L’été dernier, Oliver Waldbillig a traversé la Belgique à pied jusqu’aux plages de Knokke : une aventure rude mais enrichissante que cet ex-gymnaste compte renouveler.
Il y a un an, juste après le premier confinement, Oliver Waldbillig s’est lancé un défi un peu fou : partir en vacances sur la côté belge à pied, son sac sur le dos. Une initiative qui n’a pas tellement surpris ses proches, qui connaissent son goût pour le challenge et les projets à contre-courant : «J’ai toujours des idées un peu folles», reconnaît-il volontiers.
«Faire une longue marche, ça me trottait dans la tête depuis un certain temps», raconte le jeune caméraman pour le cinéma, reconverti en coach sportif ces derniers mois, en attendant la reprise des tournages. «J’avais fait pas mal de randonnée dans la forêt pendant le confinement, et j’avais envie de changer d’air aussi, je me suis dit que c’était le bon moment», ajoute-t-il.
Ni une ni deux, ce grand sportif – Oliver a aussi pratiqué la gymnastique artistique à haut niveau – se fixe un programme d’entraînement intensif pour se préparer au mieux, lui qui a souffert d’une grave blessure au pied par le passé.
Quant à la destination, pas d’hésitation : il veut aller à la plage, et il connaît déjà la côte belge, ce sera donc Knokke. Engagé pour la cause environnementale, le trentenaire souhaite y associer son expérience et ainsi faire passer un message : «On n’a pas besoin de prendre l’avion trois fois par an pour passer des vacances qui sortent de l’ordinaire. Au Luxembourg, on a cette habitude, et peut-être est-il temps de concevoir ses voyages autrement», propose-t-il.
Après une planification précise de son périple, une série de réservations dans des campings, et deux mois de préparation physique, c’est le jour du grand départ. Il quitte son appartement de Lintgen le 5 août 2020, fin prêt, en emportant le minimum : «Dans mon sac, j’avais ma tente, mon sac de couchage, un réchaud, un Camelbak et quelques vêtements», poursuit-il.
Mais dès les premières journées, Oliver déchante : on est en pleine canicule, les températures grimpent au-delà de 35°C et battent même un record historique en Belgique ! «C’était extrêmement dur. Des heures en plein soleil, je buvais jusqu’à 10 litres d’eau par jour. Mon plan n’était pas exact : chaque jour, je parcourais plus de distance que prévu, soit entre 30 et 35 kilomètres au total, et mon pied me faisait souffrir. Je ne dormais presque pas à cause de la chaleur… Je pensais vraiment avoir atteint mes limites», confie-t-il.
«Je n’aurais jamais supporté d’abandonner»
À bout de force, il finit par baisser les bras avant d’atteindre Namur et appelle sa petite-amie pour qu’elle vienne le chercher. Ce retour à la case départ est un crève-cœur pour ce compétiteur dans l’âme. La nuit passe. La météo des jours à venir s’annonce plus clémente. Il n’en faut pas plus à Oliver qui tourne dans l’appartement comme un lion dans une cage : «Je n’aurais jamais supporté d’abandonner. J’ai sauté dans le premier train pour Bruxelles et j’ai repris ma route.»
Les conditions, nettement meilleures cette fois, lui permettent de progresser plus sereinement : «J’avais passé les Ardennes, donc le terrain était plus plat. Les températures étaient aussi beaucoup plus supportables, et les étapes, moins longues.» Tout au long du chemin, le marcheur se nourrit de la production locale qu’il déniche dans des supérettes et réalise des petites vidéos qu’il poste sur sa page Facebook où des centaines de personnes l’encouragent. En parallèle, il lance un appel au don en faveur de la Fondation Hëllef fir d’Natur (lire encadré) pour concrétiser davantage sa démarche «zéro empreinte carbone» et «zéro déchet».
Sept jours plus tard, les orteils dans le sable, il savoure son arrivée à Knokke comme une victoire : «J’étais heureux», commente-t-il simplement. Au programme, trois petits jours de farniente avant de repartir dans l’autre sens. Sa copine vient le rejoindre le temps de cette pause bien méritée, mais déjà, le ciel se charge de nuages.
Ainsi, au moment de prendre la route du retour, c’est le froid qui le transperce : «Je n’étais pas équipé pour. Je passais la journée sous la pluie, et je n’avais aucun moyen de me sécher le soir venu.» Après douze jours d’efforts, c’est sous les applaudissements de sa famille et de ses amis qu’il boucle finalement pour de bon son aventure.
Loin de l’avoir découragé, cette expérience a, au contraire, renforcé l’envie d’Oliver de se fixer de nouveaux objectifs : «J’ai besoin de challenge pour sentir le plaisir de vivre», affirme-t-il avec des yeux qui brillent. «Aujourd’hui, j’ai envie de repartir, d’accomplir quelque chose de différent. Je réfléchis à un projet en kayak.» Nul doute que les internautes seront de nouveau au rendez-vous pour suivre sa performance.
Christelle Brucker
Un marcheur au grand cœur
Dans le cadre de son projet, Oliver Waldbillig avait lancé un appel au don via sa page Facebook «Zu Fouss bis op d’belsch Plage» dans le but de soutenir une association œuvrant pour la défense de la nature et de l’environnement au Luxembourg. Les internautes et les proches du jeune sportif se sont mobilisés pour manifester leur soutien et c’est plus de 2 600 euros qui ont été récoltés en quelques semaines.
Le 17 mai, Oliver s’est donc rendu dans les locaux de la Fondation Hëllef fir d’Natur de natur&ëmwelt afin de remettre un joli chèque de 2 000 euros à l’équipe. Une somme qui financera la plantation d’arbres et de haies sur le territoire du Luxembourg afin de préserver la biodiversité.
Le reste de la somme, destiné au départ à financer une partie de l’équipement du marcheur, a finalement été versé à une cause qui lui tient également à cœur : la campagne Leave No One Behind menée par plusieurs ONG et associations dont le but est de porter secours aux migrants en Europe.