, ne laissez pas ce beau service emballé dans un coin», glisse-t-elle dans un sourire.
Comme ces retraités, ils sont plusieurs dizaines à débarquer à la queue leu leu ce jeudi après-midi dans le hall de GoldField Auction à Weiswampach, les bras chargés de sacs et de cartons. Le propriétaire des lieux, Raphaël Remy, a organisé deux journées d’estimations gratuites auxquelles il a convié son amie Alexandra Morel.
Parmi les fans, Guy arrive de Maboge en Belgique, son vase Art déco signé Legras enfoui au fond d’un cabas. «Quelle est son histoire?», interroge-t-elle. «Il a été offert à mes parents dans les années 1950», explique le vieux monsieur.
Bonne surprise : les professionnels lui annoncent un prix de départ avoisinant les 300 euros. Affaire conclue! Guy a à peine le temps de saluer le duo que déjà les prochains participants prennent sa place.
Il s’agit de Danielle et Alain, venus d’Arlon, se définissant comme des «fous de brocante». Les voilà qui posent avec délicatesse un ancien mortier de pharmacien et son pilon, face aux spécialistes. Là encore, il suffit d’un instant à Raphaël Remy pour repérer une mauvaise copie d’un objet de style colonial : «Ça aurait été top si ça avait été vraiment d’époque», ironise-t-il, montrant au couple attentif les détails d’une patine artificielle. Leurs autres trouvailles – des assiettes décoratives, un miroir ancien et une pièce montée en broche – feront également chou blanc.
«Je ne m’attendais pas à autant»
C’est le jeu ! Et c’est aussi ça qui plaît à Alexandra Morel, qui baigne depuis toute petite dans l’univers des objets d’art grâce à des parents brocanteurs : «C’est une nouvelle chasse au trésor à chaque fois, on ne sait jamais sur quel objet on va tomber et c’est passionnant. Ce métier nous ramène à l’enfance», confie la marchande, en accueillant Jacques et Françoise qui arrivent de Wiltz.
D’imposants vases japonais, une collection de pipes anciennes, un baromètre insolite, des bouteilles en pâte de verre, un vase Gallé modifié, un plat avec décor à la mouche, des pendules : ces inconditionnels d’Affaire conclue semblent avoir mis toute leur maison dans le coffre de la voiture!
Ils ont hésité à participer à l’émission, mais «Paris, ça fait tout de même loin», soupire la dame. D’emblée, parmi tout cet étalage, Alexandra Morel repère un modèle de l’un de ses artistes préférés : «C’est un Camille Fauré», lance-t-elle enthousiaste, admirant l’œuvre de la période Art nouveau de cet émailleur de Limoges. «Ce sont des émaux sur cuivre, je connais par cœur, j’adore ! Avec un prix de départ de 500 à 700 euros, ça peut facilement doubler pendant la vente», prédit-elle, regrettant de ne jamais en avoir vu sur le tournage de l’émission.
Puis Françoise déballe une petite coupe qui fait briller les yeux des experts : «C’est la plus belle pièce qu’on ait eue aujourd’hui», tranche Raphaël Remy, tandis que sa complice manipule l’objet estampillé Daum.
«Il s’agit d’un décor de violettes émaillées qui est très apprécié. On peut partir sur 1 500 à 1 800 euros d’estimation et espérer bien plus», ajoute Alexandra Morel. «Je savais qu’ils avaient de la valeur, mais je ne m’attendais pas à autant», se réjouit Françoise, alors que les deux prestigieuses pièces seront proposées aux enchérisseurs lors d’une prochaine vente prévue en mars.
Des centaines de demandes par jour
Après avoir été marchand pendant une vingtaine d’années, Raphaël Remy, antiquaire spécialisé dans l’art asiatique et l’art africain, a ouvert sa propre salle des ventes au Luxembourg – GoldField Auction – il y a deux ans et demi, à Steinfort, avant de migrer plus au nord et d’installer ses lots dans un local plus adapté, à Weiswampach.
Une salle des ventes unique en son genre : «Tout se fait en ligne, on vend dans le monde entier, à travers huit plateformes différentes. On est les seuls à faire ça», lance celui qui a tenu plusieurs magasins et galeries par le passé en Belgique.
L’impact d’émissions télé comme Affaire conclue sur France 2, il le mesure tous les jours, alors qu’il croule sous les demandes : «Les gens ont découvert ce qu’était la brocante et ça a boosté la profession. Rien que cette semaine, j’ai reçu par mail près de 2 800 demandes d’estimation», confie l’expert.
Son dernier coup de maître : un vase chinois datant du XVIIIe siècle, repéré chez un particulier, puis vendu 79 000 euros en mars dernier à un enchérisseur asiatique.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.