La première commune portugaise du Luxembourg dit non à 72,8%.
Larochette, 648 inscrits pour 2 200 habitants. Larochette, 48% de résidents portugais. Larochette, 72,8% de votes en faveur du non. Comment une commune pareille a pu massivement dire non au droit de vote des étrangers ? Sur le terrain, dès la fin de matinée, la réponse était jouée : les binationaux interrogés – eux peuvent voter – se sont tous prononcés en faveur du non. Donc, les Portugais eux-mêmes !
«On aime le Luxembourg, on sait tout ce qu’on doit à notre terre d’accueil. Mais c’est à eux de diriger le pays, pas nous», résume un vendeur de grillades. «Eux». Clairement pour une majorité de Portugais, le Luxembourg est aux Luxembourgeois. Les Portugais constituent une communauté à part qui «doit se montrer respectueuse et être respectée, c’est tout», dixit le marchand.
Des binationaux votent non
Un jeune homme en terrasse abonde dans le même sens. Détenteur des deux nationalités, il a lui aussi voté non. «Moi au Portugal, je n’aimerais pas qu’un non-Portugais dirige le pays.» Mais lui est bien luxembourgeois aussi, puisque binational ? «On s’intéresse à notre vie au niveau local. C’est très bien que tous les étrangers puissent voter aux communales, binationaux ou non. Mais les « hautes décisions », ce n’est pas à nous de les prendre.»
Étrange. Surtout quand le voisin de table, un soudeur qui n’a pas la double nationalité, ne demande que ça de pouvoir voter ! «Je n’ai le droit de m’expliquer qu’aux élections municipales, pas aux législatives… Ça n’a pas de sens.» Plus loin, deux Luxembourgeoises annoncent qu’elles ont voté oui. Avec un bémol : «Il faut que les Portugais fassent un effort sur la langue quand même.»
Bref, comme si dans cette ville symbole de la mixité, la sauce n’avait pris qu’à moitié.
Hubert Gamelon
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