Le hamburger-frites a créé un vrai tsunami gastronomique en arrivant dans le pays en 1968. Le premier fast-food, Wimpy, a été ouvert par Jean-Marie Scholer qui revenait des États-Unis.
Le hamburger est partout, même les restaurants les plus chics l’ont adopté. Tellement partout que l’on a oublié qu’un jour, il y a 50 ans, c’était une révolution gastronomique dans le pays. Au Grand- Duché, c’est un homme, Jean-Marie Scholer, qui a apporté le concept du fast-food en 1968, après avoir vécu aux États-Unis, il a senti la tendance, se rappelle son fils. Issu d’une grande famille d’entrepreneurs, à l’origine notamment du fameux magasin Monopol, il a créé la société Happy Snacks pour ouvrir des franchises de fast-food dans son pays natal.
«Je pourrais vous parler des fast-foods pendant des heures», sourit Antoine Scholer, l’un de ses deux fils, le principal actionnaire de Happy Snacks et l’un des deux dirigeants actuels. Bien plus qu’un businessman, c’est un passionné et une encyclopédie ouverte du fast-food luxembourgeois, son père lui a transmis le virus.
«On ne va pas manger là, c’est mauvais pour la santé»
Pour lui, les premiers effluves des hamburger-frites sont ses madeleines de Proust, des souvenirs qui le renvoient à son enfance, lorsque son père Jean-Marie Scholer ouvre le premier Wimpy place de Paris. Il avait alors 7 ans. Il se souvient des phrases acerbes des nombreux détracteurs du projet : «On ne va pas manger là, c’est mauvais pour la santé.» Tout comme le concept de libre-service dans les supérettes a eu du mal à être accepté avant de bouleverser les mœurs, la restauration rapide faisait peur.
Pourtant, Jean-Marie Scholer était sûr de lui. «Mon père disait : si les Français mangent ça, alors les Luxembourgeois vont y venir aussi. C’était un pari osé», salue son héritier alors qu’il aurait pu se contenter de surfer sur le succès familial des Monopol, mais l’homme n’a jamais eu à regretter son audace.
«Les gens de bureau ont adopté la formule tout de suite»
Parti faire ses études aux États-Unis, Antoire Scholer revient au pays en 1983 et suit les traces de son père en ouvrant le premier Quick du pays place d’Armes. «C’était aussi une révolution, il n’y avait plus de service à table, rappelle-t-il. Les produits sont préemballés et les gens mangent avec les mains. Ça a très bien marché tout de suite. Ce sont surtout les gens de bureau qui ont adopté la formule tout de suite. C’était moderne et rapide. La pause s’est également réduite à une heure pour les banques et les employés n’avaient plus le temps de s’installer deux heures pour déjeuner.»
Rapidement, le secteur est devenu très concurrentiel avec les géants Burger King ou McDonald’s. «Il se divise en deux catégories, les premiers ont des prix très abordables et des produits un peu bas de gamme. Les seconds sont destinés à une clientèle plus aisée, comme Five Guys (ouvert en 2018 près de la gare de Luxembourg) qui utilise des produits frais. Les gens adorent les hamburgers», analyse le passionné de restauration rapide.
Audrey Libiez
Retrouvez notre dossier complet sur les 50 ans du fast-food au Luxembourg dans notre édition papier de mercredi.