Un pot de bienvenue aux migrants a été organisé vendredi par trois Eschois. Une centaine de citoyens, rassemblés grâce à Facebook, ont répondu présent.
De la plume à l’action. C’est la volonté qui a animé trois journalistes du Tageblatt, « autour d’un café lors d’une pause », sourit Christian Muller. À force d’être plongés dans l’actualité, avec son lot quotidien de migrants qui fuient la guerre ou la misère, les trois collègues ont eu envie d’agir, à leur niveau, « celui de citoyen ».
Forts de leurs contacts au foyer d’hébergement d’Esch-sur-Alzette (qui n’accueille pas que des migrants), ils ont organisé, vendredi, un pot informel de bienvenue, une rencontre sympathique entre habitants et réfugiés. « Nous voulions que les gens puissent se parler, sans discours politique ou prise de parole officielle. La commune n’a fait que nous prêter la salle », souligne Christian Muller. C’est donc sous les lustres de la salle du conseil que s’est tenue la petite fête. Et comme dans n’importe quelle fête, quand les gens ne se connaissent pas, le premier contact n’est pas le plus évident.
Briser la solitude de l’exil
Au début, des groupes de demandeurs d’asiles se sont formés à côté des groupes d’Eschois. Puis la glace s’est brisée. En anglais, en français, en luxembourgeois, chacun a pu raconter son histoire ou dire «welcome» de vive voix. « Beaucoup de réfugiés sont venus, vous voyez, c’est le genre de moment que nous aimons bien, explique un Syrien, présent depuis cinq ans à Esch-sur-Alzette. Moi je connais du monde, je parle même français et luxembourgeois. Mais pour les migrants fraîchement arrivés, c’est dur. »
L’exil, le déracinement, les chambrées étroites de l’accueil d’urgence… Certes, chacun sait ce qu’il doit au Luxembourg ici. « On se sent enfin en sécurité », résume un Syrien arrivé en août. Mais la nourriture et la paix ne sont pas une fin. L’isolement guette. Surtout, beaucoup de demandeurs d’asile avaient une place dans la société avant, notamment les Syriens. « J’étais technicien dans un cabinet dentaire, lâche un homme d’une trentaine d’années dans un anglais parfait. Je suis pressé de recommencer une nouvelle vie. Je sais que les gouvernements européens sont surchargés avec les derniers flux, mais j’espère obtenir rapidement le droit de travailler. »
Il mime le geste de quelqu’un qui se repose. « Ça ne m’intéresse pas de rester comme ça, vous comprenez? » Une boîte à idées était disposée dans un coin de la salle. Qu’en sortira-t-il? Peu importe pour le moment, car la rencontre était déjà belle.
Hubert Gamelon
« Se montrer tolérant »
Parmi les participants, chacun avait ses raisons. L’envie de mettre des visages sur l’actualité, tout d’abord. L’envie de montrer aux migrants, aussi, que la société civile peut être accueillante. Ainsi de ces jeunes scouts eschois, venus en petit groupe « montrer que nous sommes tolérants. Beaucoup de gens sont contre l’accueil des migrants, mais on ne doit pas retenir que ça. » On sentait un malaise par rapport à la crise, une honte presque, de porter l’image d’une Europe frileuse face à des peuples qui se retrouvent dans le dénuement.