Accueil | JO-2024 | [Jeux paralympiques] Pour les parasportifs, pas de problème pour changer de discipline

[Jeux paralympiques] Pour les parasportifs, pas de problème pour changer de discipline


Le Britannique Jody Cundy est passé avec succès de la natation au cyclisme. (Photo AFP)

Passer du cécifoot au triathlon, de la natation au vélo ou des Jeux d’hiver à ceux d’été : changer radicalement de discipline n’est pas un phénomène isolé chez les athlètes qui participent aux Jeux paralympiques de Paris, et peut même mener à l’or.

Des pistes de ski à celle du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines : la trajectoire de la Canadienne Mel Pemble peut surprendre, même si les deux disciplines ont en commun la vitesse et la recherche de la position aérodynamique parfaite. Pour l’athlète de 24 ans, atteinte d’une paralysie cérébrale affectant son côté droit, la décision de changer de sport a été prise sans regret. Elle avait été repérée par la fédération de cyclisme dès ses 14 ans.

«En tant que skieuse, je n’ai jamais été très bien classée. À 17 ans, j’étais une athlète très différente. Le simple fait de participer aux Jeux de PyeongChang (NDLR : en 2018, dans cinq épreuves différentes) était un rêve. Ici, je me bats pour une médaille», a-t-elle déclaré. La quête de Mel Pemble a toutefois échoué pour moins de trois dixièmes : bien qu’elle ait battu le record du monde en qualifications, elle a terminé quatrième sur le 500 mètres C1-C3.

Le Britannique Jody Cundy, 45 ans et médaillé à chaque édition paralympique depuis 1996 en natation puis en cyclisme sur piste, a aussi expliqué son changement de voie au journal anglais The Guardian par le fait qu’il n’avait «jamais été un nageur doué». Sa compatriote Sarah Storey, qui a gagné hier un 18e titre paralympique, a suivi le même parcours.

Pour les fédérations, l’enjeu de la détection est primordial tant les blocages existent pour que les personnes en situation de handicap fassent du sport et a fortiori au plus haut niveau. Attirer des personnes performantes dans les catégories de handicap définies au niveau international n’est pas facile. La fédération de handisport française a par exemple en tête de surfer sur les performances des frères Alex et Kylian Portal en natation pour constituer un relais dans les catégories déficient visuel.

De multiples exemples

Mais il reste à trouver deux nageuses «dans la bonne catégorie et avec le niveau nécessaire», a souligné Guillaume Domingo, le manageur de la performance de l’équipe de France de para-natation, après le podium commun des frères dimanche. Le Comité paralympique et sportif français a mis en place depuis 2019 un programme, la Rélève, pour «détecter» les personnes «de 16 à 35 ans qui auraient un potentiel de performance dans un ou plusieurs sports paralympiques». Ces détections permettent de tester des sports radicalement différents et qui ne seraient pas venus en tête des champions en devenir.

Des fédérations ont devancé ce processus : «Mon frère m’avait proposé de faire mon premier triathlon en 2018. J’ai rencontré quelqu’un de la fédération qui m’a dit qu’il y avait des détections», a indiqué Thibault Rigaudeau dans le podcast Le Vestiaire. Bien lui en a pris : il est devenu champion paralympique à Paris lundi. Sa première vie de sportif déficient visuel fut au cécifoot, jusqu’à intégrer l’équipe de France. Mais une blessure aux ligaments croisés en 2014 et l’appréhension face aux chocs possibles lors des matches l’ont poussé à s’en écarter.

«La transition est vraiment dure»

Certains athlètes sont même de véritables jongleurs, passant en quelques mois d’un sport à un autre, telle l’Américano-Ukrainienne Oksana Masters, qu’on peine à qualifier tant son pedigree est varié et riche en médailles : elle n’a raté qu’un seul des Jeux, hiver comme été, depuis Londres en 2012, pour 18 médailles. «Je ne savais pas que j’allais participer à tant de sports différents, ni même que les sports que je pratique existaient! J’ai eu le coup de foudre pour l’aviron et, lorsque je me suis blessée au dos en 2013, j’ai pu essayer le cyclisme. Je ne veux pas vivre en regrettant de ne pas avoir essayé», avait-elle expliqué en avril.

Mais pour celle qui a dû être amputée des deux jambes après des malformations à la naissance, «la transition est vraiment dure, je dois changer mon corps» entre deux disciplines. Avec succès à Paris, où elle a remporté pas plus tard qu’hier un huitième titre (5 en hiver, 3 en été) dans le contre-la-montre H4-5.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.