L’équipe de France de para-cyclisme est sortie du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines dans les clous de ses ambitions et avec le plein d’émotions, mais va devoir être à la hauteur des attentes lors des épreuves sur route qui débutent mercredi.
Alors que Marie Patouillet se remettait doucement de son coup de chaud consécutif à l’or décroché lors de la poursuite dimanche, l’entraîneur des Bleus Laurent Thirionet se tournait déjà vers la suite de ces Jeux paralympiques: « L’histoire n’est pas finie, on a la route qui arrive. » Trois jours pour récupérer, d’abord, et faire la transition, ensuite, vers le cyclisme sur route et ses spécificités. Avant ces Jeux, le technicien avait placé la barre haute, et ne changeait pas de cap après les quatre journées passées sur la piste et les sept médailles remportées.
« Moins de 20 médailles, ce serait toujours une déception, mais là, si on ne fait pas 20 médailles, c’est qu’on a eu dix chutes, 12 crevaisons et quatre gastros », souriait-il. Une succession de cataclysmes qui n’a pas eu lieu au vélodrome. Ses ouailles ont ramené trois titres, par Alexandre Léauté, Dorian Foulon et donc, Marie Patouillet. Des ors auxquels il faut ajouter deux médailles d’argent et deux en bronze.
« On a un effectif de gagnants, ça gagne beaucoup ça fait des médailles, il y a quelques déçus mais on sait que ces déçus, la semaine prochaine… », prédit Thirionet, en citant comme exemple l’ancien professionnel Kévin Le Cunff, deux fois quatrième sur la piste.
« Revanche à prendre »
« Sur la route, ses adversaires ne vont pas faire un pli, j’aimerais pas être eux », annonce le technicien, qui prévient: « Dans la course sur route, quand il aura décidé de partir dans la bosse, il partira. » Et pour le coureur de 36 ans ayant deux pieds-bots, auteur d’une belle carrière chez les valides avant de se tourner vers le parasport, la route arrive à point nommé.
« Ca fait deux olympiades et quatre médailles en chocolat, ce n’est pas une discipline pour moi », lançait, fataliste, Le Cunff dimanche, avant d’ajouter: « Je n’ai plus envie de revenir dans un vélodrome, je suis un mec de dehors, je serai mieux dehors. » Il l’avait prouvé en remportant la course en ligne C4-C5 à Tokyo en 2021, et tentera de rééditer la performance vendredi matin, ainsi que lors du chrono mercredi, sur le parcours tracé en Seine-Saint-Denis.
L’autre déçue du vélodrome, la jeune Heïdi Gaugain, grand espoir du cyclisme français à 19 ans, se montrait inconsolable après sa deuxième place derrière Patouillet dimanche. Mais, le visage encore rougi par les larmes, Gaugain se tournait déjà vers le chrono prévu mercredi.
Un casse-tête logistique de taille
« Il n’est pas temps de se morfondre, il est temps de penser déjà à la route, ça arrive mercredi donc c’est très rapide. J’aurai une revanche à prendre sur la route », assurait la jeune femme née sans avant-bras gauche.
La journée de mercredi s’annonce d’ailleurs plus qu’intense pour la délégation française, puisque les épreuves de contre-la-montre de toutes les catégories sont programmées le même jour. Le casse-tête logistique est de taille pour le staff.
« Ca va être une dure journée parce qu’on a 16 personnes qui vont faire le chrono », soufflait Laurent Thirionet, avant de se projeter avec gourmandise vers ces quatre jours et leur potentiel de médailles. Florent Jouanny en handbike, ainsi que les médaillés de la piste Foulon et Léauté sont parmi les plus grandes chances françaises de sacre.
« Si tout se passe comme prévu, (…) les médailles vont s’enchaîner, et ce ne sera pas une médaille d’or par jour, mais parfois deux ou trois dans la journée! »